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lui à Weimar en 1848, et demeura sa compagne jusqu’en 1861 : pol\glotte, très cultivée, d’une profonde religiosité,
elle exerça une forte inÁuence sur Liszt dont la musique évolua progressivement vers le m\sticisme. La princesse
ne parvint pas à régulariser sa situation au regard de la religion, échouant à obtenir du pape le divorce, et Liszt en
perdit sa situation à la Cour de We\mar (1858). Quand le prince mourut, il était trop tard : Liszt s’était tourné vers
la religion et était entré dans les ordres.
J
OINT UNE LONGUE ET
IMPORTANTE CORRESPONDANCE DE LA PRINCESSE ÉVOQUANT
L
ISZT
, A
UTRAN
,
LEURS
«
PROJETS DANTESQUES
»,
LEURS ŒUVRES
:
– Weimar, 1
er
mai 56 :
«
... J’ai de la peine à me persuader que nous sommes encore inconnus l’un à l’autre, tant Liszt m’a souvent parlé de son amitié
pour vous. N’a-t-elle point d’ailleurs un monument dans ses œuvres ?
V
OUS
SOUVIENT
-
IL
DES
Q
UATRE
ÉLÉMENTS
,
ces chœurs qu’il a composés depuis si longtemps
[en 1844-1845, sur des poèmes
de Joseph Autran]
, et que vous entendrez peut-être quelque jour, si sa destinée le ramènera en France ? Ils forment le pendant
(quoique plus développés et conçus sur une plus vaste échelle aux chœurs des forgerons que Lamennais avait écrit pour lui
[le
chœur d’hommes
Le Forgeron
, composé en 1845 sur un texte de Lamennais]
.
Q
UE DE
FOIS AUSSI
L
ISZT NE M
A
-
T
-
IL PAS ENTRETENU DE VOS PROJETS
DANTESQUES
. I
LS N
ONT POINT ÉTÉ
STÉRILES
,
CAR
IL PARACHÈVE
MAINTENANT
UNE
GRANDE
SYMPHONIE
DONT
LES
DIVERSES
PARTIES
SE
RAPPORTENT
AUX
TROIS
GRANDES
DIVISIONS
DE
L
A
D[
IVINA
]
COMEDIA
.
Les di΀cultés poétiques et l’inconvénient des traductions l’ont décidé à traiter ce sujet d’une manière purement
instrumentale, se contentant de terminer son œuvre par un des cantiques de l’Église, dont la langue est de tous les pays, et que
Dante suppose être celle du Paradis.
S
ON
ACTIVITÉ
DE
COMPOSITEUR
A
ÉTÉ
PRODIGIEUSE
DANS
SES
DERNIÈRES
ANNÉES
.
Il est malheureusement encore plus di΀cile de
parler musique que peinture ; elle se laisse encore moins décrire, et je ne pourrais que faire une assez sèche énumération en
vous citant
SA
S
YMPHONIE
DE
F
AUST
,
SES
MESSES
,
SES
CONCERTOS
,
SES
R
HAPSODIES
HONGROISES
,
SES
H
ARMONIES
POÉTIQUES
ET
RELIGIEUSES
,
SES
A
NNÉES
DE
PÈLERINAGES
,
SES
FUGUES
POUR
ORGUE
, &
C
. &
C
.,
MAIS
LE
PLUS
CONSIDÉRABLE
DE
SES
ŒUVRES
D
ORCHESTRE
ÉTANT
UNE
SÉRIE
DE
P
OÈMES
SYMPHONIQUES
,
dont il a indiqué les données poétiques dans leurs préfaces. Je me
permets de vous envoyer celles-ci, comme elles ont été imprimées au fur et à mesure qu’on les a exécutés ici aux concerts de
Cour...
J’ajoute... que
LA
F
ONDATION
G
ŒTHE
[initiée par Liszt]
sera probablement en vie d’ici à un an deux ans, et que
W
AGNER
est
devenu déjà populaire en Allemagne malgré l’inévitable opposition que tout artiste de génie rencontre de son vivant...
L
ISZT
...
COMPTE
FAIRE
PARAÎTRE À
P
ARIS
L
HYVER
PROCHAIN UN
VOLUME
SUR
L
ES
B
OHÉMIENS
ET
LEUR MUSIQUE
qu’il ne manquera
pas de vous faire tenir en premier lieu...
E
N
SEPTEMBRE
,
IL
EST OBLIGÉ D
ALLER
EN
H
ONGRIE
POUR DIRIGER
L
EXÉCUTION D
UNE GRANDE MESSE
qui lui a été commandée par
le cardinal primat, à l’occasion de la consécration d’un cathédrale, la plus ancienne du pays, qui vient d’être restaurée et qui sera
rendue au culte avec une grande pompe, la présence de L.M., de bien des princes de l’Église et du monde.
D’ici là Liszt ne quitte pas Weymar pour terminer quelques ouvrages qui doivent être exécutés cet hyver à Berlin...
Plus d’une de ses amies de France ont fait la charmante surprise à Liszt de venir le voir dans son hermitage. Ne voudriez-vous
lui faire aussi cette joie ?... Vous trouveriez ici la plus complète des villégiatures, en même temps qu’une Cour très aimable
et prévenante, une légation de France, un ami dévoué que vous rendriez heureux, qui
VOUS
FERAIT
ENTENDRE
LA MUSIQUE
DES
E
NFERS
ET DES
C
IEUX
ET
CELLE DE
TOUTES
LES RÉGIONS
INTERMÉDIAIRES
SUR
SON GRAND
INSTRUMENT DONT
VOUS AUREZ
VU
LE
SOSIE
À
L
’E
XPOSITION DE
P
ARIS
(
P
IANO
L
ISZT
À QUATRE
CLAVIERS
)
... »
– Weimar, 25 mai 56 :
«
J’avais chargé une de mes amies à Paris de vous faire tenir... les deux ouvrages de Liszt que je croyais se trouver chez elle ;
ne les ayant plus, elle vous a envoyé le
C
HOPIN
[l’ouvrage de Liszt
F. Chopin
, paru en 1852]
auquel je n’avais pas songé...
W
EYMAR
EST
DEVENU
MAINTENANT
LE
FOYER
D
UNE
GRANDE
LITTÉRATURE
MUSICALE
comme il avait été jadis le centre du grand
mouvement littéraire de l’Allemagne.
L
E
GRAND
-
DUC
ACTUEL
Y
A OFFERT
À
DES
HOMMES
TELS QUE
L
ISZT
, B
ERLIOZ
, W
AGNER
...
UN
POINT
D
APPUI
À
LEUR
LEVIER
, comme
autrefois Charles-Auguste avait fait pour Gœthe, Schiller, et leurs illustres contemporains.
L
ISZT
FUT
LE
PREMIER
À
RÉUNIR
EN
FAISCEAU
DES
RAYONS
ENCORE
ÉPARS
,
À
FORMER
ÉCOLE
;
il est maintenant, je ne dirais pas le
chef, mais le moteur de ce mouvement qui va grossissant de ce côté du Rhin... Votre Paris, qui Ànira bien par ouvrir les portes
de son Institut à ce titan de Berlioz...
J’
AI
EU
BIEN
DU
PLAISIR
À
VOUS
ENTENDRE
NOMMER
D
ELACROIX
,
DONT
L
ISZT
DIT
“C’
EST
UN
DES
NÔTRES
”,
en montrant ses pages
sur le beau
, et en appellant à ses toiles, ces illustres illustrations de ses doctrines, logique monumentale du génie qui en fait de
preuves fournit des chefs-d’œuvre... »
– Weimar, 20 juin 1856 :
« L
A
V
IE
RURALE
...
NOUS
EST
ARRIVÉE
[
RECUEIL
POÉTIQUE
DE
J
OSEPH
A
UTRAN
]
...
Pour combien de charmans instants n’avons-
nous pas à vous remercier. Quelle douce émotion réveille... le portrait de
Clairon
qu’on croirait de Greuse...
L’
AMITIÉ
QUE
L
ISZT
VOUS
PORTE
L
ENGAGE
CERTAINEMENT
À
ACCEPTER
VOTRE
AIMABLE
INVITATION
, et il me sera bien agréable de
faire la connaissance de Mme Autran et la vôtre, de vous entendre lire vous-même quelques-uns de ces beaux vers qui vous ont
déjà charmés, ceux par exemple que vous adressiez à Liszt et que nous retrouvions dernièrement encore dans votre volume...