Previous Page  100 / 200 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 100 / 200 Next Page
Page Background

98

L

ivres

des

XIX

e

et

XX

e

siècles

87

GRACQ (J

ulien

).

La Littérature à l’estomac.

Paris : José Corti,

[1950]. — In-16, 161 x 109 : 73 pp., (1 f. blanc), couverture imprimée. Demi-maroquin noir à

la bradel, dos lisse, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (

reliure moderne

).

600 / 800 €

13280/1

Édition originale de cet essai de Julien Gracq paru pour la première fois dans

Empédocle

, revue

d’Albert Camus.

L’auteur y dénonce les différents systèmes de promotion moderne de la littérature et étudie

l’attitude du public envers cette littérature et ceux qui la font. L’écriture est claire et vive, et le

texte propose quelques belles formules : « En bref, un écrivain français jouit par rapport au public

de deux spécifications parfois vastement différentes : il a une situation et une audience - on

rendra la chose claire à tous en disant que par exemple M. Georges Duhamel dispose plutôt

d’une situation et M. Henri Michaux plutôt d’une audience » (p. 45).

UN DES 40 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SUR PAPIER LAFUMA, SEUL TIRAGE SUR GRAND

PAPIER (n° 2).

Exemplaire en reliure moderne.

88

GRACQ (J

ulien

).

Le Rivage des Syrtes.

Paris : Librairie José Corti,

[1951]. — In-8, 195 x 121 : 353 pp., (1 f.), couverture imprimée. Demi-chagrin bor-

deaux à coins, dos à nerfs, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés (

Le Douarin

).

6000 / 8000 €

13280/4

Édition originale de l’un des grands romans du XX

e

siècle, primé au Goncourt

l’année de sa sortie, prix que l’auteur refusa. Il s’agit non seulement de l’œuvre la

plus connue de l’auteur, mais également de son œuvre majeure dans le domaine

de la fiction.

« Ce que j’ai cherché à faire, entre autres choses, dans Le Rivage des Syrtes,

plutôt qu’à raconter une histoire intemporelle, c’est à libérer par distillation un

élément volatil “l’esprit-de-l’Histoire”, au sens où on parle d’esprit-devin, et à

le raffiner suffisamment pour qu’il pût s’enflammer au contact de l’imagination.

Il y a dans l’Histoire un sortilège embusqué, un élément qui, quoique mêlé à

une masse considérable d’excipient inerte, a la vertu de griser. Il n’est pas ques-

tion, bien sûr, de l’isoler de son support. Mais les tableaux et les récits du pas-

sé en recèlent une teneur extrêmement inégale, et, tout comme on concentre

certains minerais, il n’est pas interdit à la fiction de parvenir à l’augmenter.

Quand l’Histoire bande ses ressorts, comme elle fit, pratiquement sans un mo-

ment de répit, de 1929 à 1939, elle dispose sur l’ouïe intérieure de la même agres-

sivité monitrice qu’a sur l’oreille, au bord de la mer, la marée montante dont je

distingue si bien la nuit à Sion, du fond de mon lit, et en l’absence de toute notion

d’heure, la rumeur spécifique d’alarme, pareille au léger bourdonnement de la

fièvre qui s’installe. L’anglais dit qu’elle est alors on the move. C’est cette remise

en route de l’Histoire, aussi imperceptible, aussi saisissante dans ses commence-

ments que le premier tressaillement d’une coque qui glisse à la mer, qui m’occu-

pait l’esprit quand j’ai projeté le livre. J’aurais voulu qu’il ait la majesté paresseuse

du premier grondement lointain de l’orage, qui n’a aucun besoin de hausser le

ton pour s’imposer, préparé qu’il est par une longue torpeur imperçue » (Julien Gracq,

En lisant en écrivant,

p. 216).

UN DES 40 EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR VERGÉ DE RIVES (n° 6).

Exemplaire en modeste reliure signée. Petites déchirures sans gravité sur le bord du second plat de la couverture.