23
64.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. Poème autographe signé « Marceline »,
Tristesse de mère
, [1835] ;
3 pages in-8 sur papier bleuté.
1.200/1.500
Beau poème inspiré par la répression de l’insurrection des canuts de Lyon, publié dans
P
auvres
F
leurs
(1839).
Il compte onze sixains dans un ordre différent de l’édition, et avec d’importantes variantes inédites.
« Souvent comme la colombe
Qui tourne dans le malheur
Ma pensée et plane et tombe
S’abreuve aux fleurs d’une tombe
Puis sentant qu’elle succombe
Revient vivre de mon cœur »…
65.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. L.A.S., 22 novembre 1837, à Mlle Léonie d’Erville, à Lyon, plus 2 L.A.S.
de sa fille Ondine Valmore à la même, 1839 ; 3 pages in-8, adresse, et 5 pages in-8, adresse.
400/500
Marceline est toujours dans son temps d’épreuves. « Dieu m’honore de grandes expiations et j’ai beaucoup pleuré » : la mort
de l’ami de toute sa vie, M. Hébert, l’a jetée dans un indescriptible accablement de cœur, et son mari est gravement malade. « Je
tâche, mon cher Ange, de m’élever aussi haut que ces croix
aimées
– mais je suis faible et souvent les larmes me surmontent –
votre courageuse mère me revient souvent à la pensée elle sait bien que la vie est triste ! »… Cependant son fils reste à Paris,
sur le conseil de son maître de Grenoble : « C’est une caresse de Dieu ! »…
5 décembre 1839
. « Hyacinthe » [dite Ondine] envoie des condoléances à son amie pour la perte de son père, et s’enquiert
de « petite mère », qui doit être à plaindre aussi : « Tous ces malheurs ne prouvent-ils pas que nous n’avons été créés que
pour souffrir sur terre. N’est-ce pas aussi la preuve que Dieu nous attend là-haut pour nous consoler »…
Samedi 2
. Ondine
transmet la proposition d’une place de gouvernante auprès du fils d’une dame polonaise : « on demande quels émoluments
vous sembleraient convenables. Si votre affaire de Vienne n’est pas conclue, celle-ci vous ferait attendre quelque chose de
meilleur »…
66.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. L.A.S., 26 octobre 1839, à Henry Berthoud ; 1 page in-8, adresse (lég.
rouss.).
300/400
Elle revient de Lyon d’où son mari le remercie de son mot relatif au jeune danseur qui est maintenant dans une bonne
position. « Accueillez un de nos presque compatriote qui vous cherche dans ce froid Paris où je rapporte mon cœur à déchirer s’il
s’y trouve encore une place qui ne le soit pas. Monsieur Eykens est plein de talent de génie musical,
à la lettre
. Soyez un peu son
frère en Dieu comme vous avez été le mien, ce que je n’oublie pas à travers les aridités où je suis dans ma triste résignation »…
Et elle signe : « Votre sœur la flamande M
ne
Valmore ».
67.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. L.A.S., écrite aussi par son mari Prosper Valmore et leur fils Hippolyte,
31 décembre 1841, à Mme Caroline Branchu, à Orléans ; 2 pages et quart in-4, adresse.
400/500
Lettre à trois mains à la cantatrice, amie intime de Marceline.
Prosper Valmore commence. Il embrasse Caroline ; il pense à elle et à son bonheur tous les jours. « Je travaille comme un
cheval d’omnibus mais sans avoine pour récompense. Voilà trois mois que cela dure. […] Je joue ce soir un rôle nouveau [dans
Ivan de Russie
de Charles Lafont]. J’ai la tête un peu agitée »…
Marceline, « encore convalescente et faible », prend alors la plume : « mon âme va où tu es, chère sœur, et se repose dans ton
sein pour reprendre courage à une telle vie ! » Elle a reçu la visite de Pierquin (ex-amant de Mme Branchu) : « Tu penses bien
quel est l’attrait indestructible qui le ramène vers moi il y a des choses inoubliables. Il sait que je t’aime et il vient me regarder
pour que [je] lui dise ton nom. – Je ne le lui ai pas dit. Mais il n’a pu attendre long-tems pour s’informer de ton sort, de ta santé.
Puis, il a ajouté avec hésitation : “Vous parle-t-elle quelquefois de moi ? Jamais ! ai-je répondu vivement. Vous comprenez bien
que c’est impossible. Elle m’a priée une fois pour toutes de n’en jamais parler dans nos entretiens.” – Il a pris l’air triste et n’a
fait qu’ajouter : “je le conçois.” Puis, il est parti »… Mme Bigottini [danseuse de l’Opéra] est venue s’informer de la santé de
leur amie, et le neveu de celle-ci l’embrasse, aussi. Ce soir Valmore joue une tragédie nouvelle dans des costumes que Marceline
elle-même a faits. « Nous étouffons de travail et de chagrins. Monsieur d’Épagny est pire que jamais. Il perd cette entreprise
qui n’a pas valu encore un denier aux artistes ; je n’attristerai pas ton cœur par ces détails monotones. Tournons les yeux vers
l’année qui commence »… Et elle signe : « ton amie sœur Marceline Valmore ».
Suivent des vœux d’Hippolyte Valmore pour « toutes sortes de prospérités, toutes celles que votre bonté mérite […]. Je vous
écris peu de mots car je cours pour mon père qui joue une pièce nouvelle »…
68.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. L.A.S., Paris 1
er
février 1847, à Achille Deville, à Rouen ; 1 page in-4.
250/300
Au directeur du Musée des Antiquités de Rouen. « Une fois en ma vie je vous ai rappellé mon humble souvenir, et vous
l’avez accueilli avec votre bonté première. C’était en faveur de Monsieur Frank dont la position, grâce à vous, est devenue
meilleure. Son honnête ménage vous bénit », et elle aussi, et elle lui soumet une nouvelle prière : « Un parent qui m’est cher,
le mari de ma sainte sœur, cherche quelque humble emploi de surveillance auquel son intelligence et sa probité le rendraient
apte, ayant toute sa vie dirigé des ouvriers dans les manufactures. Il expliquerait mieux que moi son vœu modeste, si vous lui
permettiez de vous aborder »…