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Handschriften & Archivalia
280 — (Art, Ensor)
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Ens. 2 pièces
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SPILLIAERT, Léon.- Carnet contenant 3 dessins
et le brouillon d'un texte sur Ensor.
[Ostende, avant 1919].
In-8°, br.
Est.
:
1.500/ 2.000 €
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Deux pages et demie de texte
manuscrit au crayon
noir, avec ratures. Il s'agit du premier jet d'un texte qui
sera publié dans L'Art Libre, n° 2, 1
er
avril 1919 : brouillon
assez différent dans la structure des phrases, le
remaniement général du texte avec des passages
parfois fort retravaillés (ajouts quelque peu emphatiques
dans les allusions à la propre vie de Spilliaert, la non
reconnaissance du talent, la condition du peintre non
compris), quelques propos parfois moins policés dans
le brouillon (expressions plus rudes, propos moins
consensuels), fautes d'orthographe corrigées dans
l'article... Ce très beau texte sur Ensor, plein d'empathie
et de sensibilité, le décrit après la guerre "[dans] une
vieille maison pourrie et délabrée [...] boutique de vieux
coquillages où [il] vit une vie triste et esseulée sans feu ni
lumière au milieu de ses chefs-d'oeuvre [...] dans sa ville
ruinée et saccagé toute en plaies et en décombres. Il sent fort mauvais chez lui, il a vieilli,
il est devenu tout blanc pâle et bouffi, sâle [...] graisseux et grelotant comme un vieil avare
au milieu de ces richesses. Et je l'ai retrouvé comme avant la guerre : doux et bon, inquiet
et heureux, puéril et enfantin et par dessus tout sensible [...] J'étais tout petit tout enfant
lorsque je vis la première fois de ses tableaux dans une exposition [...] Il y avait là des
centaines de toiles; je les ai tous oublié à part les siennes qui firent sur moi une impression
extraordinaire et me charmèrent étrangement [...] Je ne le connu que longtemps après et
durant de longues années, il fut pour ainsi dire mon seul ami, le seul être qui me montra de
la sympathie, qui m'aimat peut-être durant de longues années d'isolement profond [...]". Il
évoque ensuite Verhaeren, "un homme sensible exceptionnel qui aimait et admirait Ensor
et dont l'estime et confiance restent une des grandes joies et la fierté de ma vie [...] [il]
se demandait souvent ce qui avait pu le casser. Lui si magnifiquement parti, comment
s'était-il brusquement arrêté en cours de route. Pourquoi le feu d'artifice s'était il arrêté
brusquement en cours de route [...] L'enthousiasme et l'inspiration s'était refroidi au contact
de vilenies, du mépris de toutes sortes dont on l'abreuvait [...]. Cela n'était plus comme le
grand souffle d'avant, cela avait le plus souvent, quelquechose de maladif et d'aigri, le rire
et la moquerie d'une homme bien déçu et bien triste [...] L'homme est toujours une bête
de proie terrible pour l'homme [...] L'Art seul nous console et nous donne le courage de
vivre. Les Artistes sont les meilleurs les plus sensibles et les plus doux [...] Les honnis, les
méprisés, les ridiculisés d'aujourd'hui seront les grands de demain [...] Ceux qui apportent
cette nouveauté ils le massacrent".
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Trois dessins à pleine page
au crayon noir gras, pris dans le cadre intime de la
famille : le premier représente une fillette de 2 ou 3 ans dans sa chambre d'enfant avec une
femme lavant un bébé dans un coin, le second est vraisemblablement celui de sa femme,
Rachel, dans la cuisine près d'une grande casserole, le troisième est celui de son unique
fille Madeleine âgée de quelques mois (elle est née le 15-11-1917). Ce dessin sera repris
en gravure (# Tricot n° 11).
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Trois croquis esquissés
: faucheur, couple, silhouette. Le reste du cahier est rempli de
gribouillis d'enfant.
Joint
: paysage avec arbres dénudés, non signé, 20 x 26 cm (bords déchirés, plis...).