Lot n° 33

Perret (J.). Des fortifications et artifices, architecture et perspective… [Paris, 1601], in-folio d’un frontispice gravé, de 20 ff., dont un f. de dédicace et un de privilège, et 22 pl., dont 21 doubles, vélin ivoire, filets dorés autour

Estimation : 25.000-35.000
Adjudication : 33 000 €
Description
des plats, armes au centre, dos lisse sobrement orné, tranches dorées (reliure de l’époque). ÉDITION ORIGINALE, rare. Dédié à Henri IV, l’ouvrage s’inscrit dans la vague de publications sur les fortifications que connut la France à la fin du XVIe siècle et au début du siècle suivant, phénomène rencontré en Italie dans les années 1550. Le premier traité paru fut celui de Jean Errard, qui fut rapidement suivi par celui de Jacques Perret (ca 1545-ca 1620). L’un et l’autre connurent plusieurs éditions. Peu de renseignements nous sont parvenus sur ce visionnaire. D’origine savoyarde, de confession protestante, il servit Henri IV en qualité d’architecte et d’ingénieur. Il occupa également une chaire de mathématicien au collège de Chambéry, alors tenu par les Jésuites. Son travail se situe dans la mouvance de celui des grands humanistes et architectes, tels Thomas More ou Alberti, tous deux habités par l’idée d’une ville parfaite. Déjà dans son œuvre transparaît, à travers ses conceptions de la rue, de la place et du jardin, ce que sera l’urbanisme tel que nous le connaissons aujourd’hui. Un aspect futuriste affleure dans certaines planches, en particulier dans celle qui présente un « building » de 130 mètres, pouvant abriter 500 personnes, lequel n’est pas sans évoquer les premiers gratte-ciel américains. Par son format, par la qualité des planches, par son impression, la publication d’un tel ouvrage nécessitait des fonds importants. Henri II de Rohan, dont les armes apparaissent sur quinze des planches de l’ouvrage, pourrait bien en avoir été le mécène, tout comme Henri IV l’avait été pour La Fortification reduicte en art et desmontré d’Errard. Sitôt paru, le livre fit l’objet d’une édition, ou contrefaçon, imprimée en français à Francfort-sur-le-Main (1602) par Wolf Richter, aux dépens de la veuve et des deux fils de Théodore de Bry. C’est par cette édition que l’ouvrage est généralement connu. Dans le même temps, une première édition allemande fut publiée, suivie quelques années plus tard (1613) par celle d’Oppenheim. L’année supposée de la mort de Perret, en 1620, est imprimée et diffusée une seconde édition parisienne. Plus récemment, un reprint de l’originale a été publié par Le Jardin de Flore, maison fondée par Fernand Pouillon. L’illustration fut confiée à un autre protestant, Thomas de Leu (Flandres, 1555-Paris, 1612), qui avait été nommé graveur d’Henri IV en 1594. Il travailla d’abord à Anvers avec Jean Ditmer, puis s’installa à Paris en 1577, ville où il termina sa carrière. Pour le traité de Perret, de Leu grava un titre-frontispice et 22 planches, parmi lesquelles sont représentées des villes fortifiées ou « villes idéales ». Elles font l’objet d’un plan au sol ou d’un plan en élévation et perspective, accompagné d’une notice. Les plans au sol sont ceinturés d’inscriptions bibliques tirées pour la plupart des Psaumes, symbolisant ainsi que la vraie défense est la parole de Dieu, mais aussi que la bonne architecture est celle qui se calque directement sur l’ordonnance divine. Les 17 notices élégamment imprimées en caractères ronds sont ornées d’une série d’initiales à fond décoré. Exemplaire de très grande qualité, aux armes de Louis-Henri de Bourbon-Condé, fils de Louis III et de Louise-Françoise de Bourbon, dite Mademoiselle de Nantes. Dimensions : 427 x 291 mm. Provenances : Louis-Henri de Bourbon-Condé (1692-1740) ; traces de cachet, illisibles. BAL, III, 4050 (éd. de 1620) ; Katalog Berlin, 2368 (éd. de 1620) ; Brunet, IV, 511 ; Millard, I, 139 ; BNF, Estampes, Inventaire du fonds français, I, pp. 476-484 ; Cockle, 799 ; […], Utopie, la quête de la société idéale en Occident, BNF, pp. 139 et.
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