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[DESSINS DE PRISONNIER]. MARCEL (Jules).
Ma Vie…
Jeunesse et 30 ans.
Sans lieu ni date
[vers 1931-1933]. Manuscrit illustré, un cahier
in-8 de (8) ff., couverture de papier bleu.
Si jentreprends d’ écrire ma vie, ce n’est pas qu’elle est été Bien Honorable. Tout d’abord, ma jeunesse n’a pas été auprès d’une mère. Je n’ait pas connue les
caresses qu’un autre enfant et comblé auprès de la maman. Mais si je transcris mes souvenis cest
que la plupart de ceux que je vais vous dirent sons restés
innefaçables en moi.
Né à Saint-Etienne le 17 décembre 1901, Jules Marcel a été condamné par la cour d’assises de la Loire à cinq ans d’emprisonnement et à la relégation
pour vol qualifié, le 26 mai 1931. C’est à cette date, ou peu après, que le prisonnier entreprend le récit de sa vie misérable : “L’horphelinat, la maison
de correction, puis le service militaire au quatre coins du monde, a l’abri du chiffon au trois couleurs. Puis le retour au foyer. 7 années de séparations,
sept ans sans repos, ma famille qui avait beaucoup changés après si longtemps. Mais pour moi ces sept années avais laissés les marques d’un chagrin
profond. (…) Torture, haine, vengeance, et tout ce qui suit, malgrés mes lointains voyages (…) en Perse, au Japon, Tonkin, Cochinchine, Annam
(…), Algérie, Congo, Guyane anglaise, Guyane française.”
Le “Bat d’Af ” se dit père de deux enfants et fils d’un mutilé du travail âgé de 67 ans. En 1908, il a été confié à l’orphelinat municipal de Saint-Etienne
puis, en 1911, aux sœurs de la Charité. Il en retient “une indigestion de catéchisme” et “des leçons gratuites sur le vice surtout”.
Lorsque son père s’est installé à Lyon comme commerçant, il le rejoignit. Mais, pour le vol de deux oranges, il fut confié en 1915 à la Société de
Sauvegarde de l’enfance à Brignais, à quelques kilomètres de Lyon : “Société d’abrutissage de l’enfance. (…) Ecole de vol, d’assassinat, de prostitution,
et école de futurs échantillons pour faire manger les juges. Vrai laboratoire de jeunes gens ou les enfants sont
étiquettés
comme les Bocaux dans une
Pharmacie. Ici 1082 Mauvais caractère, le 1083 c’est une femme, le 1084 c’est un dangereux, et le 1085 Qu’est-ce que c’est… n’approchez pas il vous
mordrais.”
“M'sieur le directeur” n’est pas épargné : “Il est enragé… Il a mangé un canard avec ses plumes (…) La plupart avais peur de ce monsieur gros et gras
et qui criais tout au long de la journée”, tout comme les policiers, et autres juges qu’il rencontrera durant son enfance. Il s'évade avant d'être repris.
On retrouve dans son récit des quartiers lyonnais fameux : la Croix-Rousse, Gerland, l’Hôtel Dieu, le lycée Ampère…
Son récit se termine en 1915, par la course poursuite précédant son arrestation : “Et alors il comprenne peut être un peu tard que le petit Jeune Homme
leur a joué un tour sans pareille, et qu’ il est difficile, même aujourd’hui de se saisir d’un petit garçon qui a l’air très aimable et gentil tout à la fois.
Mais qui est cependant averti… A suivre”.
La première de couverture est illustrée de fleurs et de deux serpents encadrant le titre Mémoire.
La page de titre,
Ma Vie… Jeunesse et 30 ans
, est illustrée de différents portraits, dont le sien semble-t-il, légendé “relégué jamais innocent”, en dessous
duquel du pain, de l’eau et un rat sont décrits comme des “camarades”. On y voit également le “Chevalier de la Pince Monseigneur” et “une joyeuse
buveuse de plaisir et offrant ses f…… à tous ces amants qui daigne l’aimer un instant”.
La quatrième de couverture est illustrée d’une main écrivant à la plume : “Marcel condamné par la Cour d’Assises de la Loire à la peine de cinq ans
(…) le 26 mai 1931 pour vol qualifié. Le procureur de la République Française”.
Témoignage remarquable.
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