Lot n° 37

Fontenelle (Bernard Le Bouyer de). Lettre autographe signée à une amie. S.l., 1er janvier 1707. 4 pp. in-12 d'une fine écriture serrée. lettre galante, suPerBe de style, évoquant entre autres l'écrivain la motte. Elle est probablement adressée...

Estimation : 800 / 1.000
Adjudication : 1 200 €
Description
à la marquise de lamBert, qui tint un des principaux salons littéraires de son temps que Fontenelle fréquenta assidument. « Il est le premier janvier 1707, et il sonne six heures et demie du matin, ainsi, Madame, voici incontestablement la première action de ma nouvelle année. Que feroit-on de mieux dans le culte le plus superstitieux que l'on rendroit à quelque divinité terrestre ? Je vous assure que quand vous voudriés bien être cette divinité-là, vous ou votre cadette, je ne sentirois pas plus de plaisir de commencer mon année comme je fais. Il y a huit jours que je diffère à me donner l'honneur de vous écrire pour prendre ce moment-cy, et que je m'en fais d'avance un ragout assés délicat. Il est bien vrai, et je voi que vous le pensés dans le moment, que j'aurois du écrire longtemps avant ces huit jours. Oh ! je le sai bien, et on ne me dira rien sur cela dont mon impitoyable conscience, plus impitoyable encore quand elle parle pour vous, ne m'ait déjà bien fatigué... je ne voi pLus quanD vous pourrés revenir, si La nouveLLe Lune qui sera Le 3 et que j'ai été chercher Dans L'almanach de l 'oBservatoire ne change Le temps. ce n'est pas que natureLLement je croye à La Lune, mais quanD on est excéDé par L'aDversité on Devient superstitieux, même contre Les Lumières De sa raison. très sérieusement, maDame, votre absence me paroit crueLLement Longue ... Je commence à lire le factum du cher Sacy [pièce juridique de l'avocat et académicien Louis-Silvestre de Sacy parue en mai 1706, intitulée Factum pour Mr de Pomereu maistre des requestes. Contre madame de Pomereu sa femme]. J'en suis fort content pour ce qui dépend de lui, mais, et je ne le dis qu'à vous seule, je sens, ce me semble, que la matière manque à l'art. Je patrocine tous les jours dans les maisons pour faire entendre aux gens que la préférence qu'ils donnent à l'adversaire, est un jugement de leur creur, plus favorable à la femme qu'au mari, et qu'en cela ils ont raison, car il faut leur lâcher quelque-chose, mais qu'ils ont tort de donner cela pour un jugement de leur esprit, et de préférer un ouvrage à l'autre. Peu de gens entendent cette métaphisique, et nous aurons un furieux torrent contre nous. Les Dames sont trop reDoutabLes et iL faut étabLir Désormais pour principe que tout ce qu'eLLes feront sera bien fait. pour moi j'en suis D'accorD, je n'ai jamais trop gousté Les maris... Les odes De La motte paroissent avec un appLauDissement merveiLLeux [Antoine Houdar de La Motte, Odes avec un Discours sur la poésie en général, Paris, G. Dupuis, 1707]. Sans vanité, j'en suis presque aussi aise que si je les avois faites. J'ai bien envie que vous les ayés lues... » Joint, un reçu signé de Fontenelle.
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