Lot n° 308

LENORMAND (Simon). Histoire jusqu'en 1838 de... fils de S.E.J. Lenormand... Poitiers, Imp. de F.-A. Barbier, 1839 ;

Estimation : 200 / 300 €
Adjudication : Invendu
Description
2 vol. in-8 demi-bas. fauve, dos ornés de fil. dor. (Rel. de l'époque).
Affaires financières et délire de persécution à Poitiers au XIXe siècle.
Édition originale de ce surprenant ouvrage: longue autobiographie des ennuis financiers de l'auteur débouchant sur un cas de délire de persécution, aussi exemplaire que ceux décrits par Bunuel dans El. Le sieur Lenormand expose avec force détails ses déboires financiers, ce qui donne un intéressant tableau du monde des affaires dans la première moitié du XIXe siècle. En même temps, le délire de persécution de l'auteur éclate au grand jour: Lenormand se croit victime d'un complot permanent, déjoue des attentats, se voit persécuté par les franc-maçons, soupçonne son propre frère, entend des voix, etc., etc.
Ses mémoires furent rédigées sur papier timbré, et le manuscrit déposé chez un notaire «avec recommandation expresse de le faire enregistrer».
Commis par la famille déshérité, le Dr. Londe conclut à un accès de manie aiguë qui s'est transformé, depuis 1826, en «cette espèce de monomanie appelée lypémanie, monomanie qui consistait, pour M. Simon, à se croire persécuté par son frère ou les agents de police». Après un séjour d'un an à la maison de Choisy-le-Roi, il se fixe à Poitiers, toujours poursuivi par la crainte d'être assassiné. Il place des cadenas jusqu'aux fenêtres et requiert le maire d'organiser de plus fréquentes patrouilles nocturnes dans la rue où il demeure. En 1832, il déménage une fois encore, ne se sépare plus de la clef de sa chambre, refuse que l'on fasse son lit, ne lève plus son courrier, prend tous ses repas au dehors. Quelques années plus tard, après moult changements de domiciles, il en est venu à se coucher tout habillé, et à n'accepter de nourriture que lorsque ses commensaux en ont préalablement tâté devant lui. Il afferme deux gardes en permanence, déménage quelques fois encore et meurt en hôtel, le 25 janvier 1841. Le testament, plus de 500.000 francs de l'époque, fut annulé et la succession mise à disposition des ayants droit. Oberlé. Fous à lier n° 278. - Blavier 519. - Queneau. «Les Enfants du limon» p. 250. - Legrand de Saulle. «Le Délire de persécution» pp. 394- 397. - Lande. Consultation médico-légale sur un cas de monomanie. 1848.
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