Lot n° 86

BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée « H. Berlioz » à un de ses oncles. Stuttgart, 23 …

Estimation : 600 - 800 EUR
Adjudication : 1 438 €
Description
BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée « H. Berlioz » à un de ses oncles. Stuttgart, 23 décembre [1842]. 4 pp. in-12, fentes aux pliures. LA SYMPHONIE FUNEBRE ET TRIOMPHALE. Hector Berlioz reçut commande par le pouvoir royal de deux morceaux « pour l'inauguration de la colonne de la Bastille et la translation des restes des combattants de Juillet », à l'occasion de l'anniversaire des dix ans de la révolution qui mit Louis-Philippe Ier sur le trône. Il avait conçu une symphonie en 1832-1835, et y eut recours en cette affaire : elle fut jouée en juillet 1840, dans la rue pour la cérémonie publique (probablement deux mouvements seulement pour se conformer à la commande) puis en concert à trois reprises en juillet et août 1840. Il remania ensuite deux fois le dernier mouvement de cette symphonie, d'abord en 1841 ou au début de 1842 en y ajoutant un orchestre de cordes (version jouée deux fois en concert en février 1842), puis plus tard dans l'année 1842 en y ajoutant un chœur (version définitive créée avec succès à l'Opéra le 7 novembre 1842). VOYAGE EN ALLEMAGNE. De décembre 1842 à mai 1843, sans sa femme la comédienne Harriet (Henriette) Smithson mais avec sa maîtresse la cantatrice Marie Recio, Hector Berlioz fit une tournée dans une grande partie de l'Allemagne, où il assista à des concerts et en dirigea lui-même. « Cher oncle, je n'ai pas répondu à votre dernière lettre, Nanci [la sœur d'Hector Berlioz] vous en aura sans doute donné la raison. Je n'ai fait qu'une apparition à Paris en revenant de Francfort et de Bruxelles où j'étais allé donner deux concerts et en préparer d'autres. J'AI, AVANT DE REPARTIR, FAIT ENTENDRE A L'OPERA MA GRANDE SYMPHONIE FUNEBRE ET TRIOMPHALE POUR DEUX ORCHESTRES ET CHŒUR. L'EXECUTION A ETE FLAMBOYANTE ET LE SUCCES FLAMBANT ; vous n'étiez pas là, c'est trop juste. Maintenant me voilà de nouveau par voies et chemins, escorté d'un monceau de musique à charger un fourgon et qui coûte deux fois autant que ma place dans les diligences, bateaux à vapeur, etc. Je croyais donner mon premier concert à Francfort après-demain jour de Noël, mais pour divers motifs d'économie théâtrale, le directeur [le compositeur Karl Guhr] m'a prié de le remettre au 11 janvier. En conséquence, pour ne pas perdre mon temps, je suis venu ici. Le roi de Wurtemberg a mis à ma disposition le théâtre et l'orchestre pour jeudi 29 [décembre] ; et je vais demain inviter les musiciens dont je ne connais qu'un seul ; mais LE CHEF MAITRE DE CHAPELLE [Peter von] Lindpaintner m'assure que ce n'est qu'une formalité de politesse et qu'ils seront tous à leur poste pour répéter mardi matin. Il A EU LUI-MEME AUSSI LA GRACIEUSE OBLIGEANCE DE ME REMETTRE LE BATON DE CHEF POUR DIRIGER MES SYMPHONIES. Je commence à espérer que tout ira. Il faut surtout que le roi vienne, sans quoi la Cour ne paraîtrait pas au concert et dans ces villes dépeuplées le public est bien maigre et la recette plus maigre encore. Je retournerai ensuite à Francfort pour donner deux concerts, le 11 et le 13, et de là je me dirigerai, je pense, sur Munich... le reste de la dépêche est encore un peu interrompu par le brouillard. Je vous la transmettrai dès que j'y verrai clair. Je rencontre partout de ces gens qui se disent nos amis ; quelques-uns me sont utiles mais d'autres sont cruellement ennuyeux. J'ai probablement habité pendant 24 heures le même bateau que vous et pour la seconde fois, car C'EST MON SECOND TOUR DU RHIN. J'EN FERAIS VOLONTIERS UN TROISIEME TANT CE PAYSAGE A DE FEERIES ET DE MERVEILLES POETIQUES, mais la navigation va être interrompue – toujours par le brouillard. Nanci [sœur d'Hector Berlioz] m'a donné des nouvelles de mon père peu de jours avant mon départ, tout va bien de ce côté. Adèle [autre sœur], seule, depuis un quart d'année tout au moins, ne m'a pas écrit un quart de ligne. HENRIETTE A EU PLUS DE RAISON POUR CE VOYAGE QUE POUR LE PRECEDENT ET NE M'A... [PAS] OBLIGE A ME SAUVER ; (IL L'AVAIT FALLU, LA PREMIERE FOIS...). JE N'AIME PAS LES FUGUES. Si vous voulez me favoriser (comme disent les Italiens) de quelques lignes, écrivez-moi à Francfort poste restante, jusqu'au 12 janvier seulement. Adieu, cher oncle, priez le Bon Dieu pour le succès moral et espécial de mes concerts, je vous le rendrai quand viendra la promotion générale... »
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