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les collections aristophil

388

MALRAUX (André).

La Condition humaine.

Paris : librairie Gallimard

, [1933]. — In-12, 186 x 120 : 402 pp.,

(1 f.), couverture imprimée. Broché, chemise à dos de box

gris et étui modernes.

30000/ 40000€

Édition originale de l’une des grandes œuvres de la littérature française

et l’un des romans les plus lus du XX

e

siècle, lauréat du prix Goncourt

l’année de sa publication.

Exemplaire du service de presse, l’un des plus précieux de ce livre

puisqu’il s’agit de celui de Louis-Ferdinand Céline, enrichi de cet

envoi autographe sur le premier feuillet blanc :

A L. F. Céline // avec la grande // sympathie artistique // d’ //

André Malraux

Ce dernier a accompagné son envoi d’un dessin original représentant

un oiseau.

Cet exemplaire fit partie de la collection de Dominique de Villepin,

vendu par l’étude Pierre Bergé le 28 novembre 2013 sous le numéro

131. Nous y rapportons le commentaire que l’expert Benoît Forgeot

fit à propos de cet envoi et de la relation entre les deux écrivains :

« Témoignage unique et la trace autographe d’une rencontre au

sommet dans le siècle. La transmission de l’exemplaire à l’auteur du

Voyage au bout de la nuit

est des plus captivantes. Non seulement

elle associe les deux romanciers phares, mais elle symbolise deux

visions antithétiques de la condition humaine, quant à la transcender

ou pour s’en accommoder. L’envoi atteste ici à la fois la réalité de

cette sympathie artistique et sa limite. Dans un entretien avec Frédéric

Grover de 1973, André Malraux opère une nette distinction entre

leurs deux œuvres: «Il me semble qu’il y a tout de même une grande

différence : l’absence de toute collectivité dans le

Voyage

. La notion

collective domine

La Condition humaine

. À cette époque-là, poser le

communisme chinois alors que personne ne s’intéressait à la chose,

c’était une grande nouveauté. (...) Pour ce qui est des différences

entre le

Voyage

et

La Condition humaine

, un point me paraît crucial :

moi, je me place à l’intérieur d’un problème métaphysique.» Après

l’amnistie de Céline en 1951, alors que les éditeurs refusaient de le

publier, Malraux lui porta secours, en dépit des nombreuses injures

qu’il lui avait adressées, du genre: «Malraux l’écrivain cocaïnomane,

voleur (condamné pour vol!), mythomane...» (Lettre de Céline à sa

femme, 20 mars 1946). Néanmoins, Malraux adressa une lettre à

Gaston Gallimard pour lui recommander l’auteur sulfureux : «Je crois

que Céline a grande envie de passer chez vous. (...) Inutile de vous

dire que je m’en fous complètement car je crois qu’il m’a naguère

couvert d’injures (...) mais si c’est sans doute un pauvre type, c’est

certainement un grand écrivain. Donc, si vous voulez que je vous le

fasse parachuter, dites-le moi» (

Dictionnaire Malraux

, 2011, p. 142). »

Provenances : Louis-Ferdinand Céline, avec envoi autographe. -

Dominique de Villepin, avec ex-libris (cat. Bergé, 28 novembre 2013,

n° 131).

Exposition : rétrospective André Malraux organisée à la fondation

Maeght à Saint-Paul-de-Vence en 1973 (p. 103 du catalogue).