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80. FLAuBERT (Gustave). Lettre autographe signée à Ernest Feydeau, [Croisset, après le 5 octobre 1860],

4 pages in-8 (204 x 133) à l’encre brune sur un bifeuillet de papier bleu vergé, sous chemise demi-maroquin

noir moderne.

3 000 / 4 000 €

L

ETTRE AMICALE

,

ÉCRITE AVEC uNE ENTIèRE LIBERTÉ D

ESPRIT ET DE STYLE

.

Il évoque le voyage de Feydeau en Algérie, puis lui fait part de ses lectures qui doivent lui servir pour son roman

[

Salammbô

] :

“Je me réjouis, je me délecte, je m’enivre avec la littérature ecclésiastique. As-tu lu la dernière publication

de N.S.P. où il fulmine contre les littératures obscènes ! et les maisons de débauche : Est-ce beau ! Depuis longtemps je

ne m’étais repassé par le bec un morceau de si haut goût. Mes lectures alternant entre la Mischna, Sogomènes, Cedrenus,

etc. Mais j’ai bientôt fini, Dieu merci ! je crois que mon éternel bouquinage va cesser. Quant à la copie, j’écris les

3 dernières pages du IX

e

chapitre ? Après quoi, j’entre dans les endroits où mon héros entre dans mon héroïne. Je reste

comme Job sur son fumier à gratter ma vermine, à retourner mes phrases, je fume pipe sur pipe, je regarde mon feu brûler,

je gueule comme un énergumène, je bois des potées d’eau, je me désole tous les matins et je m’enthousiasme tous les soirs,

puis je me couche et cela recommence.”.

Père du célèbre auteur de boulevard Georges Feydeau, Ernest Feydeau (1821-1873) était coulissier à la Bourse et passionné de

littérature. Flaubert et lui s’étaient connus en 1856. Leur importante correspondance, témoigne de leur complicité

littéraire et de leur profonde amitié. Flaubert fit souvent appel à lui pour la correction de certaines de ses œuvres.

Leur entente se gâta cependant lorsque Feydeau, pour des besoins d’argent, se lança dans une littérature que Flaubert jugea

licencieuse.

Correspondance

, éd. J. Bruneau, Pléiade, 1991, t. III, p. 119-120.

81. FLAuBERT (Gustave). S

ALAMMBô

.

Paris, Michel Lévy frères, 1863

. In-8, demi-maroquin lavallière avec

coins, dos à nerfs, non rogné, couverture (

Pagnant

).

30 000 / 40 000 €

Édition originale.

u

N DES

25

RARISSIMES EXEMPLAIRES SuR PAPIER DE

H

OLLANDE

.

P

RÉCIEuX EXEMPLAIRE DE

T

HÉOPHILE

G

AuTIER

(1811-1872), portant ce

BEL ENVOI AuTOGRAPHE

de Flaubert sur le faux-titre :

à mon très cher maître Théophile Gautier

son vieux

Gustave Flaubert

Et en-dessous, cette

NOTE À LA PLuME DE LA MAIN DE L

AuTEuR

:

un des vingt-cinq exemplaires tirés sur papier

de Hollande

.

« u

N LIVRE SPLENDIDE ET MONuMENTAL

».

C’est en ces termes que Théophile Gautier qualifia le livre de son ami.

Cher maître, la lecture de

Salammbô

me laisse à

peine la lucidité d’esprit nécessaire pour vous envoyer mon Hurrah !

écrit-il dans une lettre à Flaubert (citée par Antoine

Albalat,

Gustave Flaubert et ses amis

, 1927, p. 62). Son jugement ne se fit pourtant pas attendre, puisqu’il rédigea dans le

Moniteur officiel

(22 décembre 1862) un article dithyrambique sur l’ouvrage, annonçant que

la lecture de Salammbô est

une des plus violentes sensations intellectuelles qu’on puisse éprouver

et saluant

Flaubert comme un peintre de batailles

antiques, qu’on n’a jamais égalé et qu’on ne surpassera point

.

L’exemplaire est cité par Auguste Lambiotte sous le n° 3 de sa liste des exemplaires en grand papier de

Salammbô

.

Petite fente restaurée en pied du dernier feuillet.

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