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DROUET, Juliette
L.A.S. à Victor Hugo, signée Juliette
[1844 ou 1850] Dimanche 19 mai
SUPERBE LETTRE D’AMOUR DE
JULIETTE DROUET, GRANDE ET DE
BEAU FORMAT
4 pp. in-4 (270 x 211mm)
“19 mai [1844 ou 1850 ], dimanche matin, 8 h. ¾
Bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour, mon Toto chéri ;
bonjour, toi, bonjour, vous que j’adore.
Enfin, mon pauvre amour, je commence à me débrouiller de
tous mes arias. J’ai cependant deux dernières ennuyeuses
opérations à subir : le collage de la porte et l’encaustiquage.
Le Lanvin est déjà venu mais comme il n’avait pas apporté le
papier il est allé le chercher. Du reste, je ne sais pas si c’est une
idée, mais il me semble vouloir faire la grimace. Qu’à cela ne
tienne, le brave homme, je ne m’en servirai plus. Après cela
je me trompe probablement. Le voici qui revient sans papier.
Il n’y en avait pas, on est allé en chercher. En attendant il
va coller du papier autour de mon petit miroir et faire le
petit raccommodage du papier du mur. Le temps continue
à être hideux et moi je continue à être comme le temps. Il est
impossible d’être plus avariée que je ne suis. Je ne m’étonne
pas que vous demandiez des cravates blanches, que vous alliez
en calèche à l’Odéon et que vous vous jetiez avec fureur dans
les faumes [sic]. Je ne trouve que trop excusable et au besoin
même je vous approuverais. Voime, voime [sic], prends garde
de le perdre ; scélérat, je ne te conseille pas de tenter l’épreuve
deux fois. La bosse de mon front n’est que trop significative
et je ne suis pas femme à m’en laisser planter de cette forme
indéfiniment. Tenez-vous-le pour dit.
Jour Toto, jour mon cher petit o. Je ne sais pas quand je vous
verrai mais je sais bien quand je désirerais vous voir, ce serait
tout de suite. Cela me ferait bien du bien au vente et ailleurs.
Je ne te vois presque plus, mon pauvre adoré. Les ouvriers de
ma maison t’ont chassé pendant ces derniers jours et ton travail
t’éloigne de moi depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre. De
quelque façon que je m’y prenne, de quelque côté que je me
retourne je ne vois pas le plus petit Toto. Ça n’est pas bien gai,
tant s’en faut, et il y a bien des jours où mon pauvre cœur est
bien gros et bien triste. Cependant je ne veux pas me plaindre
aujourd’hui dans la crainte de te paraître grognon. Je ne veux
que te baiser, te sourire et t’adorer.
Juliette”
NOTE AUTOGRAPHE DE FRANÇOIS MITTERRAND, sur
la fiche de libraire jointe :
“Chez Lambert, 9 avril 1967”. Acheté
150 fr.
RÉFÉRENCE :
http://www.juliettedrouet.org/lettres/#.W5KS6OgzaM8.Nous remercions Madame Florence Naugrette pour son aide
précieuse
2.500 - 3.500 €
208.
DROUET, Juliette
L.A. à Victor Hugo
Bruxelles, Vendredi 3hr après midi, 2 septembre 1870
LETTRE DE JULIETTE DROUET À
VICTOR HUGO ÉCRITE LE JOUR
DRAMATIQUE DE LA CAPITULATION
DE SEDAN. C’EST SANS DOUTE LA
RAISON DE SON ACHAT PAR FRANÇOIS
MITTERRAND
4 pp. in-12 (108 x 65mm)
“Bruxelles, 2 septembre [18]70, vendredi, 3 h. ¼ après-midi
Pendant que tu archéologues sous la pluie, mon grand fureteur,
moi je t’aime à domicile clos et couvert, ce qui a bien son charme.
J’aurais pu te le gribouiller ce matin si je n’avais pas eu à réparer
l’affreux désastre commis hier en sortant de la maison par ton
pied sur les fronces de ma robe. Ce grave accident m’a pris le
plus beau et le meilleur de ma matinée et c’est à grand peine
que je suis arrivée tantôt au rendez-vous Berru en retard d’un
quart d’heure seulement. Heureusement que ni toi ni lui n’aviez
besoin de ma présence pour vous livrer à une forte mastication
et à une beuverie plus forte encore. Aussi n’ai-je de regret que
pour moi qui me suis privée volontairement d’un quart d’heure
de bonheur comme si j’en avais à revendre. Enfin c’est comme
ça ; mais je vous prie dorénavant de marcher à une distance
respectueuse de ma jupe.
J’espérais que tu recevrais aujourd’hui des nouvelles de ton
Charles, au moins d’un de ses compagnons. Il paraît qu’il
ne l’aura pas pu ni eux non plus. Peut-être même comptent-
ils revenir ce soir à leur place. C’est ce que je ferais dans
l’impossibilité où ils sont d’empêcher ces tueries sauvages et de
porter secours à ceux qui survivent. En attendant tu as rendu
Berru bien heureux en le coiffant… de ton vieux chapeau qui lui
va très bien, trop bien peut-être, n’anticipons pas ! où tout cela
me mène, hélas ! Taisez-vous !!!”
Juliette Drouet est à Bruxelles jusqu’au 5
septembre 1870. Le 2 septembre, Napoléon III
est défait à Sedan ; la République est proclamée
le 4.
RÉFÉRENCE :
http://www.juliettedrouet.org/lettres/#.W5KS6OgzaM8.Nous remercions Madame Florence Naugrette pour son aide
précieuse
1.500 - 2.500 €