École des chartes : les gardiens de la mémoire française
École des chartes : les gardiens de la mémoire française. Cet établissement très peu connu du grand public forme les archivistes-paléographes. Ce sont eux qui veillent sur les archives et les bibliothèques.
À l’ombre des arbres de la place de la Sorbonne, sirotant des cafés aux terrasses des bistrots, rares sont les étudiants qui connaissent l’École des chartes. Pourtant, jusqu’en octobre dernier, elle se trouvait juste sous leurs yeux : au 19 rue de la Sorbonne. Voilà 117 ans que cette institution formait les plus brillants esprits au coeur même de la célèbre université du Quartier latin. Pour retrouver sa trace, il faut désormais changer de rive et prendre la direction de la rue de Richelieu. Les chartistes y ont investi un bâtiment plus moderne, à proximité immédiate de la Bibliothèque nationale de France.
Confortablement installé dans un bureau meublé de chaises Le Corbusier, Jean-Michel Leniaud ne cache pas sa satisfaction de bénéficier de ces nouveaux locaux « beaucoup plus spacieux » depuis fin 2014. Directeur de l’École nationale des chartes depuis 2011, ancien « chartiste » lui-même, ce spécialiste de l’architecture et de l’art du XIXe et XXe siècle a entamé un vaste chantier de réformes. Sous son impulsion, l’établissement s’est modernisé en s’ouvrant davantage sur l’extérieur et en adoptant de nouveaux enseignements.
Un concours ultra-sélectif
La tâche n’était pas simple. Malgré presque deux cents années au compteur, l’École nationale des chartes, créée sous le règne de Louis XVIII par l’ordonnance du 22 février 1821, souffre de sa discrétion. Méconnue du grand public, elle jouit cependant, à l’image de l’École normale supérieure ou de Polytechnique, du statut de grande école. Signe de sa qualité, elle peut se vanter d’un prestige important à l’étranger, où elle a été souvent imitée. Tous les ans, après deux années de classes préparatoires, plusieurs centaines de candidats tentent leur chance aux concours d’entrée… pour une vingtaine de places. Ces dernières sont réparties à travers deux formations : une plus classique et centrée sur l’histoire (le latin est obligatoire), dite filière A, et une autre proposant des matières plus diversifiées, dite filière B.
Dans les faits, l’école a pour mission d’assurer la formation du personnel scientifique des archives et des bibliothèques. Les admis, assimilés à des élèves fonctionnaires stagiaires, reçoivent un traitement mensuel s’élevant à 1 250 euros net. En échange de quoi ils devront consacrer une partie de leur carrière au service de l’État. Après trois ans et neuf mois de cours, et l’écriture d’une thèse interne à l’école, les élèves obtiennent le diplôme d’archiviste-paléographe. Ainsi, succédant à leurs aînés, ils deviennent les gardiens de la mémoire française. Avec 95 % d’insertion professionnelle, l’École des chartes a de quoi faire rêver un bon nombre d’universités françaises.
Merci au Point pour l’article de Nicolas Guégan et Ayann Koudou
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