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108.
François TALMA
(1763-1826) tragédien. L.A.S. (paraphe), Dresde 2 août 1813, à Madame Bazire à
Paris ; 1 page et demie in-4, adresse avec marque postale
Grande Armée
.
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Très belle lettre à sa maîtresse, écrite depuis Dresde, où Napoléon, qui espérait alors conclure l’armistice,
avait appelé auprès de lui les meilleurs acteurs de la Comédie Française pour divertir les souverains invités.
« Chère amie, point encore de nouvelles de toi ! Cela me tuera la tête. Je vois tout le monde ici recevoir des lettres
de Paris, et je suis le seul à m’inquiéter, à me tourmenter de n’en point recevoir. J’espere pourtant que tu auras recu
toutes mes lettres […] Chère amie, je ne suis occupé que de toi ici. Tu es ma seule pensée et mon seul plaisir. Tu peux
bien à tous les momens de la journée te dire que je pense à toi sans craindre de te tromper souvent. Ce pays ci ne me
seroit pas tout à fait désagreable si je t’avois auprès de moi. Mais je sens plus que jamais, mon ange, que je ne puis
avoir de contentement et d’existence qu’avec toi. J’ignore encore, mon amie, quand nous pourrons partir d’ici. Il n’y
a rien même qui puisse donner lieu à des présomptions quelconques. Je suppose bien que nous passerons une partie
au moins du mois d’août ici ! et tant de temps passé sans toi ! c’est un temps effacé de ma vie. Je vais avec Michot
et Baptiste passer aujourd’hui la journée à la campagne. J’y vais mon ange, rêver à toi, je tacherai de me persuader
que je suis à Brunoi avec ma Caroline, ou du moins cela me rappelera les momens que j’y ai passés et me fera jouir
en espoir de ceux que j’y dois passer encore. Avant de me mettre en voiture, j’ai voulu t’écrire un petit mot pour te
répéter pour la millieme fois que je t’aime à l’adoration. […] tous les jours, tous les instans de ma vie ici sont à toi,
sont pour toi. Adieu, ange à moi, adieu, je couvre de mes baisers ton joli visage, auquel je ne peux pas penser sans que
mon cœur batte avec violence. Adieu, adieu, sois sage ! Sois sage ! Tu me ferois mourir ! »
109.
Auguste VESTRIS
(1760-1842) danseur et chorégraphe. L.A.S., Paris 13 octobre 1827, au vicomte de
La Rochefoucauld ; 1 page in-4, adresse.
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« Mon fils étant de retour de Londres, je désirerais avoir l’honneur de vous faire une demande relativement à
lui », et il demande « la faveur d’un moment d’audience »…
110.
Giovanni Battista VIOTTI
(1753-1824) violoniste et compositeur. L.A.S., Londres 28 février 1820,
[au baron de La Ferté] ; 3 pages et demie in-4 (portrait gravé joint).
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Belle lettre du directeur de l’Opéra en congé.
Sa lettre reçue la veille lui a fait très plaisir : « Une lettre de quelqu’un qu’on aime déjà et qu’on veut aimer encore
davantage, est une chose qui donne une bien grande satisfaction ! »
Il le remercie pour ses mots aimables : « Et les deux petits mots de
reproche ? … Ah ceux là sont charmants et mon cœur a su en sentir
toute la délicatesse ». Il regrette que « ces malheureux
personnels
» de
l’Opéra tombent tous malades en même temps, et que son absence
mette dans l’embarras l’administration. Il se dépêche pour mettre en
ordre ses affaires, et que tout le monde sera remis à son retour, « que
Mesdames Fodor et Ronzi ne seront plus de mauvaise humeur. C’est
une bonne décision que celle d’avoir remis cette pomme de discorde,
cette
Gaza ladra
. Je l’avois promise à la première en renouvelant
son engagement, et la seconde, à ce qui me parait, a bien envie de
m’en arracher les yeux ! – Je ne veux point pourtant m’alarmer là
dessus, car je lui dirai que j’en ai besoin pour admirer ses contours
renaissants, après ses couches. – Mon frère me mande que l’opera,
à
cause de l’horrible catastrophe
, n’ouvrira qu’après Pâques. Il n’y aura
donc pas de concert non plus ? »… Il pourrait alors consacrer « sans
scrupule » ses deux mois de congé à son travail… Il a fait ses deux
commissions : « Quant aux oiseaux, j’ai consulté le genre féminin,
qui m’a conseillé d’en acheter deux au lieu d’un. […] On m’en demandoit partout huit ou neuf guinées pour un
seul, les deux ensemble ne m’en coutent que quatre, à cause que l’un n’avoit que les belles plumes et l’autre que les
belles couleurs ». Mais il gardera pour lui-même « ces charmantes bêtes » si elles ne le satisfont pas…