Lot n° 80

NERVAL, Gérard de. Les Filles du feu. Nouvelles. Paris, D. Giraud (Imp. de Gustave Gratiot), 1854. In-12 de (2) ff., XIX pp., 336 pp. ; demi-cuir-de-Russie rouge à la Bradel, tranches mouchetées (reliure de la fin du XIX e siècle). Édition...

Estimation : 40000 / 60000
Adjudication : 50 000 €
Description
originale.
Deux chefs-d’oeuvre nervaliens.
Le plus célèbre des livres de Gérard de Nerval (1808-1855) a été composé dans la fièvre de
l’automne 1853, alors que l’auteur se sentait menacé dans ses facultés créatrices. Le recueil renferme
une lettre-préface adressée à Alexandre Dumas et huit textes dont l’admirable Sylvie (Souvenirs du
Valois), mais aussi Angélique, Jemmy, Octavie, Isis, Corilla (comédie en un acte, déjà insérée dans les Petits
châteaux de Bohême) et surtout, en appendice, les douze sonnets des Chimères “avec des changements de
titre et des variantes, non sans quelques interversions de quatrains et de tercets” (Aristide Marie).
Précieux exemplaire portant, sur le faux titre, un envoi autographe signé :
a M. Bertrand,
son ami
Gérard de Nerval
Bertrand était l'oncle du docteur Émile Blanche, le médecin qui accueillit Gérard dans sa clinique
de Passy, lui-même fils d'Esprit Blanche, le célèbre aliéniste qui avait soigné Nerval en 1841.
Bertrand est mentionné à trois reprises dans la correspondance de l'écrivain.
Le dédicataire a noté sur le faux titre : “Mon ami Gérard de Nerval m'a donné ce livre charmant à
Passy en 1855. C'est une chose charmante et d'une poésie charmante.” Suit une autre note, datée de
1866, dans laquelle il est question d'un dessin de Delacroix réalisé pour décorer l'appartement du
poète.
Le millésime avancé par Bertrand pose question. Au cours de l'année précédant sa mort, Gérard
de Nerval effectua deux séjours dans la clinique du docteur Blanche. Enfermé une première fois en
octobre 1853, il sortit de la maison de Passy le 27 mai 1854 (Les Filles du feu avaient paru en janvier).
Le 8 août 1854, à son retour d'Allemagne, il entra à nouveau chez Blanche, qu'il quitta le 19 octobre
suivant pour n'y plus revenir. C'est donc à la fin du premier séjour ou pendant le second que Gérard
aurait dédicacé cet exemplaire des Filles du feu à l'oncle de son médecin. Ou peut-être a-t-il rencontré
Bertrand une dernière fois, à Passy, après sa sortie de la clinique, lors d'une dernière errance
parisienne, quelques jours avant la nuit fatale. Cette laconique dédicace serait alors l'un des derniers
témoignages écrits de Gérard.
L'exemplaire a ensuite figuré dans la bibliothèque du fils du docteur Émile Blanche, le peintre
Jacques-Émile Blanche, le fameux portraitiste de Proust, Beardsley, Mallarmé, etc.
On ne connaît que sept autres exemplaires des Filles du feu enrichis d'un envoi de Nerval :
il s'agit de ceux offerts à Victor Lecou, Alexandre Dumas, Émile Blanche, Denis, Hippolyte,
Charles Asselineau et Alix Porcher.
On a ajouté en frontispice un portrait de Nerval gravé par G. Staal. Des rousseurs.
Provenance : H. Bertrand, avec envoi de l'auteur.- Le peintre Jacques-Émile Blanche, petit-neveu du
dédicataire et fils du Dr Émile Blanche, l'aliéniste qui soigna Nerval, avec ex-libris.- Pierre Berès.-
Renaud Gillet (From Stendhal to René Char, Londres, Sotheby's, 1999, nº 31).
En français dans le texte, Par, 1990, n° 273.- Marie, Bibliographie des oeuvres de Gérard de Nerval, nº 251.- Nerval, Correspondance in
OEuvres complètes, III, Bibliothèque de la Pléiade, 1993, pp. 840, 841 et 897.
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