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L
ivres
anciens
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[INCUNABLE] TÉRENCE.
Terenti(us) cu(m) Directio Vocabulor(m) Sententiaru(m), artis Comice, Glosa i(n)terlineali, Come(n)tariis Donato
Guidone Ascensio.
Strasbourg : Johann Grüninger, 1499. —
In-folio, 298x209 : (6 ff.), 172 ff. mal foliotés CLXXXI. [sig. []
6
b-c
8
d-z
6
A-F
6
]. Demi-parchemin ivoire à coins, dos lisse, tranches mouchetées (
reliure du XX
e
siècle
).
3000 / 4000€
Laure Hermand-Schebat,
Texte et image dans les éditions latines commentées de Térence
. - Brunet, V, col. 710.
UN DES GRANDS LIVRES ILLUSTRÉS DU XV
e
SIÈCLE.
Il s’agit de la seconde édition que donna l’éditeur et imprimeur strasbourgeois Johann Grüninger (1455?-1533), après celle de
1496. Elle propose comme la première les comédies de Térence accompagnées du commentaire ancien du grammairien et
rhéteur du IV
e
siècle Donat, et ceux modernes du grammairien et théologien Guy Jouenneaux (1450?-1507) et de l’humaniste
Josse Bade (1461-1535).
Grüninger imprima près de 300 titres entre 1483 et 1531, aussi bien des classiques grecs et latins que des missels, des recueils
de sermons, des ouvrages scientifiques, des almanachs ou des romans de chevalerie. Très vite il attacha une grande impor-
tance à l’illustration, se distinguant alors de la plupart de ses confrères. Il se contenta au début de faire recopier ou d’imiter
des compositions d’éditions plus anciennes, généralement d’Augsbourg, de Bâle ou de Cologne. Ce n’est qu’en 1496-1497
qu’il orna pour la première fois ses éditions de bois originaux d’une réelle valeur artistique, et le premier livre qui ouvre la
longue série d’éditions illustrées de tels bois est le Térence, d’où son importance dans l’histoire des livres illustrés au XV
e
siècle.
L’illustration comprend 165 compositions gravées sur bois en second tirage, dont une sur le titre, représentant un théâtre
orné d’un décor de style gothique, 6 gravures à pleine page, placées en tête de chaque pièce, et 158 gravures dans le texte.
La facture de ces bois est typique du style strasbourgeois : «Ce style caractérise les gravures publiées dans les ouvrages de
la plupart des imprimeurs de la ville vers 1500 […]. Il s’agit d’un art inspiré par la gravure sur cuivre à laquelle il emprunte son
système de hachures longues et serrées, parfois croisées. On y décèle nettement l’influence des célèbres graveurs sur cuivre
haut-rhénans Martin Schongauer et E.S. » (Dupeux, Lévy, Wirth, p. 16).
L’autre caractéristique de ces illustrations c’est l’utilisation de la combinaison de bois gravés, inspirée de la technique typo-
graphique. Les compositions que l’on trouve dans le texte sont effectivement formées de plusieurs blocs de bois assemblés
pour former une scène. Ces blocs représentent des personnages, des végétaux ou des éléments d’architecture. Les person-
nages sont identifiables grace à des phylactères placés au-dessus d’eux. Laure Hermand-Schebat précise que Le Térence de
1496 représente ainsi «un pas décisif dans la décomposition de l’image», l’édition utilisant «85 bois imprimés 745 fois pour
former 149 images différentes » (Laure Hermand-Schebat, p. 5).
Les illustrations à pleine page sont également novatrices. Situées au début de chaque pièce, elles représentent l’ensemble
des personnages, groupés selon la maison à laquelle ils se rattachent. « Le personnage représenté au centre est toujours celui
qui dénoue l’action. La gravure vise aussi à restituer l’intrigue de la pièce ; l’artiste situe les événements les plus éloignés dans
le temps en haut de la gravure, invitant le lecteur à adopter un regard descendant pour comprendre les péripéties succes-
sives de la pièce. La visée est à la fois pédagogique et commerciale» (Laure Hermand-Schebat, p. 7).
L’intérêt ne provient pas que de l’illustration. Le texte et les commentaires y sont présentés également d’une façon très inno-
vante. Le texte de Térence est imprimé en gros caractères romains aux lignes très espacées. Il est entouré du commentaire
de Donat comprenant un système de renvoi par lettres permettant un retour facile entre le texte de Térence et les notes. Le
commentaire de Jouenneaux est placé entre les lignes des pièces et celui de Josse Bade à la fin de certaines scènes.
Exemplaire en reliure moderne, rogné court en tête avec atteinte en haut de la gravure du titre et à plusieurs titres courants.
Titre sali et restauré dans les marges, quelques trous de vers aux premiers feuillets. Salissures et taches touchant plusieurs
feuillets. Restauration dans la marge de quelques feuillets (premier cahier, feuillets XVIII, XXVIII et CXVIII, CXLIII) sans atteinte
au texte. Rehaut de rouge ancien sur quelques gravures. Les feuillets du cahier k sont reliés dans le désordre.