Lot n° 403

BAINVILLE Jacques (1879-1936). MANUSCRIT autographe signé « J. B. », Histoire de France, 1924 ; 378 pages petit in-4 montées sur onglets, reliure maroquin bleu roi décoré de 13 filets dorés encadrant au centre des plats une grande pièce de...

Estimation : 10 000 - 15 000 €
Adjudication : 12 350 €
Description
maroquin ivoire rectangulaire mosaïquée, sur laquelle mordent six triangles dorés, portant le titre doré au plat sup., et un carré doré au plat inf. ; doublures de maroquin ivoire décoré d’un semis de F et de points dorés et sur le bord intérieur d’un liseré de maroquin rouge formant, avec les charnières intérieures en maroquin bleu, les couleurs du drapeau français ; gardes de soie blanche brodée de fils d’argent ; doubles gardes de papier moucheté à l’or ; dos lisse orné de filets dorés, étui (Pierre Legrain, J. Anthoine Legrain).

Manuscrit de travail complet de cet ouvrage capital, dans une très belle reliure doublée de Pierre et J. Anthoine Legrain.

Paru en mars 1924 à la Librairie Arthème Fayard, le livre, où Bainville voulait « expliquer les faits » de notre histoire et montrer leur enchaînement, a remporté aussitôt un très grand succès. Nul n’en a peut-être mieux parlé que François Porché : « c’est un précis où tout est ramené aux traits essentiels. […] À cette altitude, l’intelligence est une faculté de dépouillement. [...] L’auteur ne se propose point de nous donner une image approximative (et fatalement fausse) du passé ; il n’entend pas non plus se borner à une sèche nomenclature d’événements ; il s’applique à montrer des relations de causes à effets, des développements, des arrêts, des reprises, des déclins, des disparitions, des retours, des hasards imprévus, et cela dans un déroulement continu. [...] Jacques Bainville nous a donné de notre pays une conscience plus claire.

Dans ce livre, sa phrase élégante, rapide, incolore, tout en signes intellectuels, en associations d’idées, en articulations logiques, semble un fuseau de lumière filant, depuis les origines jusqu’à nos jours, notre long destin »...

Dans son Avant-Propos, Bainville explique :
« Si les lecteurs veulent bien le lui permettre, l’auteur de ce livre commencera par une confession.
Quand il était au collège, il n’aimait pas beaucoup l’histoire.
Elle lui inspirait de l’ennui. Et quand le goût lui en est venu plus tard, il s’est rendu compte d’une chose :
c’est qu’il répugnait à la narration des faits alignés, les uns au bout des autres. On ne lui avait jamais dit, ou bien on ne lui avait dit que d’une manière convenue et insuffisante, pourquoi les peuples faisaient des guerres et des révolutions, pourquoi les hommes se battaient, se tuaient, se réconciliaient.
L’histoire était un tissu de drames sans suite, une mêlée, un chaos où l’intelligence ne discernait rien. Est-il vrai qu’il faille enseigner l’histoire aux enfants sans qu’ils la comprennent et de façon à meubler leur mémoire de quelques dates et de quelques événements ? C’est extrêmement douteux. On ne s’y prendrait pas autrement si l’on voulait tuer l’intérêt. En tout cas, un âge vient, et très vite, où l’on a besoin d’un fil conducteur, où l’on soupçonne que les hommes d’autrefois ressemblaient à ceux d’aujourd’hui et que leurs actions avaient des motifs pareils aux nôtres. On cherche alors la raison de tout ce qu’ils ont fait et dont le récit purement chronologique est insipide ou incohérent.
C’est à ce besoin de l’esprit que nous avons essayé de répondre en écrivant cette histoire de France. Nous avons voulu d’abord y répondre pour nous-mêmes et, à cette fin, dégager, avec le plus de simplicité possible, les causes et les effets »...

Le manuscrit est abondamment raturé et corrigé, avec des passages biffés, et des béquets ajoutés ; les pages sont remplies de la minuscule et fine écriture de Bainville, à l’encre violette, sans marge, au recto de feuillets papier blanc, chamois, violet, jaune ou vert d’eau, certaines parties écrites au dos de papier à l’en-tête de

La Revue universelle. Il est ainsi composé, chaque chapitre étant paginé séparément (avec parfois des feuillets bis ajoutés). :
Avant-propos (4 p.).

Chapitre premier. Pendant 500 ans la Gaule partage la vie de Rome (12 p.).
Chapitre II. L’essai mérovingien (11 p.).
Chapitre III. Grandeur et décadence des Carolingiens (7 p.).
Chapitre IV. Origines et débuts des Capétiens (11 p.).
Chapitre V. Pendant 340 ans, l’honorable maison capétienne règne de père en fils (33 p.).
Chapitre VI. La guerre de Cent ans et les révolutions de Paris (26 p.).
Chapitre VII. Louis XI : l’unité sauvée, l’ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant (13 p.).
Chapitre VIII. François Ier et Henri II : la France échappe à l’hégémonie de Charles-Quint (13 p.).
Chapitre IX. Les guerres civiles et religieuses mettent la France au bord de la ruine (15 p.).
Chapitre X. Henri IV restaure la monarchie et relève l’État (9 p.).
Chapitre XI. Louis XIII et Richelieu : l’abaissement de la maison d’Autriche (11 p.).
Chapitre XII. La leçon de la Fronde (9 p.).
Chapitre XIII. Louis XIV (20 p.).
Chapitre XIV. La Régence et Louis XV (26 p.).
Chapitre XV. Louis XVI et la naissance de la Révolution (21 p.).
Chapitre XVI. La Révolution (32 p.).
Chapitre XVII. Le Consulat et l’Empire (21 p.).
Chapitre XVIII. La Restauration (13 p.).
Chapitre XIX. La monarchie de Juillet (10 p.).
Chapitre XX. La deuxième République et le second Empire (22 p.).
Chapitre XXI. La troisième République (23 p.).
Chapitre XXII. La guerre et la paix, les travaux et les jours (17 p.).

Le manuscrit porte à la fin la date « 20-21 janvier 1924 » et l’inscription :
« FINITO LIBRO
SIT LAUS
ET GLORIA CHRISTO ».

On a monté en tête du volume une photographie de Jacques Bainville en habit d’académicien par Pierre Ligey.
Partager