Lot n° 219

*Jean HÉLION (1907-1987). 45 L.A.S. ou cartes (une incomplète), 2 L.S. et 2 lettres dactyl. non signées, 1934-1982, à André et Henriette GOMES ; 61 pages formats divers, quelques enveloppes et adresses.

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Description
*Jean HÉLION (1907-1987). 45 L.A.S. ou cartes (une incomplète), 2 L.S. et 2 lettres dactyl. non signées, 1934-1982, à André et Henriette GOMES ; 61 pages formats divers, quelques enveloppes et adresses.

Très intéressante correspondance de près d’un demi-siècle avec les galeristes André et Henriette Gomès. Elle s’ouvre par des cartes postales adressées à Mlle Henriette Lebusivitch, à la galerie Pierre ; après son mariage en 1938, il lui écrit sous son nom de femme mariée à la nouvelle « Galerie Henriette » ; il ajoute le prénom d’André et dès lors leur écrira le plus souvent ensemble. Nous ne pouvons en donner qu’un aperçu.
Rockbridge Baths (Virginie) 19 avril 1939. Annonce de l’envoi de panneaux récents et de linoleums taillés pour sa rétrospective. « BRUGUIERE [Pierre-Georges Bruguière, magistrat, collectionneur, mécène et ami] vous procurera tous les tableaux dont vous avez besoin. Il a toute autorité pour décider en mon nom. Pour le prix des tableaux naturalistes, pour commencer il faudra peut-être les faire relativement bon marché »… Marseille 25 août 1942. En attendant des visas portugais et espagnol, il remercie les Gomès de leur hospitalité à Marseille et donne des nouvelles des QUENEAU, KAHNWEILER, et Michel LEIRIS. Raymond a publié « un nouveau roman : Pierrot mon ami, dans ce style inimitable qui est le sien. Une histoire assez légère, très vivement menée, avec une intégration surprenante de l’être, du langage et du décor »... Il a appris avec surprise que le « Musée national » de Virginie avait fait une exposition de ses œuvres en mai. « Aussi que Peggy GUGGENHEIM a publié le catalogue de sa collection et qu’elle va ouvrir – ou a ouvert – un musée et une galerie à New-York »… Toulouse, 30 août 1942. Partant enfin pour Lisbonne d’où il se rendra en Amérique, il est agité de sentiments contradictoires : « heureux de retrouver ma femme, mon petit, mon paisible atelier ; désolé de quitter un pays auquel je suis si attaché et qui convient à ma peinture. Cependant je sais qu’au-delà de la frontière, la joie prendra le dessus. Et puis je compte bien revenir ! »… New York 25 juillet 1945, reconnaissant de l’avoir aidé à se refaire une santé après 22 mois de captivité… Il s’est remarié avec Pegeen Vail, la fille de Peggy GUGGENHEIM. « J’ai réalisé quelques-uns des tableaux dont je vous avais parlé, et dont vous aviez vu des croquis imprécis. J’ai pour le moment un contrat avec Paul ROSENBERG, qui m’a déjà fait deux expositions. […] Je peins avec beaucoup de passion : je sais à présent que tout ce que j’ai fait depuis quinze ans tendait à cela : le chant de la vie ordinaire, qui me semble si extraordinaire »… Il a eu des nouvelles de SARTRE, Queneau, Bruguière et des Loeb, et en donne de Jacqueline BRETON, LEGER, Marcel DUCHAMP… Salt Lake City 11 septembre 1945. En voyage à travers l’Amérique, il apprécie avec lyrisme « tout le décor splendide et inhumain des films du Far West »… Pour l’exposition projetée par André, il faudra voir Rosenberg, à qui il est lié par contrat… New York 25 janvier 1946. Il s’inquiète des difficultés pour trouver un logement et un atelier à Paris, mais est « en grand travail, naturellement. La peinture se parle si mal que j’aime mieux ne pas en dire davantage. Paul fera une autre exposition de mes tableaux dans deux mois. On a fait, en son absence une exposition de gouaches et dessins de mes derniers 10 ans. Si vous avez vu MASSON, il a pu vous parler de ça, ou Léger »… Il a lu L’Étranger : « tout à fait épatant »…
De retour en France, il envoie régulièrement des souvenirs de vacances, mais aussi des nouvelles de son art. Locmaria 17 juillet 1958. « Ma petite Henriette je voudrais bien que tu m’envoies à présent le chèque des derniers 75.000f que tu m’as promis »… Fraize [hiver 1958]. Il rêve à des portraits, à « une douzaine de tableaux que je n’ai pas encore faits »… [Locmaria] 21 sept. 1960. « Un bon nombre de mes tableaux est parti en Amérique si bien que je me sens très encouragé, matériellement. Je voudrais pourtant que la plupart de mes tableaux demeurent en France »… Châteauneuf-en-Thymerais 6 sept. 1964. « Les gars du “Gallery of Modern Art”, le musée de New York qui fait une exp. rétrospective de moi […] m’écrivent qu’ils n’ont pas de réponse de vous au sujet de L’Atelier avec Pierre Bruguière 1953 (40 F) qu’ils désirent vous emprunter »… Détails du prix de vente, de la publicité, et d’une autre rétrospective qui se tiendra à Londres… Carmel (Indiana) 19 mars 1965. Prière d’envoyer l’estimation du Grand Luxembourg à la Leicester Gallery, à Londres, « pour que les formalités du legs à la Southern Illinois Université puissent être faites. […] je crois qu’on peut aller jusqu’à 20.000 dollars pour cette œuvre qui m’a demandé deux ans de travail, et qui ne sera pas vendu. Je ne la recommencerais pas pour moins »… Châteauneuf-en-Thymerais 21 juillet 1970. Il aura une exposition cet hiver au Grand Palais, « sur 2 étages de l’espace occupé par Matisse. C’est-à-dire les 2/3. Cent tableaux environ. L’arrivée dans l’abstraction. Toute l’abstraction. L’époque américaine. L’après-guerre ici. Et les 12 dernières années. Pour des raisons d’accrochage […], on omettra cette fois-ci ma période d’après nature de 1951 à 1957 »… 27 août 1971. Nouvelles d’une exposition itinérante, « Dix ans de peinture »… 11 novembre 1973. Il a donné un petit tableau à l’exposition-vente Viva Chile : « Parapluie à la lucarne que je crois très beau »… 23 septembre 1974. Il a passé contrat avec Karl FLINKER : « A compter du 1er oct. tout passe par lui, moyennant une avance mensuelle confortable. J’ai 70 ans, il était temps de simplifier ma vie » : il lui faudra récupérer ses dessins invendus… 23 novembre 1975. Envoi d’une liste de 24 dessins déposés en 71, et comptes ; prochaines expositions : Köln et New-York. Il était très bien représenté à l’exposition européenne à Los Angeles, mais « au lieu de Lucien Freud qui lui doit tout et n’a pas son talent, j’aurais mieux aimé Balthus »… 23 avril 1985. Ils vont à New-York pour inaugurer une exposition à la galerie Rachel Adler : « l’articulation de mon abstraction et de ma nouvelle figuration. On a bien reconnu à la Biennale que j’étais l’ancêtre de cette dernière »… Etc.
On joint 8 cartons d’invitation à des expositions, dont 4 avec qqs mots a.s., 4 l.a.s. de sa femme Jacqueline, une liste d’œuvres exposées et un faire-part de décès.
Ancienne collection Henriette et André GOMES (18-19 juin 1997, n° 436).
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