ILLUSTRATION ORIGINALE : 12 DESSINS ORIGINAUX, à la plume et encre rouge dont l’un à pleine
page, les autres à 2/3 de page. Ils représentent : des oiseaux en vol au cours d’une scène de chasse en forêt,
avec un cavalier et des chiens, et un village dans le lointain, un fauconnier, avec sa fauconnière à la ceinture,
présentant l’oiseau à deux personnages en habit de ville, devant un palais ; les autres dessins représentent
l’oiseau en vol, à l’approche de son nid, dans différents lieux de nidation : forêt, parc, piton rocheux. Les
scènes sont animées de petits animaux et statues
RELIURE ITALIENNE DE L’ÉPOQUE. Maroquin brun, décor doré, étoile de filets au centre des plats,
petits fleurons répétés au centre, double encadrement de deux filets avec motifs d’entrelacs, fleurons, dos à
nerfs orné estampé et doré, tranches dorées. Boîte
PROVENANCE : Henri Gallice (ex-libris), avec sur l’ex-libris la mention “XVII
e
siècle, 600frs” —Marcel
Jeanson (ex-libris), avec la note “MS 127”, à l’encre au centre de l’ex-libris Jeanson. C’est l’un des 132
manuscrits de chasse de Marcel Jeanson. Il a été identifié par Olivier Jeanson et figure sous son titre dans la
liste des “Livres de Marcel Jeanson” (cité dans
Avec et autour de Marcel Jeanson
, Suresnes, 2015, p. 345)
— Jules Thiébaud en 1966 (note manuscrite d’un libraire commentant les circonstances d’acquisition) —
Jean Blondelet (griffe au contreplat inférieur)
Il manque un feuillet dans le premier cahier. Reprise du dos ayant su préserver le dos d’origine
Le traité est dédié aux éperviers. Cet oiseau de chasse connut une grande célébrité lors
de la Renaissance italienne, et particulièrement à la cour des Este. L’analyse du texte a permis à Baudouin Van
den Abeele, que nous remercions ici, de rapprocher ce manuscrit du
Libro dei piaceri degli uccelli
.
“Tel quel, le texte de ce
Della natura delli sparavieri
ne correspond à aucun traité italien de chasse au vol connu et répertorié, mais
l’analyse de ses chapitres révèle des analogies avec des sections d’un traité de fauconnerie en quatorze livres, le
Libro dei piaceri degli
uccelli
. Rédigé à Milan dans les années 1470, apparemment par un certain Aloisio Besalu, il a été remanié et diffusé par Pietro Belbasso
da Vigevano à la fin du XV
e
siècle. Il est alors connu par six manuscrits, dont trois autographes de Belbasso. Il s’agit d’une sorte
d’encyclopédie de la fauconnerie, rédigée d’après une grande variété de sources, et qui constitue le plus volumineux des ouvrages
italiens sur le sujet. Si l’on prend pour base de comparaison le manuscrit de Milan [
Biblioteca Trivulziana
, 2141], daté de 1510 par
Belbasso, et qui offre un texte en quatorze livres copié sur 252 feuillets, on peut y retrouver presque tous les chapitres [
nous gardons
cette longue table disponible selon demande
]. Quasiment tous les chapitres ont donc un équivalent dans le traité milanais, et les matériaux
se retrouvent dans un ordre largement parallèle de part et d’autre, sauf vers la fin. Cependant, la formulation du contenu diverge souvent :
parfois le ms. du XVIe s. n’offre qu’une portion du chapitre de Belbasso, parfois il ne contient pas les références de sources qui se
lisent de temps à autre dans le texte source. La langue, modernisée par rapport à celle de Belbasso, est le toscan tel qu’il s’était uniformisé
dans les usages écrits de la Péninsule, avec quelques traits septentrionaux qui se laissent réconcilier avec une origine vénitienne.
Quant à la relation de dépendance entre les deux textes, deux hypothèses sont possibles. Soit le manuscrit du XVI
e
siècle. est la copie
tardive d’un traité d’éperverie du XV
e
siècle, et qui constitue une source, inconnue à ce jour, de Belbasso. Soit le manuscrit du XVI
e
siècle est composé d’extraits du traité de celui-ci. La succession des chapitres, à de rares exceptions près, est parallèle à celle du traité
antérieur de Belbasso, ce qui plaide en faveur de la seconde hypothèse.” (B. Van den Abeele)
Ces récents travaux ont donc permis de replacer ce manuscrit, non identifié à l’époque de Marcel Jeanson, dans
la ligne d’un
stemma
encore imprécis. Gageons cependant que des recherches à venir sur la fauconnerie italienne
aux XV
e
et XVI
e
siècles sauront donner à ce bel exemplaire si élégamment relié à l’époque, le statut qu’à
l’évidence il mérite.
RÉFÉRENCES : B. Van denAbeele, «
Le Libro de piaceri e doctrina de li uccelli
d’Aloisio Besalu et Giovanni Belbasso da Vigevano : un
traité de fauconnerie encyclopédique du XV
e
siècle», dans
La caza en la Edad Media
, Tordesillas, 2002, p. 229-245 — B. Van den Abeele,
«Traités de fauconnerie de la Renaissance : quelques lignes de force», dans
Los libros de caza
, Tordesillas, 2005, p. 207-237 — B. Van
den Abeele, «Hidden treasures: privately owned manuscripts on falconry and hunting», dans
The international Journal of Falconry
,
2017, p. 33-40.
Ce livre a obtenu son certificat d’exportation.
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