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jeter à l’eau » et firent les frais de la suppression de la seconde classe de l’Institut d’où ils tiraient
leur légitimité.
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La brochure de Gérando est l’un des rares documents imprimés qui subsiste
de cette société éphémère. Publiée à l’occasion de l’expédition scientifique du capitaine Baudin
dans les terres australes (1800-1803) elle dresse un guide pour l’observation ethnologique, ici
définie comme une science, et pose les principes fondateurs de « l’observation participante » à
destination des voyageurs de la fin du xviii
e
siècle.
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Ce mémoire précurseur d’une nouvelle
Science de l’homme, délivre aux voyageurs et explorateurs de l’époque un ensemble de recom-
mandations afin d’approcher les « peuples sauvages » appartenant à des « nations qui diffèrent,
par leurs formes morales et politiques, des nations de l’Europe ». Gérando insiste sur le point
du langage ; selon lui « le premier moyen pour bien connaître les Sauvages, est de devenir en
quelque sorte l’un d’entr’eux ; et c’est en apprenant leur langue qu’on deviendra leur concitoyen».
Il préconise la communication par signes et énonce sa méthode. Outre la morphologie, l’ana-
tomie et l’environnement naturel des peuples « sauvages », Gérando recommande de prendre en
compte les systèmes de pensée et d’organisation sociale de ces peuples dits sauvages à « l’encontre
du naturalisme et du positivisme anatomique volontiers affiché et défendu de l’époque ». Jean
Copans et Jean Jamin,
Aux origines de l’anthropologie française,
Paris, Jean-Michel Place, 1994.
2800 euros