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[DÉPORTÉS DE FRUCTIDOR].
3 lettres ou pièces signées
, 1797 ; 4, 1 et 10 pages in-fol.
Intéressant ensemble de documents relatifs au sort des hommes politiques déportés
par le Directoire, suite au coup d’État du 18 Fructidor V.
Rochefort 28 fructidor V (14 septembre 1797)
. Consignes pour la surveillance des déportés embarqués
sur la corvette
La Vaillante
en partance pour Cayenne, signées par le Lieutenant d’artillerie Hurtaux,
commandant du détachement. 12 articles réglementent le nombre d’hommes spécialement chargés
de la surveillance à bord, la liste nominative des déportés, la construction d’un local séparé de
l’équipage, les punitions en cas de tentative de révolte, etc. “Art. 6. Les déportés ne pourront prendre
l’air tous ensemble. Chaque jour, une portion, à tour de rôle, montera sur le pont : elle sera alors
gardée à vue par les hommes en armes : l’Officier Commandant le détachement sera toujours sur le
pont, pendant que les déportés y seront, et deux heures par jour leur seront accordées pour prendre
l’air, une heure le matin et une heure le soir à tour de rôle. Pendant ce temps, le commandant
du détachement empêchera aucune conversation particulière entre les déportés et les hommes de
l’équipage. Il empêchera également qu’ils ne soyent insultés par personne, et provoquera la punition
de ceux qui se porteroient à quelques excès envers ces déportés”… Etc.
27 brumaire VI (17 novembre 1797)
. Pièce signée par 16 déportés à leur arrivée à Cayenne,
reconnaissant avoir reçu de Jeannet, agent du Directoire Exécutif, l’expédition du procès-verbal de
leur arrivée. Ont signé : Antoine-Victoire d’Auberjon de Murinais (1731-1798), général et député
aux Anciens (mort à Sinnamary) ; François Aubry (1747-1798), conventionnel (Gard), membre du
Comité de Salut Public, député aux Cinq-Cents (il réussit à s’évader mais mourut à Démérary) ;
François Barbé-Marbois (1745-1837), du Conseil des Anciens (il rentrera en France en 1800) ;
François Barthélemy (1747-1830), un des Directeurs (il s’évadera), avec son domestique Marin
Letellier ; François-Louis Bourdon de l’Oise (1758-1798), conventionnel, membre des Cinq-
Cents (mort de la fièvre à Sinnamary) ; André-Charles Brotier (1741-1798), abbé et agent royaliste
(mort à Cayenne) ; Isidore-Étienne Delarue (1760-1830), député de la Nièvre aux Cinq-cents
(il s’évadera) ; André-Daniel Laffon-Ladébat (1746-1829), président du Conseil des Anciens (il
rentrera en France en 1800) ; Charles Berthelot de La Villeurnoy (1749-1799), agent royaliste
condamné pour conspiration (mort à Sinnamary) ; Jean-Baptiste Dubois dit d’Ossonville (1753-
1833), agent de police et espion (il s’évadera) ; Jean-Charles Pichegru (1761-1804), général et député
aux Cinq-cents (il s’évadera) ; Jean-Pierre Ramel (1768-1815) adjudant-général, commandant de
la Garde du Corps Législatif (il s’évadera) ; Joseph-Stanislas Rovere (1748-1798), conventionnel
(Vaucluse) et député aux Anciens (mort à Sinnamary) ; Guillaume-Alexandre Tronson duCoudray
(1750-1798), avocat, député au Conseil des Anciens (mort à Sinnamary) ; Amédée Willot (1755-
1823), général et député aux Cinq-Cents (il s’évadera).
Cayenne 1
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nivose VI (21 décembre 1797)
. François-Michel Bouchet, “commissaire des Guerres,
chargé de l’installation des déportés de France” : lettre autographe signée au citoyen Jeannet, agent
du Directoire Exécutif dans la Guyane française. Ce rapport dresse un tableau assez effrayant des
conditions qui attendaient les déportés arrivés à Sinnamary, où l’eau rare et mauvaise provoque des
maux d’estomac, des enflures de jambes et des hydropisies : “À l’aspect de Sinnamary, un Européen
qui arrive de France immédiatement voit l’image de la mort sur la plupart des figures”… Pourtant
les indigènes arrivent à y vivre et à élever du bétail lorsqu’il n’est pas dévoré par les tigres. Mais l’air
est insalubre, les maisons inondées pendant plusieurs mois par an et la ville est “un cloaque infect
en hiver, une fournaise sans courant d’air en été”… Etc. C’est là que seront installés les déportés.
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