Lot n° 58

[LAW (John)]. Het Groote Tafereel der Dwaasheid [...]. Sans lieu, 1720 [Amsterdam, vers 1721?].

Estimation : 4 000 - 6 000 €
Adjudication : 5 765 €
Description
In-folio de 1 frontispice replié, (1) f. de titre, 26 pp., la dernière non chiffrée, 52 pp., 29 pp. mal chiffrées 31, 8 pp., 10 pp., 75 planches de formats différents, la plupart repliées ou à double page: veau blond, dos à nerfs orné, pièces de maroquin rouge et vert, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées or, dentelle intérieure, tranches rouges (Cuzin).

►Fameux recueil satirique illustré sur la banqueroute de Law: il comprend 76 planches gravées dont le frontispice.

Avec un humour corrosif et loufoque, les compositions illustrent la frénésie spéculative qui gagna l'Europe. Elles figurent des attroupements d'hommes et de femmes pris par la fureur du gain, participant au Wind negotie (“le négoce du vent”) ou manifestant leur colère lorsque leurs espoirs sont déçus. Ailleurs, dans L'Atlas actieux, des figurants portent la terre sur leur dos, à l'instar d'Atlas. Dans De Eklips, Erasme, désemparé par la folie ambiante, décide de fuir sa ville. L'exemplaire renferme aussi une carte de la Louisiane et de la Frise.
Le Grand Miroir de la folie raconte l'effondrement du système mis en place par le banquier d'origine écossaise John Law. Sous son impulsion, la Régence, espérant effacer les lourdes dettes du pays, autorisa en 1716 la création d'une banque générale: celle-ci émettait des actions dont les fonds devaient être injectés, en partie, dans une Compagnie d'Occident consacrée à l'exploitation des colonies françaises de la Louisiane et du Canada. Le système de Law attira des investisseurs de tous bords, d'origine française, anglaise et néerlandaise, séduits par la promesse de profits mirifiques. L'action atteignit des sommets avant de s'effondrer. La “bulle” financière ayant éclaté, la Compagnie fit banqueroute et les investisseurs furent ruinés.
La “tourmente du Mississipi” marqua pour de longues années l'esprit des Français: selon
Larousse, “le nom seul de banque a, pendant longtemps, vaguement effrayé les populations, pour lesquelles il est resté l' équivalent de déloyauté et de déception.”

Le Tafereel connut un grand succès, suscitant de nombreux tirages, tous sous la même date.
Il a été continûment réimprimé tout au long du XVIIIe siècle.
Il existe, entre ces différentes éditions ou émissions, des variantes et des corrections. Le présent exemplaire appartient à la deuxième mise en vente, avec un nouveau titre. La première édition a été mise en vente en décembre 1720 ou au tout début du mois de janvier 1721. La seconde édition, ou seconde émission, a été mise en vente peu après, sans doute au début du mois d'avril 1721.

Recueil composite d'images et de textes satiriques composé à la hâte, la collation des planches varie considérablement d'un exemplaire à l'autre. Le professeur Kuniko Ferrer, qui travaille sur les différentes éditions du Tafereel, en a examiné 75 exemplaires dans les collections publiques: au terme de son enquête, elle confirme que chaque exemplaire est unique - seuls les exemplaires de l'édition tardive publiée en 1780 ayant une collation précise.

Plaisant exemplaire des bibliothèques Charles-Joseph van der Helle (cat. 1868, nº 639), Léon Rattier et Robert Nossam, avec ex-libris.

Mors fragiles anciennement restaurés; planches renforcées aux pliures.

(Catalogue of the Kress Library. Harvard I, 1977, n° 3217.
• Landis, European Americana V, 1987, n° 720/14.
• Arthur Cole, The Great Mirror of Folly, an Economic-Bibliographical Study, Boston, 1949.).
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