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modèle ; et moi non plus, je ne voyais pas mon image dans le poète au grand front que l’artiste avait fait si beau, je la voyais avec
stupeur dans les traits mêmes de ce jeune camarade qui s’était mis à me ressembler. Cameroque, en s’efforçant de reproduire
mes traits a peint la face d’un étranger, mais cet étranger n’était un inconnu pour personne »… (p. 73-86).
Le Poétisme
: « Une méthode efficace, non de création, mais d’exploration. Le moyen de préparer le livre que je voudrais
lire ». – « Les pucelles de 35 ans
les mères-pucelles
. Elle ressemble à une bougie avec un éteignoir en or. À chaque visite vous
consent un peu plus de son prénom qui semblait jadis un diminutif de fillette et trop petit pour elle »… – « Nous ne sommes
pas radicalement étrangers les uns aux autres »… – « Ma mère avait laissé mon père à mes côtés dans le fermage de la propriété
où jadis nous avons vécu heureux »… – « La grande tentation. L’année dernière, je supportais difficilement toute une heure la
femme la plus agréable »… – « Un temps viendra où la solitude sera ton être »… – « Il ne faudra pas me pleurer, dit le poète
à son amie »…. – « Elle est jolie comme ne le sont que les enfants, les yeux en dedans »… – « Il n’est pas étonnant que cette
jolie fleur de mur me paraisse un peu meurtrie »… histoire de Fleur-de-mur… –
30 août 46
. « Elle est lui. […] Mieux marquer
sensuellement le changement de sexe ». – « 12 septembre : un regard d’elle m’a découvert par hasard combien elle avait besoin
pour se trouver aimable de se savoir aimée ». –
Le meneur de lune
. « N’aurais-tu donc jamais rêvé tes rêves ? »… (p. 86-110)
15 octobre
(date répétée trois fois). « Une peine pour ton cœur et pour ta vie un songe. Elle a fait de notre bonheur une
pensée pour tes yeux. Mais où donc étais-tu quand Abeille était tes yeux ? Reviens »… (p. 111-115)
Idole
. « Elle ne me pèse rien. Cependant, sans elle, je ne serais pas là »…– « La femme qu’il aimait apprend d’un sorcier qu’elle
n’a d’amour pour personne »… –
Idole
. « Regarde-la. Max en sculptera d’autres. Vous les baptiserez ensemble : ne travaille
plus qu’avec Max Ernst. » – « “Je ne sais pas” dit en s’éveillant la Poupée “comment je suis entrée dans cette chambre »….
– « Amourante a été taillée dans le bois d’une croix prête à reverdir »… – « Cet homme est-il un amant ? Son cœur n’avait
pas vécu. » – « Il ne sait pas décrire Amourante. On dirait qu’il la cherche dans les souvenirs de celles qui n’ont que leurs
souvenirs »…. – « L’amie revient. C’est afin de savoir l’avenir d’un songe »…À la fin de ce texte, Joe Bousquet note : « Fin de :
Auprès de mon ombre… Suit : La vie est ronde, qui commence par… » (p. 116-128)
[
La vie est ronde
]. « Aller et retour : La vie est rende, sûr. Évidence qui échappe aux tourneurs parce que chaque coup de
pédale leur hausse le col d’un cran »… (p. 129-135)
Plan de travail en 5 parties, dont V
Elle
, suivi de cette note : « Tableaux contrastés : Récits qu’elle m’arrache. / L’homme-
chien. / Rôle joué par Marthe dans ma blessure. / S’unir dans un sexe : Sodome. / S’unir dans le sien : mes seins. / Comment
amener l’aveu que j’ai des seins de femme. » –
Thème central
: « Vivant et sain, j’ai souhaité d’enfermer dans mon sexe
d’homme l’union des corps. Malade, j’ai enfermé notre amour dans un sexe de femme. Blessé, sans sexe, mais tourmenté par
le spectre de ma virilité, j’ai dû enfin, avouer jusqu’à quelles limites allait mon exigence masculine : celle qui me fait avouer…
Parce qu’elle ressemble à la sœur perdue »… – « Je la vois, j’ai son regard, comme l’espace l’éloigne ! je la saisis, je lui ôte ses
vêtements »… Avec cette note : « Détaché, par chants conjugués, ce livre doit anéantir
Traduit du silence
. Il faut que je relise
Maldoror ». – « Une plainte dans l’ombre, on y croirait entendre la tristesse du soir : il faudrait avoir perdu quelqu’un pour y
trouver une voix »… – « Nous nous aimons pour tout ce qui porte un cœur : le mythe d’un nouvel amour »… – « Le petit cheval
de verre a un corps et des yeux de femme pour pleurer ses chutes de mâle en cristal »… – « Le petit cheval ne peut pas supporter
la pensée que son ami a connu d’autres femmes »… – Notes de travail, certaines à l’encre rouge, dont une sur
L’Intermittent
:
« à travers les souvenirs du lycée, et sa lente accession d’infirme à la pensée que l’être est discontinu, et enveloppe la mort et la
métamorphose dont elle est l’ombre ». (p. 136-147).
44.
Joe BOUSQUET
. Manuscrit autographe, [
Lettres à Isel
, 1946] ; 49 pages sur papier ligné du début d’un gros
cahier (le reste vierge) à couverture de percaline bleu nuit, titre doré au dos, sous chemise demi-maroquin vert et
étui.
4.000/5.000
Cahier en partie inédit de réflexions, récits et extraits de lettres de l’écrivain, en marge de sa liaison épistolaire
avec Isel [Jacqueline Gourbeyre dit aussi Line ou Linette, voir les
Lettres à une jeune fille
(Grasset 2008)]. Des notes d’une
autre main [Yvonne Patau ?] sur les feuillets de garde, et parfois dans le cours du manuscrit, indiquent que certains textes ont
été publiés dans le
Joë Bousquet
de Michel Maurette (Rodez, Subervie, 1963) et dans
Isel
(Rougerie, 1979).
En tête du cahier, Bousquet inscrit : « La mort ? La mort, c’est l’ombre que fait notre corps sur le sentiment que nous
sommes ».
« La vie est un bloc d’où nous pouvons tout retirer, unmarbre qui se sculpte du dedans.Vous connaîtrez des désenchantements.
Il n’est pas un fait qui ne nous déçoive si nous le traversons à la hâte ; si nous le vivons en notre absence. Qu’il faut de temps,
de patience et d’amour pour s’introduire avec tout son esprit et tout son cœur dans les événements qui se sont produits à notre
portée ! […] Ce que je fais est ma raison d’être, je voudrais l’édifier comme un tout dont nous tenons ensemble les images. C’est
un acte de foi dans la poésie dont je voudrais toucher en vous le signe sensible »… (p. 1-4) – « Non, Isel, les femmes et leurs filles
ne doivent pas leur liberté aux campagnes des suffragettes. […] Les femmes sont plus sensibles que nous. Entrées avec nous
dans un bagne, elles ont naïvement ranimé la lumière qui les abandonnait »… (p. 5-8). – « Mon dessein, je vous l’avouerai. Il
vous dépasse, mais je ne l’exécuterai pas sans vous. […] Le secret, c’est que l’homme est fermé à toute sagesse. Plus il est sage,
moins il est lui-même. Le plus raisonnable de tous a tout son être en vacances, et vit en quarantaine dans une peau de geôlier.
C’est un fou qui se prend pour un aliéné »… (p. 9-11) – « Ce qui est à crier avec rage : faites votre vie au lieu de subir la vie »…
(p. 12-14) – « Mais oui, Isel, la société court à sa perte »… (p. 15-17)
Texte rubriqué en marge : «
Liberté
. Intensité apparente d’un individu » : « Il m’est difficile, Isel, de vous satisfaire »…À la
fin, Bousquet note (6 octobre 1946) : « Extrêmement mauvais. Il faut que chaque page se laisse embrasser d’un coup d’œil. Plus
réduit, plus strict. » (p. 18-20)
Toussaint 1946
. « À commencer par des faits. / jamais cette femme n’avait pu s’habituer à la maison où son mari avait
installé leur ménage »… – « Il n’y a qu’une joie infinie. Il n’est à la créature qu’une joie infinie : celle de devenir tout le bonheur