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685.
Yvette GUILBERT
(1867-1944) chanteuse.
Lettre autographe signée « Yvette »,
Paris
[1907] à un ami ; 4 pages in-4 à son adresse
23
bis
Boulevard Berthier
.
400/500
T
RÈS
BELLE
LETTRE
SUR
SES
DÉBUTS
AU
THÉÂTRE
, au
Théâtre du Parc à Bruxelles, en 1907, dans
L’Eau
trouble
, drame de Jean de Hinx [Mme de Gardilanne]
et Edmond Guiraud.
« Votre dégoût du théâtre “
et ses environs
”
ne me surprend aucunement, on vit dans une
drôle d’époque, mais qui peut-être ressemble à
celles passées, car nos amis (les seuls vrais)
les
livres
nous apprennent que de tous temps les
Français se sont plaints les uns des autres ce qui
semblerait être la preuve
que jamais
la France n’a
été
vraiment
supérieure
ni dans ses individus, ni
dans sa moralité... Il semblerait que notre fameuse
courtoisie, notre grâce, notre goût, notre élégance,
soient des accessoires de courtisanes indispensables
pour mieux duper... Croyez-vous que je ne m’exile
pas
avec joie
? »... Elle n’est pas étonnée « qu’A
NTOINE
ait crevé votre pièce » : cette trahison si parisienne
est courante, et la probité, l’intégrité ont déserté
le milieu théâtral parisien : « à part une artiste,
une Sarah [B
ERNHARDT
], qui sait et veut le bien et
le beau, que penser du reste, depuis les directeurs
jusqu’aux auteurs, tous maniganciers » Où sont
passés l’enthousiasme et la foi ?... « Nous nous
américanisons salement. Une poignée de penseurs
écrit pour une poignée d’artistes et une foule ignare
se précipite là où le phénomène obscène ou autre
est annoncé à la porte. –Non, non, c’est à vomir,
de voir le rut de toute cette clique en mal de gestes
équivoques ». Il semble que le gouvernement
attendait d’Antoine un « boum sensationnel » : peut
être est-ce « la raison vraie de l’étranglement de votre pièce » : Antoine voulait faire de l’argent avec
Jules César
de Shakespeare et
« aucune amitié, aucun respect du talent, n’a su ni pu tenir devant cela ». Elle lui reproche de croire trop aux braves gens, qui sont si
rares : « Moi, je suis pessimiste »... Elle part bientôt à Bruxelles « répéter
L’Eau trouble
! Nom d’une pipe il me faut d’ici une année
être une belle collaboratrice de tous ceux que j’admire et qui m’apportent la consolation pour 3
f
50 sous forme de petits bouquins.
Je dois débuter du 15 au 20 janvier. Quelle peur j’aurai... »
686.
Charlotte L
EJEUNE
dite Charlotte LYSÈS
(1877-1956) actrice, première femme de Sacha Guitry.
5 lettres autographes signées « Lysès », 1909 et s.d., à C
OLETTE
et M
ISSY
; 3 pages in-8, et 7 pages in-4 à l’en-tête du
Château des Portes
à Honfleur.
800/1 000
B
ELLE
CORRESPONDANCE
AMICALE
À
C
OLETTE
ET
SON
AMIE
M
ISSY
(Mathilde de M
ORNY
).
22/4/1909
. Tout va très bien : « La santé est bonne, le temps admirable, les gens stupides ou méchants, les bêtes exquises ».
Elle leur raconte les petits potins parisiens, pendant qu’elles sont en tournée, sur Marguerite D
EVAL
, Mlle L
ANTELME
, ou F
RANC
-
N
OHAIN
; elle et Sacha [G
UITRY
] attendent leur retour : « nous préparons des danses d’allégresse »...
Jeudi
. « Oh ! Colette que votre article est bien ! [...] Vous êtes vraiment le plus joli écrivain que je connaisse et d’une observation
extraordinaire. Oh ! Je sais bien pourquoi je n’écris pas et pourquoi je trouve que nos consœurs ont tort de mettre du noir sur
du blanc. Vous êtes vraiment l’exception qui confirme la règle ». Elle souhaite que S
IDO
se remette vite de son accident : « cette
femme est inouie. [...] Et les antiques matrones ne sont que des poules mouillées auprès de cette maman à “fossettes”. [...] Dites
donc, puisque vous avez reçu de l’argent de W
ILLY
, envoyez-moi un sou venant de lui, cela doit porter bonheur ». Elle évoque
« les agissements qui ont lieu autour de Rozven » et espère que « le bail comporte qu’aucune sous-location ne peut avoir lieu sans
votre assentiment ». Elle attend Missy et Colette et mentionne « Léo, dit le Piqué » [Léopold M
ARCHAND
] qui est aussi à Honfleur.
Vendredi
. Elle les attend avec impatience : « Je n’admets pas une seconde
mais pas une seconde
que vous ne veniez pas avec la
famille chien » qu’elle énumère. « J’ai promis à W
ILLY
, que ses amis viendraient, qu’est-ce que je prendrais si je manquais à ma
promesse, évidemment cela sera moins amusant que la mer, mais il y a de l’herbe et des cochons ». Qu’elles amènent aussi la
femme de chambre, malgré l’inconfort de la maison. « Pourvu que les raisins soinent mûrs et les poires, je trépigne »...
Lundi
. Elle s’impatiente : « Mais qu’est-ce que vous faites ? C’est la neige que vous attendez ? »...
Mercredi
. Elles ne sont pas venues, mais elle leur envoie des poires du jardin, à leur hôtel, puisqu’elles sont en tournée. « Mais
je suis très fâchée. Naturellement je ne vous embrasse pas et Sacha refuse de vous parler. Il ne vous fait plus Louis X le Hutin »...
Vente 24 novembre 1999
(n° 156).
Reproduction page 360