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Pierre-Jean DAVID D’ANGERS
(Angers 1788 - Paris 1856)
Jacques-Henri Bernardin de Saint Pierre
(1737-1814)
Terre cuite
H. 26,5 cm. L. 15 cm. P. 15 cm.
15 000 / 20 000 €
Modello pour la sculpture monumentale en bronze (Fig.1), commandée en
1842 par la ville du Havre, livrée en 1851 et placée en 1952 devant le Palais
de Justice
Provenance :
Collection Louis-Joseph-Marie-François Pavie (1782-1859), Angers
Par descendance à Mme Voisin-Chasle, sa vente à Angers en 1994, n°19
Bibliographie : G. Chesnau, Les oeuvres de David d’Angers :
Sculpteur d’histoire
et mémorialiste
, Angers, 1934, p. 81, sous le cat. no. 87
Toute sa vie, avec passion et selon une hiérarchie précise, Pierre-Jean David
d’Angers a modelé de nombreuses statues de grands hommes pour orner les
villes françaises ou immortaliser leurs mémoires dans des cimetières. Dès 1830,
il note, dans l’un de ses carnets : «
J’ai le plus grand fanatisme pour tous les
hommes qui ont fait de grandes choses… J’ai toujours cherché à leur payer
mon tribut d’admiration, avec les moyens que me fournissait mon art.
»
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Il dresse
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Strasbourg, Corneille à Rouen, Racine à la Ferté-Million, Jean Bart à Dunkerque,
Bichat à Bourg-en-Bresse, Dombasle et Drouot à Nancy, Bernardin de Saint-
Pierre au Havre et bien d’autres. Dans une lettre relative à la statue de
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s’exprime ainsi : «
Le désir que j’ai de faire ce monument est inspiré par mon
admiration pour le grand littérateur. L’honneur que je souhaite retirer du don
que je fais de mon travail est de pouvoir inscrire mon nom aux pieds du grand
homme, et ma reconnaissance sera éternelle envers la ville qui aura bien voulu
recevoir mon offrande
. »
L’artiste, grand admirateur de
Paul et Virginie
, offrit de faire gratuitement la
statue de l’écrivain, son confrère à l’Institut, en même temps que celle de Casimir
Delavigne. Après de nombreux rebondissements, les deux bronzes fondus sont
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de la collection de Louis Pavie, grand ami de l’artiste, notre modello en terre
cuite montre l’écrivain assis, tenant une plume dans sa main droite, et à ses
pieds, Paul et Virginie naissants allongés. La trace de l’outil du sculpteur reste
apparente sur la surface de la terre de sorte que, comme David d’Angers l’a
remarqué, elle possède un statut particulier, original et unique qui l’assimile à «
un manuscrit
». Un moulage en plâtre, d’après notre esquisse, est conservé au
musée des beaux-arts d’Angers
2
.
Photo : Fig. 1 Statue en bronze, palais de Justice du Havre
Note 1 : André Bruel, Pierre-Jean David d’Angers, Les carnets de David d’Angers,
Paris, 1958, t.1, carnet 9 p.88
Note 2 : Inv MBA533
Biographie :
Fils d’un sculpteur ornemaniste sur bois, David d’Angers est remarqué à l’école
de dessin d’Angers par Jean-Jacques Delusse. Il part pour Paris en 1807 où
il fréquente les ateliers du sculpteur Philippe-Laurent Roland et du peintre
Jacques-Louis David. Il obtient le Prix de Rome en 1811 et séjourne à la villa
Médicis de 1812 à1816. Dès son retour à Paris en 1817, il se fait remarquer
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d’Angers pour sa formation, il envoie des œuvres, la plupart sous forme de
plâtres d’atelier, au musée de sa ville natale. Le monument dédié à Bonchamps,
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élu membre de l’Institut et nommé professeur à l’Ecole des Beaux-Arts en 1826.
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bustes de ses contemporains du monde politique, littéraire ou artistique. Les
réalisations de l’arc de triomphe de Marseille, inauguré en 1835, et du fronton
du Panthéon, exécuté entre 1830 et 1837, le consacrent comme sculpteur
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pour différentes villes. Il s’implique dans les mouvements d’indépendance des
Nations, la Grèce, les Etats-Unis, la Pologne. Il s’engage dans les évènements
politiques et participe à la révolution de 1848, et doit s’exiler en 1851. Il ne
rentre en France que peu de temps avant sa mort.