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29.
Jean-Dominique INGRES
(1780-1867) peintre. L.A.S., Florence 6 avril 1822, au comte Auguste de
Forbin ; 1 page in-4 (portrait lithographié par Julien joint).
2 000/2 500
Très belle lettre sur ses tableaux en cours, dont Le Vœu de Louis XIII.
« Je suis extrêmement désapointé sur le projet que j’avais conçu de terminer pour le Salon de cette année le
tableau que S. E. le Ministre de l’intérieur m’ordonna pour l’église Cathédrale de Montauban ma ville natale,
dont le sujet est le vœu de Louys XIII ». Il comptait arriver à Paris avec ce tableau, « mais la nécessité imperieuse
de faire marcher d’autres ouvrages ensemble m’a occasionné ce chagrin ». Il espère que « comme artiste, et chef
des arts » il voudra bien l’excuser, et « que vous me conserviés votre honorable bienveillance. J’espere aussi que
des efforts nouveaux pourront la mériter me faisant toujours l’élève du beau et du bon, qualités qui ont paru me
distinguer dans votre esprit et avec lesquelles vous m’avez toujours encouragé et animé »… Il a entendu dire que
le comte viendrait passer l’hiver prochain à Rome : « Je voudrois être assés heureux, si vous passés par Florence
de vous y revoir et dans mon atelier, où entrautres ouvrages est le petit tableau de la Chapelle Sixtine dont vous
remarquates l’ébauche à Rome, je l’ai terminé de mon mieux, et serois très désireux de savoir s’il n’a pas perdu
de ce que vous en éspériez »… Ayant malheureusement manqué le Salon de cette année et ne souhaitant rien y
exposer, il le prie de veiller à ce que l’on refuse « tout ce que l’on presenteroit de peint ou dessiné par moi »…
30.
Jean-Baptiste ISABEY
(1767-1855) peintre et miniaturiste. L.A.S., [1827 ?], au comte Auguste de
Forbin, directeur général des Musées ; 2 pages in-8, adresse (portrait gravé joint).
400/500
En faveur des tableaux de son fils Eugène au Salon.
« Je conçois le reproche qu’on pourra faire ; pourquoi a t on laisser entrer Mr Isabey au Salon ! Helas, une vieille
habitude de 30 ans en est la cause. C’est pour ne pas initier les étrangers dans cette faveur que je n’ay recours à
d’autres recommandations qu’à la mienne près de vous. […] la bienveillance que vous portez à mon fils vous
portera à excuser un père qui parle en sa faveur. – Mon fils ignore la liberté que je prends, il ignore meme la
faveur qui m’a été accordée. Vous avez paru dans le tems satisfait de son tableau d’un homme à une croisée. C’est
un tableau de chevalet qui devroit etre dans l’ordre
à auteur de la balustrade
, et les bustes grand comme nature au
dessus. Je ne parle pas des portraits, de Roi de Reine Dieu me garde. […] Quant à son grand tableau il est dans la
travé que vous lui avez designé mais tout à fait dans le fond, dans l’angle le plus obscur… – il en est encore tems,
personne n’a vu la place qui lui est destinné ! »…
31.
Romain-Vincent JEUFFROY
(1749-1826) graveur et médailleur. L.A.S. comme « Graveur des pierres
fines, et médailles, membre de l’academie Royale des beaux arts », Paris 29 octobre 1817, à un comte ;
1 page in-fol.
700/800
Belle lettre. Il rappelle qu’après l’avènement de Louis XVI, le Comte d’Angiviller encouragea les artistes à
se livrer à la gravure sur pierres fines, un art délaissé en France depuis plusieurs siècles, et promit protection et
récompense à ceux qui sauraient se distinguer et surpasser les Italiens, alors maîtres en la matière. C’est ce qui
le décida lui-même à se lancer dans cette entreprise : « J’ai pris pour me guider dans cette carriere, les beaux et
inimitables ouvrages des Grecs, que le tems n’a pû détruire, nourri de leurs principes que je n’ai cessé de méditer
profondément, je crois avoir deviné leurs procédés d’exécutions. Plus de dix années de séjour, tant à Naples qu’à
Rome, m’ont acquis une réputation »… À son retour en France, le Duc d’Harcourt le chargea de graver sur
cornaline le portrait du premier Dauphin que ce dernier souhaitait offrir à la Reine, le 1
er
janvier 1788 : « Cette
bague passa au doit du Roy, et fût depuis déposée au cabinet de la Bibliothèque Royale, où elle est encore »…
Satisfait de son travail, le Comte d’Angiviller, décédé entre temps, lui avait promis de solliciter auprès du Roi la
création de la place de premier Graveur du Roi et le Cordon de St Michel en guise de récompenses… Il prie le
comte d’intervenir auprès du Roi afin que ces promesses soient tenues…
On joint son portrait dessiné par Jules Boilly (1796-1874), dessin original à la mine de plomb,
signé sur la droite (23 x 18 cm).