Lot n° 58

Georges BATAILLE - 1897 - 1962 - Portefeuille destiné aux membres d’Acéphale [S.l., s.n., vers 1937]. Portefeuille à 3 rabats intérieurs de percaline jaune (18 x 13,7 cm).

Estimation : 5 000 - 6 000 €
Adjudication : 6 500 €
Description
► Précieux portefeuille conçu par Georges Bataille pour les membres d’Acéphale, société secrète dont les membres se réunissaient au pied d’un arbre foudroyé de la forêt de Marly ou dans les ruines du château de la Montjoie.

Le ton du « memento » imprimé, avec 3 corrections manuscrites, contrecollé sur le premier contreplat, montre assez l’esprit à la fois mystique et tragique qui inspirait ces mystérieuses rencontres :
« À partir de maintenant ta joie foulera au[x] pied[s] et avilira ton repos, ton sommeil et même tes souffrances.

Souviens- toi que la vérité n’est pas le sol stable mais le mouvement sans trêve qui détruit tout ce que tu es et tout ce que tu [vo]is. Souviens- toi que la vérité est dans la guerre. Tu n’auras plus de cesse avant de t’être fait reconnaître comme un homme portant en lui un espoir assez grand pour exiger tous les sacrifices. Ce memento te représentera maintenant que tu n’as plus de paix à attendre de toi- même ».

Une carte sommaire de la forêt de Marly, imprimée en noir sur une feuille volante glissée sous les rabats, accompagne le « memento ».
Les conjurés d’Acéphale étant vraisemblablement une quinzaine (Georges Bataille, Colette Peignot, Georges Ambrosino, Jacques Chavy, René Chenon, Henri Dubief, Pierre Dugan (pseudonyme de Pierre Andler), Henri Dussat, Imre Kelemen, Pierre Klossowski, Patrick Waldberg, Isabelle Farner (Waldberg), Michel Koch, Jean Atlan, Alain Girard et Jean Dautry), on considère qu’autant de portefeuilles furent réalisés. Cependant, seul trois exemplaires ont été identifiés à ce jour : ceux d’Henri Dussat (avec une carte en couleurs) et de Jacques Chavy, et celui que nous présentons, appartenant à Patrick Waldberg.

Ce dernier révèlera d’ailleurs le sacrifice ultime auquel Georges Bataille aspirait pour faire naître d’Acéphale une véritable religion : « À la dernière rencontre au cœur de la forêt nous n’étions que quatre et Bataille demanda solennellement aux trois autres de bien vouloir le mettre à mort, afin que ce sacrifice, fondant le mythe, assurât la survie de la communauté.
Cette faveur lui fut refusée. Quelques mois plus tard se déchaînait la vraie guerre qui balaya ce qui pouvait rester d’espoir » (« Acéphalogramme », Magazine littéraire, n° 331, avril 1995).

▬ Provenance :
• Patrick Waldberg.

Quelques pliures et salissures.
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