L’info du Bibliophile


« L’aventure des textes et la vie des livres : la lecture au Moyen Âge » Pascale Bourgain, correspondante de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Pascale Bourgain, correspondante de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a embarqué son auditoire, lundi 22 mai, dans « L’aventure des textes et la vie des livres au Moyen Âge ». Contrairement à une idée reçue qui veut que la lecture aurait reculé au Moyen Âge par rapport à l’Antiquité, l’oratrice a avancé qu’elle est restée au contraire essentielle en Occident à la période médiévale, comme en témoigne notamment le grand nombre de livres conservés. Certes, tout le monde ne lisait pas. Mais si l’on se réfère à l’étymologie du mot « lire » en latin, qui signifie « cueillir » et récolter des pensées pour construire la sienne, force est de constater que la proportion des lecteurs n’est peut-être pas différente de nos jours, quand si peu d’entre nous se servent de la lecture et de l’écriture pour vivre pleinement, a-t-elle rappelé à l’orée de sa conférence.

LE FABULEUX VOYAGE DU GRADUEL DE BELLELAY

Le Graduel de Bellelay est un livre liturgique et musical du XIIe siècle appartenant à l’ordre des Prémontrés.

Ce livre, un des premiers qui ait été annoté, a été utilisé pour chanter la messe dans l’abbaye prémontré de Bellelay du XIIe au XVIIIe siècle avant d’être définitivement remisé dans les archives de la Bibliothèque cantonale jurassienne. Mais, en 1998, le Graduel sort de l’oubli. En effet, L’Atelier d’Axiane, une fondation d’utilité publique promouvant l’art-thérapie, marque son intérêt pour l’œuvre en l’associant à des travaux scientifiques liés aux troubles du langage et aux difficultés de l’expression humaine.

Conférence intitulée « Les Livres interdits », Jean-Yves Mollier, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, retrace l’histoire de la censure, depuis le début de l’imprimerie au XVe siècle en Europe jusqu’à aujourd’hui.

Il montre que l’interdiction des livres est une menace permanente qui perdure jusqu’au XXIe siècle : la censure ne meurt jamais. Elle adopte différentes formes au cours des siècles, de la congrégation de l’Index dans l’Europe de la Contre-réforme aux formes plus insidieuses d’aujourd’hui : la concentration des maisons d’édition et l’émergence de groupes de pression puissants. Il rappelle que le seul parti à prendre est de miser sur l’intelligence du lecteur : c’est en lisant les œuvres du passé, et précisément celles qui charrient des positions radicalement opposées aux nôtres, que l’humanité peut espérer se libérer de ses préjugés. 

« Ce que j’aime particulièrement avec les livres ou les manuscrits anciens c’est leur rapport avec l’intime, ce qui a été lu ou écrit, possédé ou aimé. Le livre, objet de passion, peut aussi devenir un véritable objet d’art à part entière lorsque l’écrit est sublimé par l’illustration ou la reliure. » — Sophie Perrine

La maison Aguttes a été choisie en 2017 pour orchestrer les ventes de la formidable et immense collection de livres et manuscrits réunie par Aristophil. Au bout de cinq années, le montant total des ventes s’élève à plus de 108 millions d’euros avec 335 préemptions, de nombreux records, trois lots classés Trésor national et une suite de catalogues qui marquera l’histoire de la profession.

Notre maison a ainsi renforcé sa position sur ce marché et enrichi son fichier de collectionneurs dans le monde entier.

Forts de cette expérience, nous sommes à même de pouvoir cibler notre clientèle pour un livre d’heures du XIIIe siècle, un atlas du XVIIe siècle, une édition originale de Marcel Proust, un livre illustré par Pablo Picasso mais aussi un manuscrit musical de Stravinsky ou encore une lettre de Charles Baudelaire.

L’enchère la plus élevée demeure celle de la théorie de la relativité d’Albert Einstein et Michele Besso : 11,7 millions d’euros en 2021.

AR SEIZ BREUR 1923-2023 : LE CENTENAIRE. EXPOSITIONS PUBLIQUES, PARLEMENT DE BRETAGNE • SALLE DES PAS PERDUS • DU 8 AU 13 JUILLET 2023.

La célébration du centenaire des Seiz Breur est l’occasion de dévoiler certaines créations inédites de ce mouvement artistique et de mesurer la véritable révolution des codes graphiques et esthétiques qu’il a initiée, tant en Bretagne qu’au-delà. Le constat de ces jeunes artistes, réunis en un groupe que Pierre Abadie-Landel qualifiait en 1924 d’association «amicale, fraternelle et artistique» est éloquent : les arts et les arts appliqués en Bretagne, terre d’une fabuleuse richesse culturelle nourrie d’un passé préhistorique et légendaire.

RENNES ENCHERES. Carole JEZEQUEL. AR SEIZ BREUR 1923-2023 : LE CENTENAIRE. EXTRAIT DE LA VENTE DU JEUDI 13 JUILLET 2023 à 14h00.

La célébration du centenaire de la naissance du mouvement artistique Ar Seiz Breur m’a ainsi permis, avec Tangui Le Lonquer, spécialiste reconnu de ce mouvement, de créer un partenariat innovant avec les maisons de vente Thierry-Lannon & Associés à Brest et Lorient ainsi que Salorges Enchères à Nantes et la Baule. Ce partenariat est la preuve vivante de notre ambition partagée d’être des acteurs culturels passeurs de mémoire et d’âme en Bretagne.

L’odeur des livres anciens bientôt inscrite au Patrimoine Culturel et Immatériel de l’Unesco ?

Une étude scientifique démontre l’importance de préservation et de reconnaissance de l’odeur des livres anciens. Les auteurs de l’étude souhaiteraient inscrire ce type d’odeur au Patrimoine Culturel et Immatériel de l’UNESCO. Peut-être en avez-vous déjà fait l’expérience de tourner les pages d’un livre pour sentir son odeur et être transporté dans un souvenir de lecture au coin du feu durant votre enfance où à la bibliothèque de votre quartier ? L’odeur des livres est pour beaucoup une sorte de « Madeleine de Proust » qui renvoie directement à un souvenir vécu grâce à un livre, c’est la raison pour laquelle certains se battent pour sa conservation.

Garamont, naissance d’un imprimeur, avec Rémi Jimenes Historien, maître de conférence à l’Université de Tours, rattaché au Centre d’études supérieures de la Renaissance.  

Au XVIe siècle, le tailleur et fondeur de caractères Claude Garamont est invité par François Ier à inventer une série de polices d’écriture. Ses créations représentent une véritable révolution typographique et aujourd’hui encore, la police d’écriture qui porte son nom est partout. Né vers 1510 à Paris, Claude Garamont est un enfant de la balle. Il appartient par sa naissance au monde des ouvriers imprimeurs et grandit dans le quartier de la Sorbonne, où vivent et travaillent les professionnels du monde du livre. Formé comme apprenti fondeur auprès d’Antoine Augereau, le jeune Garamont grandit et apprend dans un climat d’effervescence culturelle et intellectuelle. La révolution humaniste bat son plein : la graphie, l’orthographe, la mise en page sont au cœur de ces réflexions nouvelles sur la formalisation et la diffusion des idées nouvelles.

La typographie et les humanistes

Ce bouillonnement intellectuel est soutenu par François Ier, un monarque humaniste, protecteur des arts et des lettres. Soucieux d’encourager le développement d’une littérature en langue française, le roi est particulièrement curieux des innovations typographiques de son temps. Dans les années 1530, les typographes rompent avec la tradition gothique et imaginent des caractères romains, plus élégants, fins et déliés, proches de l’écriture manuscrite. Les caractères de Claude Garamont sont particulièrement réguliers et maîtrisés, et son travail suscite l’intérêt de Jean de Gagny, l’aumônier et conseiller du roi. Sur la recommandation de ce dernier, Garamont devient le graveur de caractères du roi, qui le charge de mettre au point différentes polices grecques.