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Des livres précieux s’envolent de la bibliothèque du Mont Sainte-Odile. Il faut se figurer une bibliothèque patrimoniale importante : Manuscrits anciens, Incunables, livres du XVIe au XIXe siècle.

Nous sommes face à un fonds confidentiel, précieux mais très peu consulté. Peu de temps avant les faits, l’accès à la bibliothèque de l’abbaye se faisait en utilisant une clé cachée derrière une statue. On ne s’imaginait nullement qu’un voleur viendrait exploiter les faiblesses de la sécurité de ce lieu sacré.

Le manuscrit franciscain retrouvé, coulisses d’une enquête… par Xavier Mauduit

HISTOIRE D’UN MANUSCRIT RETROUVE

Quel est cet étrange manuscrit de petite taille, celle d’un livre de poche, récemment acheté par la Bibliothèque nationale de France ? Qui l’a écrit, d’où vient-il, que contient-il ? C’est l’occasion d’une formidable enquête actuelle et médiévale. Il est certain que ce manuscrit n’est pas le second tome de la Poétique d’Aristote, le livre que cherche frère Guillaume de Baskerville, un moine franciscain, dans « Le Nom de la rose », le roman d’Umberto Eco. Pour son enquête, frère Guillaume n’est accompagné que de son disciple, le jeune Adso. Là, c’est tout une équipe de chercheurs et de chercheuses mobilisée : historiens, historiennes, experts en paléographie, en physique, chimie, biologie et bien sûr théologie. Il y a sans doute moins de crimes et de tension sexuelle à la Bibliothèque nationale que dans « Le Nom de la rose » (quoique…). Dans les deux cas, l’enquête est palpitante, riche de suspens et de rebondissements. Xavier Mauduit

Minuscule livre de poche (12 x 8 cm), le manuscrit mis en vente en 2014 par une galerie parisienne, fruste, usé, dépenaillé et à peine déchiffrable, a pourtant suscité un extraordinaire engouement international et d’intenses investigations scientifiques. Ce libricino qu’un frère itinérant, disciple de François d’Assise, glissait dans sa besace voici huit cents ans fut, en quelques mois, acquis par la Bibliothèque nationale de France, numérisé et MIS EN LIGNE SUR GALLICA pour être offert à l’expertise internationale.

Érik Desmazières, artiste graveur

Érik Desmazières a été élu, le 9 avril 2008, membre de la section de gravure de l’Académie des beaux-arts, au fauteuil précédemment occupé par Jean-Marie Granier. Son œuvre gravé offre des images de cités imaginaires, de bibliothèques « babéliennes », d’architectures à la Piranèse, de vues de Paris, de vues d’intérieurs, d’appartements ou d’ateliers : rencontre avec l’artiste autour de son parcours et quelques-unes de ses gravures.

Érik Desmazières est né à Rabat, en 1948. Il a passé son enfance au Maroc, puis en France et au Portugal. Il s’installe à Paris en 1967. Il entre à l’Insitut d’études politiques dont il sort diplômé en 1971. Ayant toujours dessiné depuis l’enfance, il suit les cours du soir de la Ville de Paris, étudiant le dessin et la gravure avec Jean Delpech. En 1972, il choisit la gravure pour métier et principal moyen d’expression. Il fut encouragé par Philippe Mohlitz. Son œuvre gravée comprend des centaines de planches figurant dans des collections publiques ou privées. Elles ont été présentées dans de nombreuses expositions personnelles et collectives, à Paris, New-York, Londres, en Suisse, au Japon, à Amsterdam… Le marchand new-yorkais Andrew Fitch a entrepris la publication de son œuvre gravée.

« Manuscrits des Ducs de Bourbon, XIVe – XVIe siècle » au château de Chantilly.

Le musée Condé de Chantilly abrite 50 des 600 volumes connus pour avoir constitué la « librairie » des ducs et Duchesses de Bourbon, l’une des plus prestigieuses collections constituées au tournant du Moyen Âge et de l’époque moderne. Aux côtés des manuscrits et peintures de Chantilly, le « Livre d’Heures » de Jeanne de France, classé Trésor national et acquis en 2012 par la Bibliothèque nationale de France, est exceptionnellement présenté au public. Pour cette visite privée exceptionnelle, vous êtes accompagnés par Marie-Pierre Dion, conservateur général des bibliothèques, responsable des bibliothèques et des archives du musée Condé.

Les Minutes de Port Royal, « Voir Port-Royal, l’œuvre d’une femme: Madeleine Horthemels (1686-1767) », par Christine Gouzi, Maître de conférences à Sorbonne Université, membre de la Société des Amis de Port-Royal.

On se représente Port-Royal des Champs, détruit sur ordre de Louis XIV, notamment grâce à une célèbre série de gravures et de gouaches qui sont l’œuvre d’une femme, Madeleine Horthemels. Cette séquence évoque la personnalité et le travail de cette remarquable artiste. Louise Magdeleine Hortemels est née à Paris en 1686 de Daniel Horthemels, libraire originaire de la Hollande, et de Marie Cellier. Elle a au moins six frères et sœurs Janséniste, la famille a des liens avec l’abbaye de Port-Royal des Champs

Elle est active comme graveur dès 1707. Ses premières œuvres montrent une certaine rigidité dans la ligne, avec un insistance sur les détails architecturaux. Son talent réside néanmoins dans la gravure du travail des autres de sorte que leur génie a été révélé alors que son propre style était supprimé. Exécuté d’une main sûre, son travail montre une délicatesse et une clarté dans la touche, qui furent admirés en son temps. Horthemels est active comme graveur à Paris pendant près de cinquante ans, produisant plus de soixante plaques de cuivre signées et collaborant, comme son mari, à l’illustration de l’Histoire et description de l’Hôtel des Invalides et de l’Histoire générale de Languedoc.

« L’aventure des textes et la vie des livres : la lecture au Moyen Âge » Pascale Bourgain, correspondante de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Pascale Bourgain, correspondante de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a embarqué son auditoire, lundi 22 mai, dans « L’aventure des textes et la vie des livres au Moyen Âge ». Contrairement à une idée reçue qui veut que la lecture aurait reculé au Moyen Âge par rapport à l’Antiquité, l’oratrice a avancé qu’elle est restée au contraire essentielle en Occident à la période médiévale, comme en témoigne notamment le grand nombre de livres conservés. Certes, tout le monde ne lisait pas. Mais si l’on se réfère à l’étymologie du mot « lire » en latin, qui signifie « cueillir » et récolter des pensées pour construire la sienne, force est de constater que la proportion des lecteurs n’est peut-être pas différente de nos jours, quand si peu d’entre nous se servent de la lecture et de l’écriture pour vivre pleinement, a-t-elle rappelé à l’orée de sa conférence.

LE FABULEUX VOYAGE DU GRADUEL DE BELLELAY

Le Graduel de Bellelay est un livre liturgique et musical du XIIe siècle appartenant à l’ordre des Prémontrés.

Ce livre, un des premiers qui ait été annoté, a été utilisé pour chanter la messe dans l’abbaye prémontré de Bellelay du XIIe au XVIIIe siècle avant d’être définitivement remisé dans les archives de la Bibliothèque cantonale jurassienne. Mais, en 1998, le Graduel sort de l’oubli. En effet, L’Atelier d’Axiane, une fondation d’utilité publique promouvant l’art-thérapie, marque son intérêt pour l’œuvre en l’associant à des travaux scientifiques liés aux troubles du langage et aux difficultés de l’expression humaine.

Conférence intitulée « Les Livres interdits », Jean-Yves Mollier, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, retrace l’histoire de la censure, depuis le début de l’imprimerie au XVe siècle en Europe jusqu’à aujourd’hui.

Il montre que l’interdiction des livres est une menace permanente qui perdure jusqu’au XXIe siècle : la censure ne meurt jamais. Elle adopte différentes formes au cours des siècles, de la congrégation de l’Index dans l’Europe de la Contre-réforme aux formes plus insidieuses d’aujourd’hui : la concentration des maisons d’édition et l’émergence de groupes de pression puissants. Il rappelle que le seul parti à prendre est de miser sur l’intelligence du lecteur : c’est en lisant les œuvres du passé, et précisément celles qui charrient des positions radicalement opposées aux nôtres, que l’humanité peut espérer se libérer de ses préjugés.