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178. MAuPASSANT (Guy de). M

ANON

L

ESCAuT

. Manuscrit autographe signé, [1885], 10 pages et demie in-folio

(311 x 198 mm) à l’encre noire, numérotées de 1 à 8 et de 1 à 3, ratures et corrections, sous chemise demi-

maroquin noir moderne.

3 000 / 4 000 €

R

EMARquABLE ÉTuDE LITTÉRAIRE

, qui s’étend au rôle de la femme dans la société.

Très beau texte qui servit de préface à

Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux

, par l’Abbé Prévost paru à

Paris chez H. Launette en 1885.

Maupassant débute son texte par un passage totalement misogyne, courant à son époque, et réduit la femme à

deux rôles

bien distincts et charmants tous deux : L’amour et la maternité

.

Pour lui,

la femme est incapable de tout travail vraiment artiste ou vraiment scientifique

[...]

nous n’avons pas encore la

femme peintre ou la femme musicienne, malgré les efforts acharnés de toutes les filles de concierge et toutes les filles à

marier en général qui étudient le piano

.

Avant d’en venir à

Manon Lescaut

, objet de son article, Maupassant fait défiler les grandes courtisanes :

Quelques-unes

de celles-là dominent l’histoire du monde, répandent sur leur siècle un charme poétique et troublant

. Après avoir reproduit

deux strophes de la

Ballade des dames du temps jadis

de Villon, il en vient à Manon,

plus vraiment femme que toutes les

autres, naïvement rouée, perfide, aimante, troublante, spirituelle, redoutable et charmante.

Le reste du texte est consacré à un vibrant éloge du roman et de sa protagoniste,

inimitable création

, qui, aux yeux de

Maupassant, est le type même de la femme :

Manon, c’est la femme tout entière, telle qu’elle a toujours été, telle qu’elle

est, et telle qu’elle sera toujours.

Pourquoi ?

C’est qu’aucune création n’a jamais parlé plus fortement aux sens de

l’homme que cette exquise drôlesse dont le charme subtil et malsain semble s’échapper comme une odeur légère et presque

insaisissable de toutes les pages de ce livre admirable.

Et il conclut :

ce livre demeure et demeurera par la seule force de la sincérité, par l’éclatante vraisemblance des

personnages.

Maupassant va plus loin encore en affirmant prophétiquement :

Seule, cette nouvelle immorale et vraie

[...]

reste comme une œuvre de maître, une de ces œuvres qui font partie de l’histoire d’un peuple

.

Comportant de nombreuses ratures et corrections, ce manuscrit servit à l’impression, comme le montrent des indications

de typographe en marge. Il est conforme au texte imprimé, excepté certains paragraphes qui figurent ici dans un ordre

différent et d’infimes variantes.

Texte publié en 1885 et repris dans les éditions des

Chroniques

de Maupassant.

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