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158.
Frédéric-Melchior, baron de GRIMM
(1723-1807). L.A., Paris 14 mai 1772, à Ernest II, duc de Saxe-Gotha-
Altenbourg ; 7 pages in-8 ; en français.
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Longue et intéressante lettre au jeune prince.
Grimm le remercie son de ses grâces et de ses compliments à propos du brevet (il avait été fait baron de l’Empire) : « je
baise la main qui a signé ce brevet ; mais daignez, Monseigneur, mettre des bornes à vos bontés pour moi et ne me réduisez
plus à en rougir sans cesse et à n’oser lever les yeux sur mon Prince chéri. Vous savez que la justice est la premiere vertu des
Souverains, qu’une faveur accordée sans autre motif qu’un excès de bonté dont je n’ai que trop souvent et à ma confusion
éprouvé les efets, est un mal en ce qu’il encourage tous ceux qui pourraient avoir un défaut de titre pareil au mien à espérer
les mêmes graces »… Il se réjouit de la nouvelle de la grossesse de la Duchesse. Puis il en vient à un sujet plus politique : « Vous
voulez afaiblir, Monseigneur, ce que vous avez fait pour le pays d’Altenbourg ; mais vous ne savez pas encore calomnier avec
assez d’adresse mon souverain. Je serais bien moins charmé du don que du prêt qu’il a fait à ses sujets. Il n’y a guere que des
fainéans qui aient besoin de dons, mais des hommes industrieux, laborieux peuvent avoir besoin de secours. C’est remplir
un devoir bien doux que de venir à propos au secours de tels hommes ; voilà pourquoi, entre mille autres raisons, je desire si
vivement que les fnances soient toujours dans le plus grand ordre et dans le meilleur état, parce qu’on a alors les moyens de
donner ces secours. Mais changer ces secours en dons n’aurait peut-être d’autre efet que de relâcher le ressort de l’industrie
si précieux à conserver et à augmenter parmi ce peuple »… Quant à l’état du Gymnasium, Grimm rappelle ce que lui disait
Geysler : « que tous ceux qui présidaient aux classes inférieures étaient des gens incapables de leurs places. C’est une chose
à éclaircir, car il vaut mieux renvoyer ces gens-là en leur laissant leurs pensions […] que de les laisser continuer à faire le
mal. Si Messieurs les Commissaires veulent se donner la peine de faire quelquefois leur visite à l’improviste et d’examiner
la manière dont les régens s’acquittent de leurs devoirs, ces devoirs seront bientôt bien remplis »… Grimm parle encore de
divers sujets, dont un projet de médaille gravée par Duvivier... Enfn il rend hommage aux bontés de Son Altesse pour Mme la
Grande Maîtresse : ils rappellent à toute l’Allemagne « qu’Ernest le Sage a été bon fls puisqu’il fait honorer la mémoire de ses
parens sous la tombe en honorant une personne qui les a servis avec intégrité et avec distinction et qui ne peut être sensible
à aucune autre espece de récompense que celle qui lui prouve l’estime du fls de ses maîtres »…
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