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“U
N
MONUMENT
D
ATROCITÉ
ET
DE
RIDICULE
,
QUI
REND
TOUT
À
LA
FOIS
L
HUMANITÉ
SI
ODIEUSE
ET
SI
À
PLAINDRE
(D’Alembert)
53
[EYMERICH (Nicolau)].
Le Manuel des inquisiteurs,
à l’usage des inquisitions d’Espagne &
de Portugal ou Abregé de l’ouvrage intitulé : Directorium inquisitorum, composé vers 1358 par
Nicolas Eymeric, grand inquisiteur dans le royaume d’Arragon. On y a joint une courte Histoire de
l’établissement de l’inquisition dans le royaume de Portugal, tirée du latin de Louis à Paramo.
Lisbonne
[Paris],
1762.
In-12, broché, sous chemise-étui moderne.
Édition originale.
Traduction de l’abbé Morellet de cet abrégé du
Directorium inquisitorium
rédigé au XIV
e
siècle par
Nicolau Eymeric et continûment imprimé depuis 1501. Elle a paru avec un très grand succès l’année
même du supplice de Calas à Toulouse.
Quatre ans plus tard, en 1766, l’abbé Morellet publiait une traduction du réquisitoire de Beccaria
contre la torture,
Dei delitti e delle pene
(cf. nº 5).
Un manuel des inquisiteurs à l’usage des philosophes.
Surnommé l’abbé “Mords-les” par Voltaire et D’Alembert, André Morellet (1727-1819) découvrit lors
de son voyage à Rome en 1758 un exemplaire de l’édition de 1578 du
Manuel
d’Eymerich. “Cette
lecture me frappa d’horreur, rapporta-t-il plus tard dans ses
Mémoires
; mais c’était un in-folio énorme
qu’on ne pouvait faire connaître que par échantillon. J’imaginai d’en extraire, sous le titre de
Manuel
des inquisiteurs,
tout ce qui me paraissait le plus révoltant ; et avec un peu de peine, je vins à bout de
donner un corps et une forme à toutes ces atrocités éparses. Je les rangeai selon l’ordre de la procédure,
en commençant par l’information, et finissant par l’exécution des condamnés. Je m’interdis toute
réflexion, parce que le texte seul suggérait assez celles que j’aurais pu faire.”
En préface à la récente réédition de la traduction de l’abbé Morellet, Jean-Pierre Guicciardi fait observer
que si les éditions des manuels d’inquisiteurs furent très nombreuses aux XVI
e
et XVII
e
siècles, elles
étaient toujours en latin, “la langue des clercs et des savants, incompréhensible au plus grand nombre.
Pour la première fois, voici qu’un de ces ouvrages était livré au public sous une forme abrégée, donc
facilement accessible, et en langue vulgaire ; un véritable
dévoilement
.”
En mars 2000, le pape Jean-Paul II a solennellement demandé pardon pour les crimes et les horreurs
perpétrés par l’Inquisition.
Plaisant exemplaire conservé tel que paru.
(Caillet, 7745.- Morellet,
Abrégé du Manuel des inquisiteurs,
2000 : introduction et notes de Jean-Pierre
Guicciardi.- Vekene,
Bibliotheca bibliographica historiae Sanctae Inquisitionis
I, 1982, n° 220.)
600 / 800
Un disciple hollandais de Beccaria
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FIERLANT (Goswin de).
Observations sur la torture.
Sans lieu ni date
[1771].
In-folio de 42 pp. : demi-maroquin noir à coins, dos lisse, non rognée, tête dorée
(Alix).
Première édition, d’une grande rareté.
Président du plus important Conseil de justice des Pays-Bas, grand conseiller de Malines, Goswin de
Fierlant (1735-1804) fut un fervent défenseur des idées de Beccaria. Il prône ici l’abolition des sévices
infligés aux accusés pour obtenir des aveux de même qu’aux délinquants en guise de châtiment. La
torture devait être abolie dans les Pays-Bas autrichiens sous Joseph II en 1784.
Quelques petites restaurations de papier, sinon en très bon état.
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