43.
SARTRE Jean-Paul
Lettre autographe signée, adressée à Michelle Vian. Ferragosto, [28
août 1972] ; 1 page 1/2 in-4°, enveloppe jointe.
«
Il n’y a rien, tu dois le savoir à présent puisque je t’ai écrit deux lettres
de Florence. Comment y aurait-il quelque chose ; je suis au mieux avec
toi et je pense à toi souvent et tendrement. En vérité, mon chéri, c’est
toi qui ne me dis guère ce que tu fais. As-tu été à cette réunion de
Secours Rouge et qu’en est-il devenu? Je ne sais qu’une chose (qui ne
te concerne pas, il est vrai), c’est l’attaque des occupants yougoslaves
par le gars de Citroën qui ont violé deux filles dont une que je connais
bien puisqu’elle travaille à la cause du peuple
[…]
À part ça, voici des
années que n’avais pas vu un Ferragosto pareil : Rome déserte. Pas une
voiture même au parking ou devant l’hôtel.
[…]
L’Italie est inquiète,
les journaux se demandent par exemple, s’il y aura des coupures de
courant en automne. Depuis dix ans, la consommation d’électricité a
doublé et il faut d’ici cinq ans construire de nouvelles centrales
. […]
Sais-
tu que le Giolitti (les glaces) n’a droit à mettre les tables de sa terrasse
qu’à partir de 18 heures, c’est te dire que nous l’y allons plus manger
de glaces. Hier on a vu Rossanna Rossanda et Kerol pour déjeuner. Tu
la connais, elle voulait me demander de parler de Mai 68 devant une
télé américaine On a parlé, bien sûr, de Lin Piao. Mais rien d’intéressant
n’a été dit de part ni d’autre
[…].
Je t’écris de ma chambre ou l’ai est
redevenu conditionné, tous volets clos, lumière électrique a giorno.
Aujourd’hui 15 août, les restaurants sont presque tous fermés. Ceux qui
restent (comme le Camparone où nous étions ce matin) sont la proie
des Romains qui ne partent pas (très populaires, c’était charmant). Mon
chéri, je t’écrirai souvent, ne t’inquiète pas. Je t’aime et t’embrasse de
toutes mes forces. J.P. Sartre.
»
500/600 €
44.
SARTRE Jean-Paul
Lettre autographe signée, adressée à Michelle Vian. 12
septembre 1972 : 1 page 1/4 in-4°, enveloppe jointe. «
Mon
doux chéri, j’ai reçu ce matin ta carte de Gênes (datée du
28 septembre) et je suis content que tu y sois retournée.
[…]
Toute l’Italie a toujours été triste et belle. Te rappelles-tu
la Reine
Albemarle ou le dernier touriste,
que nous écrivions ensemble
à Rome et à Capri ? C’était cela le sens. Je l’ai perdue sauf
quelques pages sur Venise qui ont paru. Je ne saurais plus
l’écrire. Tout m’y est devenu trop familier
[…].
Je vais bien mais
avec un ventre qui n’est pas petit mais qui tombera en huit jours
à Paris. J’ai lu tout Kafka et plus Saint-Simon. Le travail ne va pas.
Je sens qu’une idée me manque — une grosse — peut-être la
trouverai-je à Paris ?
»
500/600 €
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