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CAUS, Salomon de.

La Perspective avec la raison des ombres et miroirs.

Londres, Jan Norton,

1612.

In-folio (378 x 254 mm) d’un titre gravé, 3

ff.n.ch.

(dédicace et table), 66

ff.n.ch.

avec texte

et 63 gravures à pleine page, 15 vignettes ; veau brun

(reliure du XIX

e

siècle).

5 000 / 8 000

Kat. Berlin, 4706 ; Vagnetti, EIIb7 (« opera molto chiara ») ; Vitry, 121.

Édition originale, second tirage à la date de 1612, d’un des plus beaux et des plus intéressants livres de

perspective du XVII

e

siècle.

C’est le premier ouvrage de perspective imprimé en Angleterre et le deuxième livre anglais comportant

des figures mobiles, après l’Euclide de John Dee en 1576.

« 

Salomon de Caus est né en 1576 à Dieppe dans une famille protestante. Hormis le fait qu’il effectua un

voyage en Italie lorsqu’il avait une vingtaine d’années, on ne sait rien d’autre de la formation qui le conduisit

à exercer des fonctions d’architecte et d’ingénieur – en particulier dans le domaine de l’ hydraulique –

au service de plusieurs cours européennes. En effet, on le repère, successivement, vers 1605 à la cour de

Bruxelles, où il fut nommé le 21 janvier ingénieur des archiducs Albert et Isabelle, puis en 1610 à la cour

du prince Henry de Galles jusqu’ à la mort de ce dernier deux ans plus tard. Salomon de Caus enseigne alors

la perspective au prince (fils du futur Jacques I), et c’est probablement de ce préceptorat qu’il tire le fond

de son premier ouvrage La perspective (…) Il devient en 1614 ingénieur des bâtiments et jardins du Prince-

Électeur Frédéric V. Ce dernier contraint à l’exil après avoir été démis de ses titres par décret impérial

et réfugié à Sedan en 1620, Salomon de Caus eut juste le temps de publier son

Hortus Palatinus

avant

de s’installer en France la même année, sous la protection de Richelieu. Mais il ne retrouva pas à la cour

de Louis XIII un poste comparable à ceux qu’il avait occupés auparavant, et ce malgré la proclamation

de l’Édit de Nantes (1598). Il reçut néanmoins le titre d’architecte et ingénieur du roi le 30 mars 1621.

Une pièce d’archive nous apprend en outre que Salomon de Caus fut chargé de l’assainissement des rues

de Paris, par la suppression des boues accumulées et par le portage d’eau de la Seine (...) Salomon de Caus

mourut à Paris le 28 février 1626 et il fut enterré dans un cimetière protestant. (…)

Le traité de perspective est divisé en quatre parties, illustrées par de nombreuses figures et quelques planches.

Une première section traite de généralités préliminaires ; elle comporte une planche de figures de géométrie

élémentaire, onze définitions illustrées de figures et dix théorèmes illustrés de figures et d’une planche. La

seconde, la plus importante en volume (31 chapitres), concerne la mise en perspective proprement dite.

Cette section traite de la mise en perspective de figures planes et solides de plus en plus complexes (chapiteau,

fontaine), de trompe-l’œil (un jardin fictif prolongeant un jardin réel), d’anamorphoses (principe, portrait

et figure en pied) et d’inscriptions diverses en situation non frontale. La troisième section traite de la mise

en perspective des ombres portées des objets mis en perspective, en fonction de la nature (ombres au soleil ou

ombres au flambeau) et de la position de la source lumineuse (au regard des autres éléments, point de vue,

tableau, objet ombragé) ; cette seconde partie intitulée «

Des Ombres, Livre deuxiesme

 », comporte un

préambule avec une longue citation d’un poème de du Bartas sur le sujet des éclipses, puis deux spécifications

sur les notions de clarté et d’ombre («

Des diverses sortes de clairitez et des diverses sortes d’ombres

 »).

La quatrième section (« 

Des Choses qui apparoissent aux Miroirs planes, & de la raison de telles

apparitions

 ») traite de la mise en perspective des reflets des objets dans des miroirs-plans : elle comporte

6 théorèmes. Le traité se termine par le dessin perspectif d’un dodécaèdre évidé, dont les faces pentagonales

sont formées d’étoiles à cinq branches. Ce dessin reprend un détail de la page de titre de l’ouvrage.

Les sources de Salomon de Caus pour La perspective sont diverses et leur influence se traduit dans l’ouvrage

par plusieurs aspects déjà évoqués. Il maîtrise à l’évidence les connaissances géométriques théoriques

classiques ; il a lu Euclide (probablement dans l’édition de 1570 préfacée par John Dee) et, de son propre

aveu, il a lu Vitruve, Héron d’Alexandrie et sans doute aussi Archimède. Ce dernier est cité, ainsi que

Vitruve, dans le poème de Jacques Le Maire imprimé en tête de l’ouvrage : c’est une référence implicite

à ses travaux de statique et d’ hydraulique. Quant à la perspective proprement dite, on peut penser qu’il en

a rapporté les éléments de son voyage en Italie, où il a pu en connaître les aspects théoriques et pratiques soit

par voie orale en fréquentant des cercles érudits, soit en disposant des traités de nombreux auteurs tels que

Serlio, Barbaro, Vignole, voire Alberti et très probablement Piero della Francesca, dont le traité manuscrit

connut de nombreuses copies et des extraits plus ou moins littéraux, inclus dans le traité de Barbaro, qui

emprunte aussi des éléments à Dürer

 » (Jean-Pierre Le Goff sur le site Architectura).

Provenance : Ilderton Barn 1810 (inscription sur le titre gravé).

Rare first edition, second issue, of this famous book on perspective by the architect and engineer

Salomon Caus. He wrote on a variety of subjects including hydraulics, mechanics, music and

perspective.