Lot n° 387

Charles-Marie WIDOR. MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Les Pêcheurs de Saint-Jean, [1903] ; 72-69-34-50 pages in-fol. (les premières pages un peu salies).

Estimation : 4000 / 5000
Adjudication : Invendu
Description
MANUSCRIT DE TRAVAIL DU DEUXIEME OPERA DE WIDOR DANS SA VERSION POUR CHANT ET PIANO. Après Maître Ambros (1886), Widor a composé un drame lyrique sur un livret en prose d’Henri Cain, Les Pêcheurs de Saint-Jean, sous-titré « scènes de la vie maritime », en 4 actes, qui attendra assez longtemps avant d’être créé à l’Opéra-Comique le 26 décembre 1905, dans une mise en scène d’Albert Carré, des décors de Jambon, et sous la direction musicale de François Ruhlmann, avec, dans les principaux rôles, le ténor Thomas Salignac (Jacques), la basse Félix Vieuille (Jean-Pierre) et la soprano Claire Friché (sa fille Marie-Anne). L’action se passe à Saint-Jean-de-Luz ; elle est bien résumée par Camille Bellaigue : « Jean-Pierre, un pêcheur de Saint-Jean-de-Luz, est le patron d’une belle barque et le père d’une belle enfant. Jacques est le meilleur matelot de la première et l’amoureux de la seconde. Mais parce qu’il ne possède rien et qu’elle est riche, le père, ayant eu vent de leur accord, le brise, et congédie le marin. Jacques, pour oublier, se débauche et s’enivre, et, s’étant pris de querelle avec son ancien maître, il le tuerait, si les camarades ne retenaient son bras. Mais un jour, ou plus exactement une nuit que la tempête soulève la mer de Biscaye, à deux cents brasses de la côte, Jean-Pierre, avec son équipage, se trouve en péril de mort. Jacques, le rude et fin pilote, est seul capable de le secourir, de le sauver peut-être. Il hésite un instant, un seul, puis s’élance et ramène le vieux loup de mer, qui se résigne, en maugréant toujours, à faire son gendre de son sauveteur ». Selon Arthur Pougin, Widor a « construit une partition solide, aux attaches vigoureuses et qui met en relief son remarquable talent. Elle est d’un bout à l’autre écrite avec la conscience d’un véritable artiste, […] l’œuvre est forte et vigoureuse en son ensemble, pleine de chaleur et de mouvement, toujours vivante et bien en scène, avec, lorsque la situation s’y prête, des pages de tendresse émue et de profonde mélancolie ». Gabriel Fauré, dans son compte rendu paru dans Le Figaro du 27 décembre, très critique à l’égard du livret, relève les diverses beautés de la partition et « la belle et noble tenue de l’œuvre ». Une bonne partie de la critique se montra beaucoup plus sévère, voire assez férocement railleuse ; l’œuvre fut retirée de l’affiche après douze représentations, ce qui n’empêcha pas un journal satirique de constater : « Le Widor est toujours debout ! » Le manuscrit, sans l’ouverture, est complet (à l’exception de la fin de l’acte III) ; nous signalons les principaux airs ou morceaux de l’opéra, qui s’enchaînent sans coupure. * Acte I [LE BAPTEME DU BATEAU]. Jean-Pierre : « Allons, flâneurs, à nous ! »…, puis : « Voilà bientôt cinq ans que l’on navigue ensemble »… Grand-Jacques et chœur [Chant des Pêcheurs Basques] : « Sachant que, dans l’orage, au milieu des embruns »… Jean-Pierre : « Et toi, mon vieux bateau »… Marie-Anne : « Père, que c’est méchant de gronder »… Jacques : « D’puis longtemps la barque est partie »… [cet air sera édité à part sous le titre Chanson de matelot]. Duo Marie-Anne et Jacques : « On a quitté sa bonne ami »… Jacques : « Il suffit de me voir plus ému qu’un enfant »… Marie-Anne : « Quand la nuit l’orage sombre gronde »… Procession et bénédiction du bateau. * Acte II. SUR LE PORT, UN CABARET. [Prélude : le calme de la mer :] Andante tranquillo. Jacques : « Hohého ! »… Duo Jacques et Marie-Anne : « C’est toi ? C’est bien toi ? »… Jacques : « Quand pour t’amuser, les soirs de dimanche »… Marie-Anne : « N’est-ce donc point assez de nos peines réelles »…, puis : « Et nous nous verrons tous les deux »… Jean-Pierre : « On me l’avait bien dit »… Chœur des matelots : « C’est dans la ville de Bordeaux »…, puis [Vieille chanson] : « De bon matin notre frégate »… [Danse des sardinières :] « Ramplanplan »… Jacques [Scène de l’ivresse] : « Mais j’entends rire ici, mes amis »… Daté en fin : « 6 oct. 1902 Venezia ». * Acte III. [NOËL]. [Entracte :] Marche de Noël. Marie-Anne : « Tout est en fête ici »…, puis [Prière :] « Vierge Marie, dame des flots »… Madeleine : « C’est vrai, Jean-Pierre, dans sa colère »… Jacques : « Je t’avais vue entrer »… Marie-Anne : « Pour m’accabler ainsi »… Jacques : « Eh bien, si j’ai ta foi »… Chœur d’enfants [Scènes de Noël] : « Jésus dans une crèche »… [La fin de l’acte manque, soit les p. 261-274 de la partition chant-piano]. * Acte IV. SUR LA JETEE, PENDANT L’ORAGE. [Prélude : la tempête :] Allegro ma non troppo. Marie-Anne : « Rien, on ne voit rien »… Trio Marie-Anne, Jeanne, Madeleine [Au calvaire] : « Que tous nos vœux, montant de la terre »… Marie-Anne [la Malédiction] : « O mer, mer sans pitié »… Jacques : « La cloche ! Il en est donc par là-bas qui chavirent »… Jacques : « Le canot à la mer ! »… Chœur : « Courage ! les braves ! »… Chœur : « Oui, les plus forts ! »… [ce chœur n’a pas été repris dans la partition chant-piano, où il est remplacé par une reprise du chant des pêcheurs basques de l’acte I : « Sachant que dans l’orage »…]. Ce manuscrit de travail, à l’encre noire sur papier à 24 lignes, présente de nombreuses et importantes ratures et corrections, des mesures biffées, des découpes et collettes, des pages refaites, des bis, des esquisses rayées, etc. Il a servi pour la gravure de l’édition de la partition chant-piano chez Heugel en 1904.
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