Page 143 - BAT-PBA-CATAL LIVRES-V28.indd

Version HTML de base

142
172
ROMME (Gilbert, 1750-1795) mathématicien et conventionnel (Puy-de-Dôme).
La Commune de
Riom, département de Pui-de-Dome à l’Assemblée Nationale,
1790.
Manuscrit autographe ; 2 pages et demie in-4 avec ratures et corrections.
Important discours célébrant l’œuvre régénératrice de la Révolution et la Déclaration
des Droits de l’Homme.
Ce manuscrit de premier jet comporte de nombreuses ratures, ajouts et corrections.
“Messieurs, la commune de Riom qui ne compte son existence politique que depuis qu’elle s’est
donnée constitutionnellement une Municipalité patriote, vient vous faire hommage des Prémices de
sa Liberté, en adhérant solemnellement à tous vos décrets par ses députés extraordinaires. Elle a tout
perdu par les suppressions que votre sagesse a prononcées et que commandoient les malheurs et le
salut de la France ; mais cet état de mort ne l’effraye point puisqu’il est une transition inévitable et
momentanée d’un régime justement proscrit, à une renaissance que nous recevons tous des Pères de
la Patrie, régénérateurs de la Justice et de la liberté. Trop longtemps captifs sous l’opinion de quelques
personnes, notre raison était obscurcie, nos vœux étouffés, notre patriotisme dissimulé ou égaré, nos
espérances et notre confiance trompées ; les bons citoyens gémissoient de ne pouvoir porter jusqu’au
Sénat auguste, leurs sentimens particuliers, et de ne pouvoir mêler leur allégresse à celle de toute la
France, aussitôt qu’ils l’ont sentie. À ces malheurs immérités la calomnie les preventions et l’intrigue
ont ajouté de nouvelles amertumes. Mais votre exemple nous soutient et votre Justice nous console.
Vos Décrets ont rétabli le Peuple dans ses droits, il a mis à sa tête des Municipaux citoyens, et tous les
liens qui l’attachoient à l’erreur ont été brisés. C’est pour le Peuple et par le Peuple que doit se faire la
régénération du corps politique ; c’est par lui que la vérité, la justice et la liberté triomphent”.
Puis, après un long passage biffé, mais lisible, proclamant l’adhésion de tous les citoyens de Riom
aux principes de la Révolution et à la Constitution : “Pour vous, Messieurs, pleins de confiance dans
vos travaux, heureux des espérances que vous offrez à la France et fiers des leçons que ses vertueux
représentans donnent à l’univers, nous recueillons avec empressement tous vos décrets. Vos Tribunaux
et notre corps municipal en ont toujours fidèlement suivi toutes les dispositions ; et les loix anciennes
ont cédé sans trouble leur empire aux loix nouvelles, qui emanent de votre sagesse. Les bons citoyens
se rassemblent pour se pénétrer des lumières qui nous viennent de la capitale, et les répandre autour
d’eux. Un établissement patriotique vient de se former et la destination première sera de faciliter
l’intelligence de notre nouveau code et d’offrir à tout le monde un cabinet de lecture gratuite et choisie.
La déclaration des droits va devenir le premier chapitre du catéchisme politique de la jeunesse. Notre
contribution patriotique se monte à plus de 100 000
ll
quoique le tableau des citoyens actifs n’aille guère
au-delà de 1200 et nous devons dire que la Municipalité de Riom est la première de la province qui ait
reçu les déclarations. Les établissemens de charité viennent de recevoir un accroissement considérable,
par la générosité d’un vertueux cénobite qui siège parmi vous dont les opinions honnorent la ville de
Riom sa patrie et qui prouve par sa conduite, que les vertus du chretien ne diffèrent pas de celles du
vrai citoyen. Voila, Messieurs un tableau de nos efforts pour reconquerir notre liberté, et nous rendre
dignes de vos regards.”
2 000 / 2 500
173
ROMME (Gilbert).
Manuscrit autographe, [juin 1795].
3 pages et demie in-8.
Notes pour sa défense lors du procès pour son rôle dans l’insurrection de Prairial.
[Arrêté avec treize autres députés et emprisonné quelque temps au château du Taureau près de
Morlaix, Romme sera condamné à mort avec cinq autres députés. Tous tenteront de se suicider à la
fin de l’audience, avant l’échafaud ; trois y parviendront. Cette fin des “martyrs de Prairial” marqua
fortement l’histoire du mouvement républicain en France.] Romme évoque ici l’insurrection du 1
er
prairial et laisse entendre qu’il a succombé à une manœuvre des Thermidoriens pour faire tomber les
derniers Montagnards.
“A-t-on eu l’intention de profiter d’un grand mouvement pour faire tomber dans le piège des hommes
qu’on vouloit perdre, mais qu’on ne pouvoit attaquer directement ? Alors je n’ai rien à dire, je me couvre
la tête et me soumet à ma destinée.