Lot n° 47

Henri MATISSE. L.A.S., [Nice fin 1943], à un ami [Henry de MONTHERLANT] ; 6 pages in-4 (petite fente marginale réparée au scotch).

Estimation : 1 500 / 2 000 €
Adjudication : 1 875 €
Description
► LONGUE ET IMPORTANTE LETTRE SUR LEUR ÉDITION DE PASIPHAÉ. CHANT DE MINOS (Martin Fabiani, 1944), ET OÙ LE PEINTRE MÉDITE SUR LA FIN DE SA VIE.

[Le poème dramatique de Pasiphaé, publié en 1936 à Tunis, aux Éditions Mirages, fut représenté pour la première fois le 6 décembre 1938 au Théâtre Pigalle, dans une mise en scène de Sylvain Itkine, scénographie de Charles Wolff et Georges Vakalo.]
« Nous supprimerons la page “Le poëme… a paru etc. … avec la distribution”.
Cependant dans la préface-conférence vous faites allusion à cette représentation d’une façon assez marquée : Mmes Mrs le poème dramatique qu’on va représenter devant vous… J’ai trouvé certes très heureux que l’auteur des décors et des costumes Mr Wolff, vous montrât… C’est pourquoi lorsque Sylvain Itkine me dit qu’il jouerait le chœur en habit de soirée… Il me semble qu’il faut modifier la préface et ce serait vraiment dommage, ou bien indiquer la première représentation de cette pièce »… Matisse propose une formulation succincte, ainsi que d’autres modifications touchant aux premières pages du livre...
« En réponse à votre souvenir fidèle de 1937, au sujet de la conclusion d’une œuvre, je vous dirai, en vous remerciant d’avoir gardé ce souvenir, que je suis en train de conclure. J’ai fait la conclusion l’an dernier pour le dessin – comme moyen complet d’expression – et j’y suis engagé en ce moment pour la Peinture. Je pourrai ainsi partir satisfait pour ce Grand Voyage si commode, car il n’y faut aucun bagage, et tout y est multiplié. Cet heureuse période de ma vie est advenu après ma sévère opération chirurgicale d’il y a 2 années et sa longue et périlleuse convalescence (2 ambolies, dont la dernière 60 jours après l’opération). Ayant eu conscience que tout avait été presque perdu – puisque les bonnes sœurs m’appelaient ensuite “le ressuscité”, je me suis trouvé comme rassasié de l’intarrissable curiosité qui m’a affolé toute la vie, et j’ai dominé mon affaire et moi-même.
Mon éblouissement de la nature radieuse qui m’empêchait de distinguer un objet distinct de l’ensemble de ma contemplation a cessé et j’ai pu pénétrer à l’intérieur des choses. Je fais partie de la grande fête. Je me vois, avant ma grande transformation, mon appaisement plutôt – comme ces petits gosses au Luxembourg qui veulent enfiler sur une fiche des anneaux pendant qu’ils tournent avec leur gentil manège de chevaux de bois. Ils ne peuvent cependant y arriver, car leur attention captivée irrésistiblement par le paysage qui les entoure »…
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