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308.
GIONO
(Jean). Réunion de 14 lettres autographes, signées et une carte autographe, signées à Henri P
OULAILLE
. 1928-1935 ; env. 22 pages in-4
ou in-12 ; qq. défauts de papier.
600/800
Relatives à ses œuvres et à la publication de ses œuvres.
29.9.28 : “
Ce que je vous dis à vous aujourd’hui je lui ai montré sans autre but que l’amusement littéraire du moment, les cinquante premières
pages de “ Un des Beaumurgnes” et je lui ai esquissé le projet du prochain déjà ébauché “ Pastorale au Mas ”… Il y avait aussi sur ma table
des contes d’avant “ Colline ” que je revoyais sur le conseil de mes amis ; il y a là matière à deux volumes environ et “ Naissance de l’Odyssée”.
Vous venez quelquefois en Provence. Vous me ferez un bel honneur en venant à Manosque. Ma maison est la maison de l’amitié ”.
– 7.12.28 :
Je crois que je monterai à Paris vers le 5 Février, date à laquelle paraîtra “ Collines ”… Je crois qu’on peut difficilement imaginer, de Paris, ce
qu’est le fil du jour dans un petit bourg de Haute Provence, dans l’entre-jambe des collines. Heureusement il y a les collines !… Il faudra venir…
dès que la saison sera propice vous aimerez notre belle campagne, notre fausse Toscane (paraît-il) et notre air qui a des graces de couteau bien
aiguisé
” ; pet. manque à un angle. – 27.2.29 : “
Si après l’expérience de “ Colline ” c’est-à-dire maintenant on estime qu’on a fait un marché de
dupe, il n’y a qu’à résilier pour le surplus, tout bonnement ! Je ne suis ni homme de lettres, ni homme d’affaire. On déchire et c’est fini… moi je
resterai bien tranquille dans mon trou à continuer d’écrire pour l’amusement de trois ou quatre ou six copains… Je dis à Tisné qu’il me donne
une réponse avant l’envoi de “ Baumurgnes ” à la N.R.F. ”.
– 21.9.30 : “
Me voilà bien embêté : je reçois des N
OUVELLES
L
ITTÉRAIRES
des lettres
me demandant L
E
S
ERPENT D
’É
TOILES
… Rendez-moi service ! Permettez-moi de donner le S
ERPENT
aux N
OUVELLES
.
– 27.9.30 : “
Oui je vous donne
le
DRAME DES
B
ERGERS
et le M
ANOSQUE
. Le Manosque va partir. Le
DRAME
vous l’aurez avec un passage
INÉDIT
même dans le livre ”.
– 4.10.30 : “
Je
reçois une invraisemblable lettre de Gilbert de Voisins qui
M
ACCUSE
d’avoir copié et
VOLÉ
le début de R
EGAIN
sur un livre récent que je ne connais
pas. Où il y a paraît-il une E
SPAGNOLE
qui perd son
MARI
et son
FILS
en P
ROVENCE
(c’est lui qui souligne). J’en reste rond comme la lune ! Je lui ai
écrit R
EGAIN
était fin prêt depuis 4 ans et il y a plus d’un an que le pr. Wecholer de Berlin a le manuscrit amicalement prêté par moi ”.
– 15.10.30 :
que puis-je faire ici ? J’écris, voilà tout. Ne soyez pas trop sur moi… Ah ! si c’était à refaire comme j’aimerais mieux faire des souliers ou des
saucissons ! ”.
– 24.10.30 : “
Tout ce que vous me dites de R
EGAIN
me fait un bien infini car je peux vous rassurer : le tournant dangereux est passé
depuis longtemps et depuis longtemps je roule sur la route droite pas au delà. La poësie de R
EGAIN
est
VOULUE
et quant à la ressemblance avec
les deux autres il ne faut pas oublier que c’est le dernier livre de la trilogie, que le premier a montré la
DURETÉ
de la terre, le second l’
HUMANITÉ
de la terre, le troisième en montre la
POËSIE
le bain de poësie dans lequel
SEUL
l’homme peut gagner. Mais je suis d’accord avec vous, il fallait
s’arrêter là, c’est fait… Songez qu’il y a le
GRAND
TROUPEAU
après ça et ça ce n’est pas de la poësie je vous prie de le croire… P.S. N
OS
paysans
parlent comme ceux de R
EGAIN
EXACTEMENT
”. – 30.4.31 : “
Il n’y a plus de Giono si c’est ça que vous voulez, ça va être beau de bouger des forces
d’éléphant pour écraser une puce . Vous avez trop l’habitude de vivre au milieu des rusés et des malins et vous croyez que tous autour de vous
sont des rusés et des malins. Il y a des imbéciles aussi. J’en suis
”.
1935 : “
Tu as écrit un beau grand livre qui fera du bon travail. C’est vivant.
C’est nourri et riche. C’est vrai, et tu as tiré de ce fonds que tu connais mieux que
N
IMPORTE
QUI
la grande chose humaine sans
CONSTIPATION
.
Je déteste de plus en plus les
CONSTIPÉS
qui nous chient de petites crottes léchées, drageotées, populiste à la poudre de sucre, pleins d’ordre, de
mesures de petites distillations. Par goût personnel j’aime mieux les grands ruisseaux avec toutes les érosions et les dévallements de la cavalcade
des choses vivantes
”. – Joint une carte autographe, signée de Madame Giono.
309.
GRAVURES DU XIX
E
SIÈCLE.
Réunion de 14 pièces diverses, in-8 ou in-12.
50/80
Retirage du XIX
e
siècle de 2 gravures de
Rembrandt
et 12 vues d’Écosse. – Joint une reproduction en couleurs de
C. Vernet.
310.
HUTTON
(Barbara). Beau portrait photographique par Dorothy W
ILDING
, signé ; 19 x 25 cm env.
400/500
Cette photographe “ mondaine ” était spécialisé dans les portraits des personnages importants de la Haute Société. Elle est surtout connue, pour
ses clichés “ retouchés ” effaçant les rides, les défauts du visage “ pour réparer du temps l’irréparable outrage ”.
311.
JACOB
(Max). Réunion de 6 lettres autographes, signées et une carte autographe signée dont 4 à Henry P
OULAILLE
, 1926 et 1937 ; 9 pages ½
in-12 ou in-4 ; une enveloppe jointe.
600/800
Vous m’aviez accusé réception de Chaplin. J’aimerais que vous m’envoyiez des épreuves
”. – “
Le livre que vous m’avez fait l’honneur de
m’envoyer
[Le Pain Quotidien]
n’est pas seulement un livre de vérité, c’est un poëme épique. Un poëme de douleurs. Vous l’avez écrit avec
cette compassion qui fait les grandes œuvres, avec ce sens de
L
HUMAIN
qui fait de vous un romancier unique. Vos êtres sont compliqués comme
l’homme même et réussissent à jamais ne paraître tels : ils sont bons et mauvais comme nous. Ils sont taillés dans la pierre ce qui fait d’eux des
personnages d’épopée et on les aime parce qu’ils saignent et pleurent comme le Christ lui-même
”. – “
M’envoyer vos deux autres livres ! Mais je
crois bien ! Je les attends avec impatience et avec espoir… Mes confrères ne me gâtent pas de paroles affectueuses : c’est vous dire combien les
vôtres m’ont touché… Je crois que vous êtes un des
VRAIS
talents de cette époque – Tout de même j’ai trente ans de Beaux-Arts et je m’y connais
un peu en homme et en œuvre (Pardonnez-moi cette petite crise d’orgueil. Pour ce qui est de Charlie Chaplin je me demande ce que je pourrai
écrire, mais j’écrirai sûrement quelque chose puisque cela vous fait plaisir… Inscrivez-moi donc parmi la collaboration
”. – “
On lit rarement
des œuvres aussi profondément humaines que les vôtres. La plupart de nos confrères voient l’humanité de haut, et choisissent des effets qu’ils
grossissent et disposent, suivent avec plus ou moins d’intelligence les conséquences de caractères inventés souvent pour faire naître une intrigue,
une action. Chez vous l’humanité entière est ce héros, une humanité qui sent la sueur, le rire, les larmes. L’atmosphère où se meut cette humanité
est une d’amour. Je lis entre chaque ligne : “ mes frères, les hommes ! ” Qu’il y a de bonté dans tout cela, de vraie charité ! Et rien ici ne porte
à la sensiblerie bébête : tout est pensé noblement : vos contes sont étranges souvent mais d’une étrangeté étrange comme la vie est étrange !
L’artiste ne cède pas un millimètre de terrain à l’homme… J’ai été terrifié par cette admirable épopée : “ Ils étaient quatre”. Par qu’elle
audace avez-vous osé attaquer ce sujet formidable ! L’idée de vivre avec des hommes enterrés vivants le temps d’écrire leur mort me semble
insupportable… Nous vivons une grande épopée littéraire et vous en êtes l’ornement le plus pathétiquement humain ”. – À Pierre Lagarde :
“ Pension Ty-Mad. Tréboul… “ Incitez-nous à la pitié envers tous les hommes ! Incitez les poëtes à l’Humanité. Merci de vos paroles d’amour et
de paix. Le Seigneur préfère sûrement vos exemples aux bigoteries verbales de tant de Chrétiens bourgeois… Peut-être connaissez vous Filibuth :
le tableau d’une famille de concierges en 300 pages ? ou Cinématoma-mémoires de gens de toutes classes ? Mais vous avez raison ! Tout cela
était plein de manières. L’esprit populiste n’y était pas assez chrétiennement… P.S. J’habitais quai aux Fleurs et Philippe habitait quai d’Anjou.
Nous étions amis et je montais le soir en voisin il écrivait entre deux livres ouverts un Mallarmé et un Dostoïewsky. C’était en 98 ou 99… Francis
Jammes et lui nous semblaient uniques. Nous aimions aussi Claudel
”. - 27 Juin 37. S
t
-Benoit-sur-Loire : “
Je ne vous savais pas si âgé, me dit
Edmond Haraucourt qui a 96 ans quand on me présente – Je ne vous savais pas si jeune, lui ai-je répondu. À propos d’échos, il en a paru un
dans les N
lles
Littéraires sur les morceaux choisis et ma rencontre gênée au ciel avec Victor H… – Le livre de Cocteau
[Les Chevaliers de la Table
Ronde]
est très chef-d’œuvre en ceci qu’il écrit mieux que Chateaubriant. Il n’est lisible dans un Journal mais très admirable en livre. Quant
aux ovations des nègres de Honolulu je me demande ce que les geishas peuvent comprendre à sa littérature en traduction ou autrement – ou le
Consul de France à Hong-Kong (je connais les Consuls) ”.
Joint un portrait de Max Jacob gravé sur bois par Antoine Galien.
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