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La décoration.
Elle repose sur 3 éléments : des grandes peintures, des bordures
entourant ces grandes peintures ou ornant la partie extérieure de
chaque feuillet de texte et des initiales ornées.
Les grandes peintures sont au nombre de 15 et sont l’œuvre d’un seul
artiste dont le programme iconographique est assez classique. Les
12 premières peintures introduisent les 8 sections des
Heures de la
Vierge
, les
Psaumes de la pénitence
, les
Heures du Saint-Esprit
, les
Heures de la Croix
et
l’
Office des morts : L’Annonciation
(f. 27r),
La
Visitation
(f. 52r),
La Nativité
(f. 64r),
L’Annonce aux bergers
(f. 69v),
L’Adoration des mages
(f. 74v),
La Présentation au temple
(f. 78v),
La Fuite en Égypte
(f. 82v),
Le Couronnement de la Vierge
(f. 90r),
David en prière
(f. 96r),
La Crucifixion
(f. 114r),
La Pentecôte
(f. 117v),
L’Office des morts
(f. 121r).
Les trois dernières peintures sont moins classiques. Elle représentent
une
Vierge allaitant
, une
Pietà
et le
Jugement dernier.
- La
Vierge allaitant
(f. 166v) introduit une section de prières à la
Vierge en langue française. Elle est vue de face, couronnée et nimbée,
et allaite, assise sur un trône en bois, dans un décor architectural. Elle
est entourée de quatre anges dont deux jouent de la musique.
- La
Pietà
(f. 175v) introduit une section de prières en langue latine.
Un espace sous la peinture avait été prévu pour porter le début du
texte, mais celui-ci est resté vierge et l’oraison commence au recto
du feuillet suivant. La Vierge tient le Christ sur ses genoux avec, à sa
droite, saint Jean et Marie-Madeleine nimbés et agenouillés. Sur sa
gauche, également agenouillée, se tient une femme vêtue d’une robe
rose, coiffée de noir, qui tient entre ses mains un phylactère. Elle
aurait pu être la destinataire du manuscrit si les prières à la Vierge
n’avaient été écrites à l’intention d’un homme.
- Le
Jugement dernier
enfin (f. 192v) clôt le manuscrit. Le Christ en
majesté, vêtu d’une robe rouge, trône dans le ciel, entouré de deux anges
sonnant de la trompe. Au-dessus, deux élus, une femme et un homme,
agenouillés et nimbés. Au niveau du sol, l’archange saint Michel, ailé,
en armure, brandit une épée sur des hommes nus émergeant de leurs
tombes, les précipitant ainsi dans la gueule enflammée d’un monstre.
L’artiste se distingue par le regard « abaissé » de ses personnages, par une
gestuelle convenue et par une prédilection pour les scènes d’extérieur, en
paysage naturel. Il a une belle aptitude au traitement des vêtements dont
les plis sont parfois soulignés de très fines hachures à l’or. Les décors
extérieurs sont assez stylisés avec le feuillage des arbres très arrondis et
des rochers gris abrupts qui viennent ponctuer les paysages fuyants.
Sa palette repose surtout sur le beau bleu de la robe de la Vierge, un
rouge et un rose de qualité et des verts assez tendres.
Trois de ces peintures sont une peu écaillées (
Le Couronnement de la
Vierge
(f. 90r),
La Pietà
(f. 175v) et
Le Jugement dernier
(f. 192v)).
Ces grandes peintures sont placées dans des encadrements formés
d’un large listel droit à l’or avec fleurettes rouges et bleues. Ces
encadrements sont entourées de bordures qui sont traitées avec la plus
grande délicatesse : elles sont constituées de rinceaux terminés par des
petites feuilles d’or bruni. De petites fleurs et feuilles vertes, rouges ou
bleues viennent rehausser l’ornementation. Les angles sont soulignés
par de larges feuilles d’acanthe d’or bruni et bleues.
Ces mêmes bordures viennent orner les feuillets de texte sur la partie
extérieure mais sans les feuilles d’acanthe.
Les principales sections du manuscrit sont introduites par de grandes initiales bleues ou roses, rehaussées de blanc, dont la
panse est garnie de rinceaux portant des fleurettes bleues et rouges sur un fond à l’or bruni.
Les initiales de tailles moyenne et petite qui marquent le début des psaumes et des versets sont à l’or sur un fond rose et bleu
filigrané de blanc. Le reste de la décoration consiste en rubriques et bouts de ligne bleues et rouges filigranés de blanc.
Provenance.
Ce manuscrit a été exécuté à Paris vers 1470-1480. Il est dépourvu de toute marque de possession et de toute annotation.