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Un volume aussi impressionnant par sa taille qu’énigmatique par son contenu
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Divertissement des princes et seigneurs de la cour de France.
P. Bellenger.
Sans lieu ni date
[France, vers 1740].
Très fort in-4 de (2000) ff. environ (épaisseur : 24 cm) : cuir de Russie brun, dos lisse et plat portant en grosses lettres dorées
le titre, triple filet doré encadrant les plats, fleur de lys dorée au centre, tranches rouges, traces de lacets
(reliure de l’ époque)
.
Un “livre muet” : ce curieux volume de deux mille feuillets environ renferme, au milieu du recto de chaque feuillet, une
inscription manuscrite indiquant un chiffre romain uniquement constitué de X et de I. Cette suite ne paraît obéir à aucune
logique sérielle.
Peu d’éléments tangibles, sinon le titre inscrit en grandes lettres dorées sur le dos : “Divertissement des princes et seigneurs de
la cour de France” et, en pied, le nom d’un certain P. Bellenger.
Enfin, sur le dernier feuillet, six permissions accordées à l’auteur en 1745 dans des villes de Bourgogne, Dijon, Auxerre, etc.
Le jeu consistait-il à ouvrir le volume au hasard et à déterminer un gain ou une perte en fonction du chiffre trouvé ? Le volume
était sans doute emporté par un démonstrateur itinérant (peut-être P. Bellenger) qui, de foires en marchés, invitait les passants
à jouer. Les différentes permissions accordées cette année 1745 le laissent penser. Quant au titre assez ronflant
(Divertissement
des princes et seigneurs de la cour de France)
, il paraît plus destiné à convaincre les quidams qu’il s’agit du dernier jeu à la mode
à la Cour que d’une réalité.
Par son étrangeté et sa forme, il s’agit de l’un des plus séduisants volumes de la collection Morin.
Le volume a appartenu au bibliophile tourangeau
Victor Luzarche
(catalogue I, 1868, nº 1863 : “Ce volume est une espèce de
combinaison monogrammatique formée de plus de 2000 feuillets, dont les uns sont restés blancs et les autres ne contiennent
autre chose qu’un nombre en chiffres romains entrelacés et placés isolément au milieu des pages. Il serait bien difficile de
découvrir l’application exacte de ces nombres uniformes à un jeu quelconque. Et cependant l’inventeur de ce grimoire, fait à
la main, semble avoir fort diverti la cour et la ville, comme l’attestent le titre pompeux qu’il a donné à son énorme volume, et
les 4 permissions authentiques dont on peut lire l’énoncé sur l’une des gardes, et qui lui furent octroyées dans quelques villes
de la Bourgogne, etc.”).
2 000 / 3 000
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