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219.
George SAND
(1804-1876). L.A.S., [Nohant 24 juin 1845], au vicomte Antoine d’Aure à l’école d’équitation ;
3 pages in-8 à son chiffre, adresse.
700/800
Curieuse lettre sur incident survenu à un valet d’écurie et sur les soins à donner aux chevaux.
Elle renvoie au vicomte son serviteur Dupont « avec une vilaine tape à l’œil. Il ne peut nous dire comment la chose est
arrivée, on l’a trouvé par terre dans l’écurie hier soir, avec la face tout en sang. Nous avons eu peur d’abord, et puis, après l’avoir
lavé et pansé, nous avons vu que ce n’était pas grave et que c’était, comme on dit en Berry, la faute de son
meilleur ami,
le vin.
Ne le grondez point. C’est la seule faute qu’il ait commise ». Il ne s’en est pris « qu’à son propre museau » ; elle est contente
qu’il ne se soit pas tué chez elle, mais il risque de mal finir « à la suite d’une
partie de plaisir
, car il n’en prend pas à demi, le
cher homme »… Elle demande ensuite des conseils pour sa jument Joséphine : « ses yeux continuent à être un peu malades. Je
ne suis pas d’avis de la faire soigner davantage. Elle a une petite mollette ce qui la fait boiter en partant. Vous nous direz quand
vous viendrez nous voir s’il faut lui mettre une petite pointe de feu ou continuer simplement à la panser tous les soirs avec une
bande de flanelle et de l’esprit de vin comme faisait M. Dupont »...
220.
George SAND
(1804-1876). Manuscrit autographe signé,
Les courses de Mézières-en-Brenne
, [1846] ; 20 pages
et demie in-8, reliure cartonnage de papier vert avec pièces de titre.
10.000/12.000
Beau manuscrit sur le Berry, l’élevage des chevaux et les courses hippiques de Mézières-en-Brenne, organisées
par le comte de Lancosme-Brèves. Cet article paraîtra presque simultanément dans
L’Éclaireur de l’Indre
du 4 juillet et
Le
Constitutionnel
(sous la rubrique « Journal d’agriculture ») du 6 juillet 1846, avec des variantes, sous le titre
Le Cercle hippique
de Mézières en Brenne par un habitant de la Vallée Noire
; il sera recueilli dans les
Œuvres complètes
illustrées (1851-1856)
à la suite de
Consuelo
, puis en 1861 à la suite d’
Isidora
chez Michel Lévy frères. Le manuscrit, à l’encre brune, présente de
nombreuses ratures et corrections.
Sand commence par une belle évocation géographique de son Berry : « Le voyageur qui, venant d’Orléans, a traversé les
plaines stériles de la Sologne, le pays plat de Vatan et enfin la brande d’Ardentes, s’arrête ravi à l’entrée de la Vallée Noire. Soit
qu’il embrasse, des hauteurs de Corlay, ou de celles de Vilchère, l’immensité de cet abîme de sombre verdure relevé à l’horizon
par les montagnes bleues de la Marche, il croit entrer dans le paradis terrestre »... Entre les belles vallées de l’Indre et de la
Creuse, « s’étend un plateau uni, triste, malsain et pauvre, c’est la Brenne », contrée sauvage de bruyères et d’étangs, mais qui
ne manque pas de charme, comme on peut le voir du haut du château du Bouchet.
« Pour la vie de château, la Brenne est aussi une terre promise. Il y a là de riches manoirs, de vastes espaces à parcourir pour
la chasse, ou à fertiliser par la culture en grand, du gibier en abondance, de gros revenus »… Avec l’engrais et l’irrigation, le
sol devient « fertile et généreux », et les pauvres pourraient profiter de cette richesse. Sand en appelle aux devoirs des grands
propriétaires, et dénonce la politique sociale d’un gouvernement de riches sans cœur. « Ce qui caractérise le Berry autant que la
libéralité de sa noblesse en général, c’est l’indépendance et la générosité d’une notable partie de sa bourgeoisie démocratique »,
prête à faire le bien. Et elle cite l’exemple d’une « association de charité » dans sa ville de La Châtre. Ainsi les particuliers
peuvent apporter bien des améliorations…
Ainsi l’institution du Cercle hippique de Mézières. Sand retrace d’abord l’histoire de la Brenne : aux grandes étendues
de forêts succédèrent des étangs qui décimèrent la population ; on commence heureusement à repeupler le pays et créer des
ressources pour les paysans ; comme cette initiative du comte de Lancosme-Brèves, passionné de chevaux, en demandant « la
création d’une école nationale d’agriculture et de haras » qui serait si utile pour « le salut de l’industrie chevaline en France »,
et pour la Brenne notamment, et pallierait l’incurie de l’État en ce domaine. Le comte a créé le Cercle hippique de la Brenne,
« secondé par tous les habitans du pays, par les riches, par les nobles et par ceux qui ne sont riches que de dévouement et
nobles que par le cœur ». Ses résultats dépassent les espérances : « l’élevage du cheval a été et doit être la principale ressource
de la Brenne », pour « alléger la misère du petit cultivateur et créer une occupation fructueuse au prolétaire », en créant « une
richesse agricole immédiate » par « l’élevage et l’amélioration de la race chevaline ». Reprenant les études de Lancosme-Brèves,
Sand juge que la Brenne est le pays idéal à cet effet : « Ce n’est qu’en Brenne que nous pouvons espérer de nous remonter, en
achetant des juments déjà croisées, et conservant encore dans leur sang le principe de cette forte race brandine qui s’allie si bien
au sang arabe et encore mieux, pour l’usage, au percheron ».
Le concours des poulains et juments de la Brenne a montré la beauté des chevaux issus de cet élevage, que Sand décrit en
connaisseuse avant de raconter le déroulement des courses, qui attirent des foules où les aristocrates se mêlent aux paysans. Elle
raconte notamment la course des
cavarniers
, c’est-à-dire les enfants qui soignent et élèvent les chevaux : « Pieds nus, tête nue,
sans veste, le cavarnier galope sur le cheval nud. Il méprise la selle et les étriers », non sans danger : « Mais ce danger est une
bonne nourriture pour l’homme, et j’aime qu’un paysan soit cavalier solide, et hardi. Il semble que cela le rende déjà libre et lle
grandisse de toute l’énergie, de toute la fierté que l’air des champs devrait donner partout à l’enfant de la nature ». Aux courses
rustiques succédaient des « courses fashionables », fort belles, « pleines de luxe, d’émotion, de force et d’adresse »…
R221.
George SAND
. L.A.S., Nohant 27 juin [1870, au pasteur Félix Guy] ; 1 page in-8 à son chiffre (encadrée avec un
portrait photographique).
200/250
« Cher pasteur, écrivez-moi ou venez me voir, je serai toujours empressée de faire ce qui me sera possible pour vous servir »…