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291.
Jean-Henri FABRE
(1823-1915) entomologiste. L.A.S., Sérignan (Vaucluse) 10 juillet 1890, [à Joseph
Roumanille] ; 2 pages in-8.
300/400
Ayant envoyé à son éditeur le quatrième volume de ses
Souvenirs entomologiques
, il profite d’un moment de loisir pour
envoyer à Roumanille « deux bluettes qui m’ont passé par l’esprit en fouettant mon orgue. J’accompagne l’une des deux de la
mélodie dont j’ai gratifié maître Bull,
moun bravo chin
. L’autre pièce consiste surtout en harmonie qui ne saurait trouver place
dans l’
Armana
. Je suis peu familier avec le provençal quand il s’agit de l’écrire, et la note m’est étrangère. Ce que je vous envoie
est donc très probablement de valeur nulle. Soyez sévère et jetez au feu mes mauvaises rimes et mes misérables notes, que je
vous fais parvenir uniquement comme preuve de ma bonne volonté »…
292.
FACTURES
. Lot d’environ 1200 factures diverses, la plupart du XIX
e
siècle ; formats divers.
300/400
Factures diverses, la plupart avec en-têtes et vignettes, de Paris ou de province : grands magasins (Bon Marché, Grands
Magasins du Louvre, Nouvelles Galeries de Rouen), bouchers, boulangers, pâtissiers, marchands de vin, cordonniers, menuisiers,
entrepreneurs, sculpteurs, tapissiers, pharmacies, drogueries, pépiniéristes, artisans, etc. Environ la moitié de ces papiers
concernent le comte Armand Doria (1824-1896), grand collectionneur, et son château d’Orrouy dans l’Oise ; de nombreuses
factures viennent de commerçants de Crépy (Oise) ; travaux dans le château, mobilier, vins de Champagne, horticulteurs et
pépiniéristes, pharmacies, selliers et carrossiers, merceries, libraires, épiciers, charcutiers et bouchers, armureries, assurances,
notes d’hôtels, roulage, etc. De nombreuses factures sont également adressées à l’armateur rouennais Boniface, et à divers…
293.
FERMIER GÉNÉRAL
. 9 L.A.S. du fermier général Claude-François Rougeot (1719-guillotiné 1794), Paris 1781,
à Renou de La Brune, entreposeur des tabacs à Nîmes ; 7 pages in-4 ou in-8, qqs adresses.
80/100
Au sujet du dépôt de la ferme des Tabacs à Nîmes, des changements faits dans l’arrangement des débits de tabacs nîmois, etc.
294.
Charles de FOUCAULD
(1858-1916) explorateur et missionnaire. 6 L.A.S., 1907-1909, [à Monseigneur Maxime
Caron, Supérieur du petit Séminaire de Versailles] ; 25 pages la plupart in-8.
10.000/12.000
Très belle correspondance spirituelle et sur sa vie au Sahara, avec le Chanoine Caron, Supérieur du petit Séminaire
de Versailles, auteur de l’ouvrage
Jésus adolescent
, qui a beaucoup influencé Charles de Foucauld.
En route, entre Beni-Abbès & Insalah 5 janvier 1907
. Il lui écrit « au soir d’une étape du fond d’un gourbi d’où je repartirai
avant le lever du soleil. » Il le remercie de tout son cœur pour sa lettre et l’envoi d’images, dont « l’aquarelle de la basilique de
Jésus adolescent », qu’il sera heureux de recevoir. « Que le cœur de Jésus arrange toutes choses pour que ce bon prêtre de Paris
& votre petit Louis de Gonzague fassent l’un & l’autre la volonté du Céleste Bienaimé quellle qu’elle soit. Si c’est Sa volonté
qu’ils partagent un jour ma vie, je l’en bénirai ; s’Il ne le veut pas, que Sa Volonté se fasse ! » Il repart pour le Sud, et on peut
lui écrire à Beni-Abbès. « Quelles douleurs en France ! Je prie avec vous pour les âmes de notre pauvre pays ; je prie aussi pour
vous, pour vos chers jeunes gens, pour votre basilique de Jésus adolescent. Daignez aussi prier pour moi, pour les Musulmans,
les Africains, pour cette Algérie & ce Maroc »...
Tamanrasset 9 juin 1908
. Très belle et longue lettre. Il remercie le Père Caron pour ses lettres, l’envoi d’images et « combien
m’est précieuse la médaille de Jésus adolescent bénie par vous à Nazareth ! » Il n’est pas étonné des difficultés qu’il a rencontrées
en Terre Sainte, ni de l’opposition des Franciscains, malheureusement : « En Terre-Sainte plus qu’ailleurs tout est visiblement
marqué de la souffrance ; on ne peut essayer d’y faire aucun bien sans y trouver les épines et le calice du divin Amant ou
tout au moins son rude labeur de Nazareth avec ses heures d’amertume »... À sa demande, il lui parle de sa vie : « Si vous
trouvez des âmes appelées de Jésus à travailler dans le même champ que moi, prédisez-leur “
dura et aspera
” comme dit S
t
Benoît. Le coin de Sahara que je suis seul à défricher a 2.000 kilomètres du Nord au Sud & 1.000 de l’Est à l’Ouest, avec cent
mille Musulmans dispersés dans cet espace, sans un chrétien, si ce n’est les militaires français de tous grades », une centaine
au maximum, seuls les officiers étant français. « Je n’ai pas fait une conversion sérieuse depuis 7 ans que je suis là », sauf un
petit enfant et une vieille femme : « Comme conversion sérieuse, c’est zéro […] plus je vais, plus je crois qu’il n’y a pas lieu de
chercher à faire des conversions isolées [...] la masse étant de niveau trop bas, l’attachement à la foi musulmane étant trop fort,
l’état intellectuel des indigènes leur rendant bien difficile présentement de reconnaître la fausseté de leur religion & la vérité de
la nôtre. [...] On n’aurait, en cherchant des conversions isolées, que des conversions intéressées & seulement apparentes, ce qui
est la pire des choses ». Il pense qu’avec les Musulmans « des
demi-barbares
», la voie n’est pas la même qu’avec les indigènes,
les sauvages fétichistes, ni qu’avec les civilisés. Avec les Musulmans, il pense qu’il faudrait d’abord les « civiliser », les instruire,
et que la conversion viendra ensuite : « car l’islamisme ne tient pas devant l’instruction ; [...] il tombe comme la nuit devant
le jour. L’œuvre à faire ici, comme avce tous les Musulmans, est donc une œuvre d’élévation morale : les élever moralement &
intellectuellement par tous les moyens : se rapprocher d’eux, [...] lier amitié avec eux, faire tomber par les relations journalières
& amicales leurs préventions contre nous, par la conversation, l’exemple de notre vie modifier leurs idées », les instruire et faire
leur éducation au moyen d’écoles et de collèges… « Ce résultat obtenu, leurs idées seront infiniment modifiées, leurs mœurs
améliorées par là même, & le passage à l’Évangile se fera facilement. – Sans doute Dieu peut tout ; Il peut par sa grâce convertir
les musulmans & qui Il veut en un instant ; mais jusqu’ici Il n’a pas voulu le faire »... Il ne faut pas se décourager devant la
difficulté de l’œuvre, mais au contraire s’y atteler avec force : « Que faire, seul devant cette tâche ? par vocation, je dois avoir
1 vie cachée, solitaire, & non une vie de parole & de voyages. [...] Je tâche de concilier les deux choses : j’ai 2 ermitages à 1500
kilomètres l’1 de l’autre. Je passe 3 mois dans celui du Nord, 6 mois dans celui du Sud, 3 mois à aller et venir chaque année ».
Il tâche de mener dans ses ermitages une vie de travail et de prière, cloitré. En route, il pense à la fuite en Égypte. Mais dans
les deux cas, dans ses ermitages comme en route, « je tâche de prendre le contact autant que possible avec les indigènes, leur