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Le premier manuscrit présente de nombreuses ratures et corrections, et comporte trois ajouts sur béquets ; le second
porte également quelques corrections, et l’insertion de quelques vers. Tous deux portent le titre primitif de
Leleto
biffé. La mise
au net comporte en outre, sur sa page de titre, une dédicace à Saint-René Taillandier, auteur, la même année, de l’importante
introduction à
Li Prouvençalo, poésies diverses recueillies par J. Roumanille
. Le poète a fait des décomptes de vers à la fn des
deux versions : respectivement 224 et 219. Le poème est divisé en 11 parties.
« Es dimenche, e peréu la fèsto dau vilage:
A mena joio, au roumavage,
Li jouine e li vièi soun en trin.
L’áureto de la mar, que bluiejo élalin,
Boulego plan-plan lou fuiage,
E chatouno e jouvèn danson souto l’oumbrage,
Au bru galoi dau tambourin »…
168.
saint-rené taillandier
(1817-1879). Manuscrit autographe signé,
Introduction
Li Prouvençalo
,
1852] ; 13 pages et quart grand in-fol. et 5 pages in-8.
1.000/1.500
Importante préface à
L
i
P
rouvençalo
, poésies diverses recueillies par J. Roumanille
, publiées en 1852 en Avignon ; cette
anthologie des nouveaux poètes provençaux marque la renaissance de la langue et de la littérature provençales.
Le manuscrit, avec quelques corrections, écrit sur de grandes feuilles, est signé « Saint-René Taillandier Professeur de
littérature française à la faculté des lettres de Montpellier » ; lors de la correction des épreuves, Saint-René Taillandier ajoute
des développements, rédigés sur des feuillets plus petits, et notamment un éloge de Frédéric Mistral.
« Il s’accomplit, depuis une vingtaine d’années environ, un mouvement d’idées tout à fait inattendu, et bien digne de fxer
l’attention des esprits clairvoyants : d’un bout de l’Europe à l’autre, les traditions nationales sont remises en honneur ; les
infuences du sol reprennent leur pouvoir ; maints souvenirs effacés se raniment ; maintes langues que l’on croyait mortes
semblent miraculeusement retrouvées. Tantôt, ce sont des races entières qui prétendent réformer les arrêts de l’histoire, et vont
chercher dans la poussière des siècles leurs titres déchirés, leurs idiomes disparus, leurs institutions abolies, pour reconquérir
une place au soleil ; tantôt, ce sont seulement des instincts domestiques qui se réveillent : le sentiment flial des choses passées,
le culte des vieilles mœurs et du vieux langage réclame pacifquement son droit »… Etc. Il conclut en célébrant « la renaissance
de la poésie provençale […] Pour les lettrés, c’est le réveil d’une langue qui a eu de brillantes et douloureuses destinées, qui a
enchanté l’Europe, qui a inspiré Dante et Pétrarque »…
Dans les additions, il salue en Mistral « un coloriste à qui ne manquent ni l’audace ni la puissance. Ce qui le distingue, c’est
l’originalité des images et la souplesse de la forme. Son langage est à lui ; il aime à emprunter au peuple ses métaphores, ses
locutions, ses tours de phrase, pour les élever à la dignité poétique »… Etc.
Exposition
Mireille
(Palais de Chaillot, 1959), n° 44.
169.
Charles-Augustin sainte-beuve
(1804-1869). 22 L.S. avec corrections et additions autographes (minutes,
2 non signées), 1866-1868 ; 44 pages in-8 ou in-12.
300/400
Lettres dictées à son secrétaire Jules Troubat, puis abondamment corrigées par Sainte-Beuve, à Ernest Bersot (réponse à un
article sur la
Galerie des Académiciens
de Vattier), P. Bernay (sur une caricature de Sainte-Beuve), Pierre Larousse (« auteur
du
Grand Dictionnaire
, à propos de l’article
Causeries du Lundi
communiqué en épreuves »), Camille Guinhut (rédacteur de
L’Étendard
, à propos de la question romaine), Colincamp (sur son article consacré aux
Lundis
), Benoît Jouvin (belle lettre sur
la pérennité de la littérature), Louis Combes (« petite querelle » sur Louis XVI), Jules Claretie (au sujet de Victor Jacquemont),
Dussieux (sur le scandale d’une édition tronquée des Mémoires du grand Frédéric), Paul Meyer (hommage de
Port-Royal
, « le
moins imparfait de mes écrits »), de Gonet (« juge d’instruction, pour recommander le jeune Alfred Verlière, auteur de
Déisme
& Péril social
, détenu sous l’inculpation de société secrète »), Henri Brisson (réponse à un article sur les délits de presse),
Barutel (à propos des prix de l’Académie), C. Ritter (sur une intervention au Sénat), Louis Ulbach (réponse à
La Cocarde
blanche
), Émile Egger (remerciant pour le « précieux cadeau » de son savant confrère), Ernest Renan (sur David Strauss), Félix
Auvillain (critique de ses vers, par « un ancien élégiaque »), etc.
170.
George SAND
(1804-1876). L.A.S., Nohant 5 novembre [1874, à Gustave Flaubert] ; 4 pages in-8 à son chiffre.
2.500/3.000
Belle lettre d’amitié.
« Comment, mon Cruchard, tu as été malade ? Voilà ce que je craignais, moi qui vis dans les maux d’entrailles et qui pourtant
ne travaille guères, je m’inquiète de ton genre de vie, excès de dépense intellectuelle et trop de claustration. Malgré le charme que
j’ai constaté et apprécié à Croisset, je crains pour toi cette solitude où tu n’as plus personne pour te rappeler qu’il faut manger, boire
et dormir, et surtout marcher. Votre climat pluvieux vous rend casaniers. Ici, où il ne pleut pas assez, on est du mois poussé dehors
par le beau et chaud soleil et ce Phébus-là nous ravigote, tandis que Phébus-Apollo nous assassine. Mais je parle toujours comme
un Cruchard philosophe et revenu de sa personnalité, à un Cruchard fanatique de littérature et ivre de production. Quand donc
pourras-tu dire : Voici l’heure du repos. Savourons l’innocent plaisir de vivre pour vivre, de regarder avec étonnement l’agitation
des autres et de ne leur donner de soi que l’excédent de son trop-plein ? Il fait bon remâcher pour soi-même ce qu’on s’est assimilé
dans la vie, parfois sans attention et sans discernement. Les vieilles amitiés nous soutiennent et tout à coup nous désolent ». Ainsi,
elle vient de perdre son vieil ami Charles Duvernet « qui s’est éteint tout doucement sans s’en douter et sans souffrir ». Cela fait
« un vide énorme », d’autant que son neveu est parti à Châteauroux et que Plauchut a quitté Nohant pour ne revenir qu’à Noël.
« Maurice est déjà à l’œuvre pour nous préparer une splendide représentation de marionnettes ». Sand invite Flaubert à venir
« faire le réveillon » à Nohant : « Tu auras fni tes répétitions [la pièce de Louis Bouilhet,
Le Sexe faible
], tu auras eu un succès, tu
seras peut-être en humeur de revenir à la vie matérielle en mangeant des truffes ? […] aime toujours ton vieux troubadour »…
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