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Manuscrits & Archivalia
duché de Milan, le royaume de Naples et la Sardaigne au profit de Charles VI d'Autriche, et
la Sicile au profit de Victor-Amadeo de Savoie. Mais le cardinal Alberoni, premier ministre
espagnol, est l'artisan du redressement financier et militaire de l'Espagne pour laquelle il a
de grands projets, notamment le trône de France. La conspiration la plus célèbre destinée
à contrer cette visée est dite "de Cellamare", du nom de l'ambassadeur d'Espagne en
France, et dans laquelle Alberoni est partie prenante. Elle échouera et la France du Régent,
l'Angleterre et les Provinces-Unies se lieront contre Alberoni et parviendront à le condamner
à quitter l'Espagne en 1719, l'année qui suit notre correspondance. Entre-temps l'Autriche,
qui a terminé sa guerre contre les Turcs en juillet 1718, rejoint les autres puissances pour
mener la Guerre de la Quadruple Alliance (1718-1720) contre l'Espagne.
Mais pourquoi cette correspondance, partiellement cryptée de plus ? Colbert de Torcy,
neveu du grand Colbert, connut son heure
de gloire sous Louis XIV pour lequel il mena
une brillante carrière diplomatique mais qui
cessa brutalement avec l'avènement du
Régent lorsque celui-ci le met à la retraite.
Il devint alors membre d'un salon politique
officieux appelé "L'entresol" où nouvelles
politiques et ragots sont débattus. C'est ici,
il semble, que cette correspondance trouve
son origine. La "preuve" en est un petit
cachet rouge codé au verso d'une lettre
du 9 mai 1718 : il présente les armes des
Colbert (couleuvre) mais partagées avec
un élément non héraldique (2 séries de
5 carrés) sur ce qui semble être trois chiffres (dont le chiffre "4" ?). Ceux-
ci rappellent d'ailleurs le code utilisé dans les lettres : des successions
de trois chiffres utilisés par Nancré et décryptés à la main par la suite.
En effet, Nancré semble bien écrire une double correspondance, au
Régent et à Colbert. L'année 1718 est troublée et riche en négociations
diplomatiques et politiques et les lettres (surtout les parties codées) rendent
compte de l'évolution des pourparlers, marchandages, promesses et complots. On y
trouve de façon récurrente les noms des protagonistes : Alberoni, Philippe V d'Espagne,
Philippe d'Orléans, Victor-Amedeo de Sicile, Charles VI d'Autriche mais aussi Clement XI,
le "petit Dubois" i.e. l'abbé Dubois, secrétaire d'État aux Affaires étrangères et instigateur
de la Quadruple Alliance, le Prince de Cellamare, Sir Luke Schaub, le comte colonel de
Stanhope, la Princesse des Voisins, le baron de Penterrieder, les duc et duchesse de Saint-
Pierre, le Père Guillaume Daubenton (confesseur jésuite de Philippe V), la marquise des
Ursins, le marquis de Monteleon, le comte de Provence, le marquis de Lannoy, le duc de
Saint Aignan, le maréchal d'Huxelles, le maréchal de Villeroy... Certaines lettres sont très
importantes (3, 5 et 27 juin, 18 et 24 juillet, 1
er
, 14 et 22 août, 19 septembre) et "sensibles"
quant à la politique à adopter surtout lorsque Philippe V sent "bien l'impossibilité de résister
aux Puissances qui vont former la quadruple alliance, [mais] ce sera néanmoins un plaisir
pour elle de les voir luy déclarer la guerre" (3 juin).
Avec un tableau de l'"État général de tous les Vaisseaux, Fregattes, et autres Batiments du
Roy d'Espagne" (double page in-f°).
Joint
, 13 lettres à Torcy et 1 document complétant le dossier : Dubruelh, gouverneur du
fort de Bellegarde en Roussillon (7 lettres in-f° de plusieurs pp., juillet-août 1716, signées +
1 lettre à Dubruehl : à propos d'une filière d'espionnage et de lettres écrites de Vienne, de
l'arrestation du duc de Falari, de supputation de guerre, de la situation en Catalogne, de la
guerre turco-autrichienne et de diverses positions militaires, de la mort du prince palatin,
etc.— Lettre du duc de Falari, Barcelone, 18 oct., [à Dubruehl ?].— Lettre de Saint-Aignan,
Madrid, 13-10-1715.— 3 longues lettres non signées, mars et avril 1718, janvier 1723.—
"Copia Renunciationis Regis Philippi [...]", 10 pp. in-f°.