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Pierre BOUGUER
(1698-1758) mathématicien, physicien, hydrographe et astronome. L.A.S., Quito
1
er
mai 1742, à Charles-Marie de La Condamine à Quito ; 2 pages et demie in-4, adresse. 1 000/1 500
Intéressante lettre sur leur mission scientifique à l’Équateur, dénigrant le directeur de
l’expédition Louis Godin. [Il s’agissait de mesurer un arc de méridien à proximité de l’Équateur, pour vérifier
l’hypothèse de Newton selon laquelle la Terre n’est pas une sphère parfaite.]
Sans attendre de nouvelles de ses expériences de ce matin, et se fondant sur la succincte relation verbale de La
Condamine, Bouguer livre son jugement : « Le procès se trouve entierement terminé au sujet de l’obliquité de
l’écliptique ; […] il n’y a point d’équation à appliquer à notre détermination particuliere. Le compas à verge mis de
plat horizontalement se trouve de même longueur que lorsqu’on le place verticalement : par consequent le rayon
du secteur a été determiné précisement avec la même mesure que la corde, et il n’y a point eu d’erreur dans nos
opérations. Vous direz, peut-être, que la petite partie excedente des 12 pieds sur le rayon a été discutée sur la toise
de fer qui étoit differente de la longueur du compas : mais quand même cette derniere diff
ce
eut eté d’une ligne au
lieu qu’elle n’a jamais eté d’un cinquieme de ligne, elle ne produiroit aucune altération sensible dans le cas présent.
Car une ligne est la 864
me
partie d’une toise et une erreur proportionnelle sur le petit excès n’est d’aucun
moment
puisqu’elle n’est pas de 1/500 de ligne. M. Godin seroit sans doute peu disposé à admettre un si étrange paradoxe,
luy qui s’est applaudi pendant trois ou quatre ans de sa remarque triviale sans voir qu’elle ne faisoit rien au sujet
et que tout dependoit de sçavoir si le compas lorsqu’il mesuroit la corde, étoit de même longueur que lorsqu’il
mesuroit le rayon. Comme les deux faits n’ont rien de contraire, celuy que M
r
Godin s’est rejoüi d’avoir découvert,
et l’autre que vous avez vérifié ce matin, on pouroit garder un profond silence. Cependant il vaut mieux pour
une plus grande justification de la vérité […] luy faire constater le dernier fait, mais sans luy ouvrir les yeux sur
les consequences ; vous me permettrez de mettre cette condition. Un homme qui respecte aussi peu les droits de
la vérité que ceux de la justice, en prenant le contrepied de la raison dans toutes ses disputes, ne peut pas trouver
mauvais qu’on le laisse se repaitre de sophismes puisqu’il aime à en faire sa nourriture ordinaire »…