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115.

CAMUS, Albert

Les Justes

Paris, Gallimard, 1950

ENVOI HISTORIQUE D’ALBERT CAMUS À FRANÇOIS MITTERRAND “EN SOUVENIR

D’UNE JUSTE CAUSE”, CELLE DE LEUR COMBAT COMMUN DANS LA RÉSISTANCE

In-8 (186 x 117mm)

ENVOI :

à Monsieur le Ministre de l’Intérieur, en souvenir d’une juste cause et avec l’hommage déférent d’Albert Camus

BROCHÉ, non rogné

Importantes rousseurs sur la couverture

Albert Camus, alias Bauchard, entre en 1941 dans la Résistance. Le réseau Combat le charge de

missions de renseignements et du recrutement des rédacteurs du journal

Combat

. Parti de 10.000

exemplaires en 1941,

Combat

tire à 250.000 exemplaires deux ans plus tard. Camus s’est défait de sa

peau de pacifiste : “nous avons eu à vaincre notre goût de l’homme, l’image que nous nous faisions

d’un destin pacifique. Il nous a fallu un long détour, nous avons beaucoup de retard” (

Lettres à un ami

allemand

).

François Mitterrand crée en 1943 le “Mouvement national des prisonniers de guerre” qui fournit

des faux papiers d’identité aux prisonniers évadés. Il devient “soldat du Clandestin”, selon sa propre

formule. Robert Antelme et Marguerite Duras rejoignent son réseau l’année suivante. Camus entre

en contact avec le groupe de Mitterrand, alias capitaine Morland, par le biais de Dionys Mascolo,

amant de Duras et lecteur chez Gallimard. Dionys Mascolo lui a fourni une machine à ronéoter pour

publier des tracts. Camus cache des documents antinazis dans le bureau de Pierre Gallimard, neveu

de Gaston.

Le soir du 1er juin 1944, François Mitterrand attend Robert Antelme à la Brasserie Lipp. Ne le voyant

pas arriver, il téléphone chez la soeur de Robert Antelme, rue Dupin. Une réunion du groupe est

prévue et, comme convenu, Mitterrand téléphone à l’appartement pour vérifier que tout va bien. On

lui signifie au premier appel qu’il fait erreur. Il réessaie, une voix ferme, celle de Marie-Louise, sœur

de Robert, lui précise qu’il fait vraiment erreur. Mitterrand sait que la police d’occupation a pénétré

dans l’appartement et qu’il doit prévenir les autres membres et sécuriser les planques. Une réserve

d’armes et des faux papiers cachée dans une maison voisine est déplacée quelques minutes seulement

avant sa fouille par la Gestapo. Dionys Mascolo et Albert Camus se rendent rue Saint-Benoît chez

Robert Antelme et Marguerite Duras. Camus fait le guet au croisement des rues Saint-Benoît et Jacob

pendant que Mascolo retire de leur cachette les archives du mouvement. Camus les dissimule au

milieu d’une pile de manuscrits d’auteurs, dans le bureau de Pierre Gallimard. Robert Antelme, pris,

sera déporté à Dachau.

Ce “souvenir d’une juste cause” rappelle que les liens tissés lors de cette période restèrent indéfectibles.

L’envoi intègre le titre imprimé. Il s’agit toujours de la résistance de quelques uns, “les justes” de la

pièce de Camus – qu’ils soient résistants ou anarchistes de 1905 –, face à l’oppression.

L’envoi est adressé au “Ministre de l’Intérieur”, ce qui permet de le dater. En juin 1954, François

Mitterrand est nommé Ministre de l’Intérieur de Pierre Mendès France.

RÉFÉRENCES : O. Todd,

Albert Camus, une vie

, Paris, 1996 -- P. Péan,

Une Jeunesse française

, Paris, 1994 --M.Winock,

FrançoisMitterrand

,

Paris, 2015

5.000 - 8.000 €