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Un vaste projet d’oratorio sur l’
Enfer
avec Joseph Autran.
En 1845, Liszt songea à nouveau à travailler sur
La Divine comédie
, et s’en entretint à Marseille avec Joseph Autran.
Celui-ci raconte dans ses
Lettres et notes de voyages
comment Liszt, sur l’orgue de l’église vide de la Major, « improvisa
une s\mphonie ardente et magniÀque sur la
Divine comédie
de Dante, dont nous venions de parler ensemble » (
Lettres
et notes de voyages
, Paris, Calmann Lév\, 1878, p. 101). Ces discussions aboutirent à l’idée d’un oratorio qui mêlerait
musique, texte sur un livret de Joseph Autran, et compositions picturales projetées en diorama – avec recours
envisagé aux services de Buonaventura Genelli –, anticipant l’idée d’une œuvre d’art totale que Wagner théoriserait
et mettrait en application. Liszt, très engagé dans le projet, envo\a alors à Joseph Autran ses recommandations
pour la composition du texte : « Je reçus [...] une lettre de Liszt accompagnée d’un exemplaire de la
Divine comédie
tout chargé de commentaires et de notes hiérogl\phiques pour moi, car la plupart de ces notes étaient des notes
de musiques. Il me priait de tirer de là, si je le pouvais, un poème d’oratorio, ou même d’opéra m\stique en trois
parties » (Joseph Autran,
op. cit.
, pp. 101-102).
Le très précieux exemplaire Autran de
La Divine comédie
annoté par Liszt sur les chants de
L’Enfer
Cet extraordinaire volume porte des notes autographes sur 78 pages. Il fut remis à Joseph Autran par l’intermédiaire
du facteur de piano marseillais, accompagné d’une lettre dans laquelle Liszt lui précise : «
tous les endroits où vous
trouverez ces signes (cinq portées de musique) ou une blanche il y a lieu selon moi à un développement
l\rique
... Ne faites
d’ailleurs aucune attention au soulignement de certains motifs dans mon volume, que je n’ai fait que pour me rappeler le texte
italien
» (lettre à Joseph Autran du 14 mai 1845).
Les pages annotées par Liszt comportent ainsi des passages avec quatre sortes d’indications : des mentions explicites,
des notations musicales de blanches, d’autres notations musicales de portées, et des soulignements ou marques
marginales.
– R
ECOMMANDATIONS
ET
SUGGESTIONS DE
L
ISZT
POUR
LA RÉDACTION DU
LIVRET
: 10
MENTIONS MARGINALES
EXPLICITES
.
Ces notes, dont quelques-unes sont biͿées, accompagnent et explicitent parfois d’autres signes, et sont principalement
destinées à Joseph Autran : «
symphonie »
(p. 11) ; «
il faut les faire chanter »
(texte de Dante « dès qu’ils eurent devisé