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LAMARTINE (Alphonse de, 1790-1869).
2 lettres autographes signées
“Lamartine”, Milly 4 et 12 novembre 1830, à Louis Aimé-Martin.
2 et 3 pages in4, une adresse.
Belles lettres à propos de son ode
C
ONTRE
LA
PEINE DE MORT
.
4 novembre
. Il vient de griffonner son “ode au peuple (...) avec un grand enthousiasme pour tâcher de
mettre mon grain de sable dans la balance de l’honneur et de l’humanité”. Il souhaite qu’Aimé-Martin
la lise, ainsi que M. Lainé et autres “amateurs de vers et de bons sentiments”, afin qu’on lui dise si
elle mérite d’être imprimée... “Si M. Lainé la trouve digne priez-le de la lire à Mme de Montcalm
et d’avoir aussi son avis sur quelques expressions lancées dans la verve bouillante et qui pourraient,
peut-être, paraître trop amères sur les rois tombés. Une femme d’esprit sent à merveille ces nuances
d’opinion et de sentiment royaliste que je ne voudrais pas blesser, même dans un but louable et utile”.
Il est prêt à faire quelques corrections avant de la donner à tous les journaux qui voudraient l’insérer et
à l’éditeur Gosselin pour une publication in8. “Si vous la trouvez médiocre, brûlez la de même tout de
suite”... Il suggère donc des modifications pour deux vers qui pourraient être jugés trop forts par Mme
de Montcalm, puis ajoute : “mettez mon nom en toutes lettres à la pièce”.
12 novembre
. Il accepte l’arrêt rendu par Aimé Martin sur son ode : “brûlez la sans pitié. Je ne voudrais
pas qu’elle parut ainsi. Ce que j’en apprends de quelques amis royalistes me fait arrêter définitivement
la même chose”. Il suggère à nouveau quelques modifications et ajoute deux strophes :
“Peuple, diront-ils : Ouvre une ère
Que dans ses rêves seuls l’humanité tente !
Proscris des codes de la terre
La mort, que le crime invente ! (...)
Les rois ont inventé les lois et le supplice
Le Peuple inventa la vertu !”...
Il répète qu’il ne faut rien imprimer sans qu’il ait revu la copie : “tout le reste n’existe pas. Je ne ratifie
pas votre opinion sur la strophe Chénier, ni le doigt réduit en poudre. Mettez le
bras
mais on sent bien
que c’est réduit en poudre aussitôt que posé”. Il demande ensuite un prêt de 2000 francs pour 6 mois,
à un taux de 5%, avant de donner des nouvelles de Saint-Point où il vient d’acheter des vignes et des
chaumières, “à tout risque des événements. Je les crois horribles mais pas durables. Je n’ai pas vos idées
sur le peuple, je le crois
inclément
, ni bon ni mauvais, vague ou miroir selon le vent”...
Ancienne collection du bâtonnier Pierre-Antoine
P
ERROD
(4-5 juillet 2001, n° 406)
.
1 200 / 1 500
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