7
26.
Charles GOUNOD
(1818-1893).Manuscrit musical autographe signé,
Le Prisonnier d’État
, romance
, [1838 ?] ;
titre et 3 pages in-fol.
1.500/2.000
Romance de jeunesse inédite pour chant et piano [CG 503]. La page de titre est ainsi rédigée : «
Le Prisonnier d’État
.
Romance mise en musique et dédiée à M
r
Alexis Dupond par Charles Gounod ».
L’auteur des paroles est inconnu : « Chargé de fers à la feur de mon âge »…
En la mineur, à 3/4,
Andante
, la romance compte 48 mesures, plus deux couplets écrits sur un feuillet séparé (chant et
paroles). Le manuscrit est à l’encre brune sur papier à 14 lignes.
Alexis Dupond (1796-1874), ténor léger, avait chanté le 29 octobre 1838 l’
Agnus Dei
composé par Gounod pour la messe
anniversaire de la mort de Lesueur à Saint-Eustache ; il chanta également la cantate
Fernand
lors de la remise de la couronne du
Prix de Rome à Gounod le 5 octobre 1839. Gounod lui dédiera en novembre 1839 sa première mélodie publiée,
Où voulez-vous
aller ? Le Prisonnier d’État
est certainement antérieur et doit dater de 1838.
Reproduction page 9
27.
Charles GOUNOD
. Manuscrit musical autographe signé,
À la Lune
, Rome mai 1840 et 20 août 1849 ; titre et
2 pages in-fol., reliure demi-maroquin noir à coins.
2.500/3.000
Nocturne pour piano à quatre mains, réutilisé dans
F
aust
[CG 594].
Le manuscrit est noté à l’encre brune sur un papier à 12 lignes. Sur la page de titre, Gounod a inscrit en haut à gauche la
dédicace : « à M. L.– » [Marie Le Pileur, née Chrétien-Lalanne, que Gounod avait connue alors qu’elle était élève de sa mère ;
sa sœur Marthe épousera Urbain Gounod, frère de Charles] ; il a également noté, sous le titre
A la Lune
, la date : « Rome 1840.
(Mai) », qui est la date de la pièce pour piano que Gounod transcrit ici pour 4 mains. La transcription est écrite sur le feuillet
double intérieur, chaque partie sur une page ; la pièce, en do mineur, compte 28 mesures. En tête du feuillet droit, il a inscrit la
date : « (S– L. 20 a. 49. – 1 ½. m.) », date reprise en clair au bas du feuillet : « Lundi. 20 août /49 – 1 h. ½ du matin ». La scène est
à Sceaux chez les Le Pileur, la belle-famille de son frère Urbain. Une note au crayon, d’une autre main, précise : « Nous étions
dans le salon, Charles, Marie et moi. La lune se levait derrière la maison de Mascré ».
Cette pièce d’
À la Lune
est particulièrement intéressante puisqu’elle « fait entendre la mélodie du futur duo de Faust “Ô nuit
d’amour, ciel radieux” » (Gérard Condé, Charles Gounod, Fayard, 2009, p. 332).
Ancienne collection Marc
P
incherle
; reproduit dans son livre
Musiciens peints par eux-mêmes
(P. Cornuau, 1939,
planche VIII).
Reproduction page 9
28.
Charles GOUNOD
. L.A.S., [début 1851], à Ivan Tourgueniev ; 2 pages in-8 (cachet sec de la
Collection
Viardot
).
600/800
Belle lettre à son ami le félicitant de sa réussite, parlant de Pauline Viardot et de son opéra
S
apho
(qui sera créé le
16 avril 1851 à l’Opéra par Pauline Viardot dans le rôle-titre).
Il se réjouit de « la bonne et joyeuse nouvelle de vos deux derniers succès dramatiques. C’est avec bien grand plaisir que je
vous sais
arrivé
maintenant : les souhaits dont vous avez tant de fois accompagné, l’an dernier, l’élaboration de mon premier
travail à moi, ne peuvent à mes yeux être mieux récompensés que par votre propre réussite ; et puisqu’elle est grande, Dieu
soit loué et vous aussi ». Il regrette toutefois de ne pouvoir le lire, « mais le Russe est de l’Hébreu pour nous », et même
si la traduction ne peut rendre exactement la force que confère aux personnages la langue originale, il fait des vœux pour
l’élargissement de son action littéraire : « d’après ce que vous dites elle est montée assez haut puisqu’elle est en faveur “
in
Excelsis
” ». Il lui donne des nouvelles de Pauline Viardot : « Notre chère et excellente amie, toujours meilleure, est assez
fortement éprouvée cet hiver par une toux d’irritation que je voudrais […] voir à tous les diables ». Heureusement les
complications administratives du théâtre lui ont laissé du temps pour se reposer, « par l’impossibilité où l’on se trouve de
jouer le
Prophète
[de Meyerbeer] faute d’une
Berthe
: les
Huguenots
seuls, peu fatigants comme chant et assez rarement
représentés sont venus relayer
L’Enfant prodigue
[d’Auber] et les Ballets »
.
Cependant Mme Poinsot qui étudie le rôle de
Berthe sera bientôt prête, permettant « au
Prophète
de se remettre à fot »… Il presse leur amie de se soigner au plus vite,
car cette toux deviendra vite fatigante : « Demain soir encore elle fera les principaux frais d’une soirée musicale pour une
œuvre de bienfaisance où Dieu veuille que sa charité ne l’épuise pas.
Sapho
se répète toujours tout doucement : je ne sais
pas quand nous serons prêts ». Puis il donne à Tourgueniev des nouvelles de sa flle Pauline (que Tourgueniev avait confée à
Pauline Viardot) : « La petite Pauline va très bien : je l’ai vue et embrassée hier chez sa maman. Cette petite ne sait
presque
plus un mot de sa langue natale ; elle entend tout au français. Elle m’a montré hier le petit daguerréotype d’après vous en me
disant “aimes tu
mon
petit papa ?” ». Louis Viardot a souffert d’un terrible lumbago, à présent guéri, et lui-même va bien,
« quoiqu’un peu fatigué d’une irritation des bronches qui commence à se dissiper »…