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[DESSINS DE PRISONNIER]. OLLIER (Elie).
Carnet de dessins.
1940-1941
.
In-12 oblong (16 x 24 cm) de 10 ff. : broché, couverture muette.
Poignant témoignage du détenu Elie Ollier, de la prison Saint-Paul, depuis sa capture le 5 février 1940, jusqu’au 31 janvier 1941,
date vraisemblable de sa sortie.
Il est composé de 10 feuillets contenant 17 dessins à l’encre noire, dans lesquels on notera l’importance des petits détails ; un calendrier regorgeant
de petites illustrations, sous forme de tableau intitulé
Mon Calendrier 1940 Année de malheur
, avec le décompte des jours passés en prison. Le
dernier feuillet, coupé, contient les mêmes éléments que le calendrier, présentés sous forme de petit journal intime, mois par mois, légèrement
plus détaillés.
Le dessin, assez naïf, est un précieux témoignage des conditions d’incarcération de l’époque. D’une manière chronologique, il brosse, dans les
premières pages, les portraits de “bons vivants” sans doute rencontrés avant son incarcération. Puis viennent les scènes de prison, les prisonniers
ayant tous le même visage, crânes rasés ; des scènes d’infirmerie, les cellules, le réfectoire, etc. Certains dessins portent des légendes, ou des
dialogues, dont voici quelques exemples :
“L’Infirmière. – Voilà un malade qui a été opérer du coccyx.
Le Malade. – Le Voilà Docteur.
Le Docteur. – Faites le montèr en épingle à cravate.”
“Atelier de la Paille.”
“Le Mitard. Une boule par jour et une gamelle tout les 4 jours”.
“La Fouille.”
Dans ces dessins, tout comme dans son calendrier et dans les quelques lignes sous forme de journal, transparaissent les émotions du prisonnier :
la nostalgie, l’espoir, le doute, le remord, le découragement...
Grâce au
Calendrier 1940
, on apprend quelques bribes d’information sur son séjour carcéral vraisemblablement entre les prisons de Saint-Paul et
Saint-Joseph à Lyon, où il rencontra le Docteur Lacassagne, et la Maison centrale de Riom :
“Février : Danger du cambriolage. Le 5.2, les menottes, le 6 et le 7, le passage à tabac, deux fois par jour, à coups de matraque, à la Sureté. Vivement St
Paul. Le 8, Cellule H.83. Tout seul. Pleurs, regrets, pense à ma mère. Songe aux beaux jours passés. Courage en pensant à la fuite.”
On retrouvera de manière récurrente, dans son tableau et dans quelques-uns de ses dessins, les initiales V.L.F., signifiant probablement “Vivement
la fuite”.
“Pour la 1
ère
fois je suis Sali”, “prends courage”, “ la classe viendra”, “Novembre : Du ski derrière les barreaux”.
Son journal se termine par ces phrases
“Voici le prix du cambriolage d’une buvette ! On ne recommencera plus !”
.
Elie Ollier offrit ce carnet de dessins à Jean Lacassagne, avec un envoi à l’encre signé, curieusement daté du 1
er
août 1940 :
“Avec mes sentiments
respectueusements
[sic]
reconnaissants à Monsieur le Docteur Lacassagne, & mes remerciements pour ses bons soins.”
La quatrième de couverture, le cahier ayant été utilisé à l’envers par Ollier, porte le titre imprimé Cahier de dessin. Il s’agit en réalité du haut du
cahier, sans doute découpé, afin de confectionner deux cahiers à dessin pour deux prisonniers.
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